Évangile de la Nativité 2

Extraits…

 
Écrits Apocryphes
   

…Et parmi vos chefs, qui a été plus fort que Samson ou plus saint que Samuel ? Et cependant n’eurent-ils pas tous les deux des mères stériles ? Si donc la raison ne te persuade point par mes paroles, crois à la force des exemples qui montrent que les conceptions longtemps différées et les accouchements stériles n’en sont d’ordinaire que plus merveilleux. Ainsi, ta femme Anne enfantera une fille, et tu la nommeras Marie, et vous la consacrerez au Seigneur dès son enfance, comme vous en avez fait le vœu, et elle sera remplie du Saint-Esprit, même dès le sein de sa mère. Elle ne mangera ni ne boira rien d’impur ; elle n’aura aucune société avec la foule du peuple au dehors ; mais elle demeurera dans le temple du Seigneur, de peur qu’on ne puisse soupçonner ou dire quelque chose de désavantageux sur elle. C’est pourquoi, en avançant en âge, comme elle-même doit naître d’une mère stérile, de même cette Vierge incomparable engendrera le Fils du Très-Haut qui sera appelé Jésus et sera le sauveur de toutes les nations selon l’étymologie de ce nom. Et voici le signe que tu auras des choses que je t’annonce. Lorsque tu arriveras à la porte d’or qui est à Jérusalem, tu y trouveras Anne ton épouse, Anne qui viendra au-devant de toi, laquelle aura tant de joie de te voir qu’elle avait eu d’inquiétude de ton absence. » Après ces paroles, l’Ange s’éloigna de lui…

4.
Ensuite il apparut à Anne l’épouse de Joachim, et lui dit : « Ne crains point, Anne et ne pense pas que ce que tu vois soit un fantôme. Car je suis ce même ange qui ait porté en présence de Dieu vos prières et vos aumônes, et maintenant je suis envoyé vers vous pour annoncer qu’il vous naîtra une fille, qui sera appelée Marie, et qui sera bénie entre toutes les femmes. Elle sera remplie de la Grâce du Seigneur aussitôt après sa naissance ; elle restera trois ans dans la maison paternelle pour être sevrée ; après quoi, elle ne sortira plus du temple où elle sera engagée au service du Seigneur jusqu’à l’âge de raison, servant Dieu nuit et jour par des jeûnes et des oraisons ; elle s’abstiendra de tout ce qui est impur, ne connaîtra jamais d’homme, mais seule, sans exemple, sans tache, sans corruption, cette vierge, sans commerce d’homme, enfantera le Seigneur, le Sauveur du monde par sa grâce, par son nom et par son œuvre. Lève-toi donc, va à Jésuralem, et lorsque tu seras arrivé à la porte d’or, ainsi nommée parce qu’elle est dorée, tu auras pour signe le retour de ton mari dont l’état de santé de rend inquiète. Lors donc que ces choses seront arrivées, sache que les choses que je t’annonce s’accompliront indubitablement. »

5.
Ils se confortèrent donc au commandement de l’ange et tous deux, partant du lieu où ils étaient, montèrent à Jérusalem et, lorsqu’ils furent arrivés à l’endroit désigné par la prédiction de l’ange, ils s’y trouvèrent l’un face à l’autre. Alors, joyeux de se revoir mutuellement et rassurés par la certitude de la race promise, ils rendirent grâces comme ils le devaient au Seigneur qui élève les humbles. C’est pourquoi, ayant adoré le Seigneur, ils retournèrent à leur maison où ils attendirent avec confiance et avec joie la promesse divine. Anne conçut donc, et elle mit au monde une fille, et suivant le commandement de l’ange, ses parents l’appelèrent du nom de Marie…

7.
…Alors le grand prêtre annonça publiquement que les vierges que l’on élevait avec soin dans le temple et qui avaient cet âge accompli eussent à s’en retourner chez elles pour se marier selon la coutume de la nation et la maturité de l’âge. Les autres ayant obéi à cet ordre avec empressement, la vierge du Seigneur, Marie, fut la seule qui répondit qu’elle ne pouvait agir ainsi, et elle dit : « Que non seulement ses parents l’avaient vouée au service du Seigneur, mais encore qu’elle avait consacré au Seigneur, sa virginité qu’elle ne voulait jamais violer en habitant avec un homme. » Le grand prêtre fut dans une grande anxiété, car il ne pensait pas qu’il fallût enfreindre son vœu (ce qui serait contre l’Ecriture qui dit : « Vouez et rendez »), ni qu’il fallût se hasarder à introduire une coutume inusitée chez la nation ; il ordonna que tous les principaux de Jérusalem et des endroits voisins se trouvassent à la solennité prochaine, afin de savoir par leur conseil ce qu’il y avait à faire dans un cas si douteux. Ce qui ayant été fait, l’avis de tous fut qu’il fallait consulter le Seigneur sur cela. Tout le monde se mit donc en oraison, et le grand prêtre selon l’usage se présenta pour consulter Dieu. Et sur-le-champ tous entendirent une voix qui sortit de l’oracle et du lieu de propitiation, disant qu’il fallait, suivant la prophétie d’Isaïe, chercher quelqu’un à qui cette vierge devait être confiée et donnée en mariage. Car on sait qu’Isaïe dit : « Il sortira une vierge de la racine de Jessé, et de cette racine s’élèvera une fleur sur laquelle se reposera l’esprit du Seigneur, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de piété, et elle sera remplie de l’esprit de la crainte du Seigneur. » Le grand prêtre ordonna donc, d’après cette prophétie, que tous ceux de la maison et de la famille de David qui seraient nubiles et non mariés apportassent chacun une baguette sur l’autel, car l’on devait confier et donner la vierge en mariage à celui dont la baguette, après avoir été apportée, produirait une fleur, et au sommet de laquelle l’esprit du Seigneur se reposerait sous la forme d’une colombe.

8.
Il y avait parmi les membres de la maison et de la famille de David, un homme fort âgé nommé Joseph, et pendant que tous portaient leur baguette selon l’ordre donné, lui seul cacha la sienne. C’est pourquoi, rien n’ayant apparu de conforme à la voix divine, le grand prêtre pensa qu’il fallait de nouveau consulter Dieu, et le Seigneur répondit que celui qui devait épouser la vierge était le seul de tous ceux qui avaient été désignés qui n’eût pas apporté sa baguette. Joseph fut découvert. Car lorsqu’il eut apporté sa baguette et qu’une colombe, venant du ciel, se fut reposée sur son sommet, il fut évident pour tous que la vierge devait lui être donnée en mariage. Ayant donc célébré les fiançailles selon l’usage accoutumé, il se retira dans la ville de Bethléem pour mettre ordre dans sa maison et pourvoir aux choses nécessaires pour les noces. Mais la vierge du Seigneur, Marie, avec sept autres vierges de son âge et sevrées avec elle, qu’elle avait reçues du prêtre, s’en retourna en Galilée dans la maison de ses parents.

9.
Or, en ces jours-là, c’est-à-dire au premier temps de son arrivée en Galilée, l’ange Gabriel lui fut envoyé de Dieu pour lui annoncer qu’elle concevrait le Seigneur et lui exposer la manière et l’ordre de la conception. Etant entré vers elle, il remplit la chambre où elle demeurait d’une grande lumière, et, la saluant avec une très grande vénération, il lui dit :
« Je te salue, Marie, vierge du Seigneur, très agréable à Dieu, pleine de grâce ; le Seigneur est avec toi ; tu es bénie par-dessus toutes les femmes, tu es bénie par-dessus tous les hommes nés jusqu’à présent. » Et la vierge qui connaissait déjà bien les visages des anges, et qui était accoutumée à la lumière céleste, ne fut point effrayée de voir un ange, ni étonnée de l’éclat de la lumière, mais son seul discours la troubla, et elle se demanda qu’elle pouvait être cette salutation si extraordinaire, ce qu’elle signifiait ou quelle fin elle devait avoir. L’ange, divinement inspiré, allant au-devant de cette pensée, lui dit : « Ne crains point, Marie, comme si je cachais par cette salutation quelque chose de contraire à ta chasteté. Car quoique vierge, tu concevras sans péché et tu enfanteras un fils. Celui-là sera grand, parce qu’il dominera depuis la mer jusqu’à la mer, et depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. Et il sera appelé le fils du Très-Haut, parce qu’en naissant humble sur la terre, il règne élevé dans le ciel. Et le Seigneur lui donnera le siège de David, son père, et il régnera à jamais dans la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. Il est lui-même le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, et son trône subsistera dans les siècles des siècles. » La vierge crut à ces paroles de l’ange, mais, voulant savoir la manière, elle répondit : « Comment cela pourra-t-il se faire ? Car puisque, suivant mon vœu, je ne connais point d’homme, comment pourrai-je enfanter sans cesser d’être vierge ? »
A cela, l’ange lui dit : « Ne crois pas, Marie, que tu doives concevoir d’une manière humaine. Car sans avoir de rapport avec aucun homme, tu concevras en restant vierge ; vierge du enfanteras, vierge tu nourriras. Car le Saint-Esprit surviendra en toi et la vertu du Très-Haut te couvrir de son ombre contre toutes les ardeurs de l’impureté. Car tu as trouvé grâce devant le Seigneur, parce que tu as préféré la chasteté. C’est pourquoi ce qui naîtra de toi sera seul saint, parce que seul il aura été conçu et né sans péché, et il sera appelé le fils de Dieu. » Alors, Marie, étendant les mains et levant les yeux, dit : « Voici la servante du Seigneur (car je ne suis pas digne du nom de maîtresse) : qu’il me soit fait suivant ta parole » (Luc 1-38).

10.
Joseph donc venant de la Judée dans la Galilée, avait l'intention de prendre pour sa femme la vierge avec laquelle il était fiancé. Car trois mois s'étaient déjà écoulés, et le quatrième approchait depuis le temps que les fiançailles avaient été célébrées. Cependant le ventre de la fiancée grossissant peu à peu, il commença à se manifester qu'elle était enceinte, et cela ne put être caché à Joseph. Car entrant auprès de la vierge plus librement comme étant son époux, et parlant plus familièrement avec elle, il s'aperçut qu'elle était enceinte. C'est pourquoi il commença à avoir l'esprit agité et incertain, parce qu'il ne savait ce qu'il avait à faire. D'un côté, il ne voulut point la dénoncer, parce qu'il était juste, de l'autre, la diffamer par le soupçon de fornication, parce qu'il était pieux. C'est pourquoi il pensait rompre son mariage secrètement et à la renvoyer en cachette. Comme il avait ces pensées, voici que l'ange du Seigneur lui apparut en songe, disant : « Joseph, fils de David, n'aie aucune crainte, et ne conserve aucun soupçon de fornication contre la vierge, et ne pense rien de désaventageux à son sujet, et n'hésite point à la prendre pour femme. Car ce qui est né en elle et qui tourmente actuellement ton esprit, est l'œuvre non d'un homme, mais du Saint-Esprit. Car seule entre toutes les vierges, elle enfantera le fils de Dieu, et tu l'appelleras du nom de Jésus, c'est-à-dire Sauveur, car c'est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés. » Joseph, se conformant au précepte de l'ange prit donc la vierge pour femme ; cependant il ne la connut pas, mais il garda avec elle une exacte continence. Et déjà le neuvième mois depuis la conception approchait lorsque Joseph, ayant pris sa femme et les autres choses qui lui étaient nécessaires, s'en alla à la ville de Bethléem d'où il était. Or, il arriva, lorsqu'ils y furent, que le terme étant accompli, elle enfanta son premier-né, comme l'ont enseigné les saints évangélistes, Notre Seigneur Jésus-Christ, qui, étant Dieu avec le Père, le Fils et l'Esprit-Saint, vit et règne dans tous les siècles des siècles.