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Et
parmi vos chefs, qui a été plus fort que Samson
ou plus saint que Samuel ? Et cependant neurent-ils
pas tous les deux des mères stériles ?
Si donc la raison ne te persuade point par mes paroles,
crois à la force des exemples qui montrent que les
conceptions longtemps différées et les accouchements
stériles nen sont dordinaire que plus
merveilleux. Ainsi, ta femme Anne enfantera une fille, et
tu la nommeras Marie, et vous la consacrerez au Seigneur
dès son enfance, comme vous en avez fait le vu,
et elle sera remplie du Saint-Esprit, même dès
le sein de sa mère. Elle ne mangera ni ne boira rien
dimpur ; elle naura aucune société
avec la foule du peuple au dehors ; mais elle demeurera
dans le temple du Seigneur, de peur quon ne puisse
soupçonner ou dire quelque chose de désavantageux
sur elle. Cest pourquoi, en avançant en âge,
comme elle-même doit naître dune mère
stérile, de même cette Vierge incomparable
engendrera le Fils du Très-Haut qui sera appelé
Jésus et sera le sauveur de toutes les nations selon
létymologie de ce nom. Et voici le signe que
tu auras des choses que je tannonce. Lorsque tu arriveras
à la porte dor qui est à Jérusalem,
tu y trouveras Anne ton épouse, Anne qui viendra
au-devant de toi, laquelle aura tant de joie de te voir
quelle avait eu dinquiétude de ton absence. »
Après ces paroles, lAnge séloigna
de lui
4.
Ensuite il apparut à Anne lépouse de
Joachim, et lui dit : « Ne crains point,
Anne et ne pense pas que ce que tu vois soit un fantôme.
Car je suis ce même ange qui ait porté en présence
de Dieu vos prières et vos aumônes, et maintenant
je suis envoyé vers vous pour annoncer quil
vous naîtra une fille, qui sera appelée Marie,
et qui sera bénie entre toutes les femmes. Elle sera
remplie de la Grâce du Seigneur aussitôt après
sa naissance ; elle restera trois ans dans la maison paternelle
pour être sevrée ; après quoi, elle
ne sortira plus du temple où elle sera engagée
au service du Seigneur jusquà lâge
de raison, servant Dieu nuit et jour par des jeûnes
et des oraisons ; elle sabstiendra de tout ce qui
est impur, ne connaîtra jamais dhomme, mais
seule, sans exemple, sans tache, sans corruption, cette
vierge, sans commerce dhomme, enfantera le Seigneur,
le Sauveur du monde par sa grâce, par son nom et par
son uvre. Lève-toi donc, va à Jésuralem,
et lorsque tu seras arrivé à la porte dor,
ainsi nommée parce quelle est dorée,
tu auras pour signe le retour de ton mari dont létat
de santé de rend inquiète. Lors donc que ces
choses seront arrivées, sache que les choses que
je tannonce saccompliront indubitablement. »
5.
Ils se confortèrent donc au commandement de lange
et tous deux, partant du lieu où ils étaient,
montèrent à Jérusalem et, lorsquils
furent arrivés à lendroit désigné
par la prédiction de lange, ils sy trouvèrent
lun face à lautre. Alors, joyeux de se
revoir mutuellement et rassurés par la certitude
de la race promise, ils rendirent grâces comme ils
le devaient au Seigneur qui élève les humbles.
Cest pourquoi, ayant adoré le Seigneur, ils
retournèrent à leur maison où ils attendirent
avec confiance et avec joie la promesse divine. Anne conçut
donc, et elle mit au monde une fille, et suivant le commandement
de lange, ses parents lappelèrent du
nom de Marie
7.
Alors le grand prêtre annonça publiquement
que les vierges que lon élevait avec soin dans
le temple et qui avaient cet âge accompli eussent
à sen retourner chez elles pour se marier selon
la coutume de la nation et la maturité de lâge.
Les autres ayant obéi à cet ordre avec empressement,
la vierge du Seigneur, Marie, fut la seule qui répondit
quelle ne pouvait agir ainsi, et elle dit : «
Que non seulement ses parents lavaient vouée
au service du Seigneur, mais encore quelle avait consacré
au Seigneur, sa virginité quelle ne voulait
jamais violer en habitant avec un homme. » Le grand
prêtre fut dans une grande anxiété,
car il ne pensait pas quil fallût enfreindre
son vu (ce qui serait contre lEcriture qui dit
: « Vouez et rendez »), ni quil fallût
se hasarder à introduire une coutume inusitée
chez la nation ; il ordonna que tous les principaux de Jérusalem
et des endroits voisins se trouvassent à la solennité
prochaine, afin de savoir par leur conseil ce quil
y avait à faire dans un cas si douteux. Ce qui ayant
été fait, lavis de tous fut quil
fallait consulter le Seigneur sur cela. Tout le monde se
mit donc en oraison, et le grand prêtre selon lusage
se présenta pour consulter Dieu. Et sur-le-champ
tous entendirent une voix qui sortit de loracle et
du lieu de propitiation, disant quil fallait, suivant
la prophétie dIsaïe, chercher quelquun
à qui cette vierge devait être confiée
et donnée en mariage. Car on sait quIsaïe
dit : « Il sortira une vierge de la racine
de Jessé, et de cette racine sélèvera
une fleur sur laquelle se reposera lesprit du Seigneur,
lesprit de sagesse et dintelligence, lesprit
de conseil et de force, lesprit de science et de piété,
et elle sera remplie de lesprit de la crainte du Seigneur. »
Le grand prêtre ordonna donc, daprès
cette prophétie, que tous ceux de la maison et de
la famille de David qui seraient nubiles et non mariés
apportassent chacun une baguette sur lautel, car lon
devait confier et donner la vierge en mariage à celui
dont la baguette, après avoir été apportée,
produirait une fleur, et au sommet de laquelle lesprit
du Seigneur se reposerait sous la forme dune colombe.
8.
Il y avait parmi les membres de la maison et de la famille
de David, un homme fort âgé nommé Joseph,
et pendant que tous portaient leur baguette selon lordre
donné, lui seul cacha la sienne. Cest pourquoi,
rien nayant apparu de conforme à la voix divine,
le grand prêtre pensa quil fallait de nouveau
consulter Dieu, et le Seigneur répondit que celui
qui devait épouser la vierge était le seul
de tous ceux qui avaient été désignés
qui neût pas apporté sa baguette. Joseph
fut découvert. Car lorsquil eut apporté
sa baguette et quune colombe, venant du ciel, se fut
reposée sur son sommet, il fut évident pour
tous que la vierge devait lui être donnée en
mariage. Ayant donc célébré les fiançailles
selon lusage accoutumé, il se retira dans la
ville de Bethléem pour mettre ordre dans sa maison
et pourvoir aux choses nécessaires pour les noces.
Mais la vierge du Seigneur, Marie, avec sept autres vierges
de son âge et sevrées avec elle, quelle
avait reçues du prêtre, sen retourna
en Galilée dans la maison de ses parents.
9.
Or, en ces jours-là, cest-à-dire au
premier temps de son arrivée en Galilée, lange
Gabriel lui fut envoyé de Dieu pour lui annoncer
quelle concevrait le Seigneur et lui exposer la manière
et lordre de la conception. Etant entré vers
elle, il remplit la chambre où elle demeurait dune
grande lumière, et, la saluant avec une très
grande vénération, il lui dit :
« Je te salue, Marie, vierge du Seigneur, très
agréable à Dieu, pleine de grâce ; le
Seigneur est avec toi ; tu es bénie par-dessus toutes
les femmes, tu es bénie par-dessus tous les hommes
nés jusquà présent. »
Et la vierge qui connaissait déjà bien les
visages des anges, et qui était accoutumée
à la lumière céleste, ne fut point
effrayée de voir un ange, ni étonnée
de léclat de la lumière, mais son seul
discours la troubla, et elle se demanda quelle pouvait
être cette salutation si extraordinaire, ce quelle
signifiait ou quelle fin elle devait avoir. Lange,
divinement inspiré, allant au-devant de cette pensée,
lui dit : « Ne crains point, Marie, comme
si je cachais par cette salutation quelque chose de contraire
à ta chasteté. Car quoique vierge, tu concevras
sans péché et tu enfanteras un fils. Celui-là
sera grand, parce quil dominera depuis la mer jusquà
la mer, et depuis le fleuve jusquaux extrémités
de la terre. Et il sera appelé le fils du Très-Haut,
parce quen naissant humble sur la terre, il règne
élevé dans le ciel. Et le Seigneur lui donnera
le siège de David, son père, et il régnera
à jamais dans la maison de Jacob, et son règne
naura pas de fin. Il est lui-même le Roi des
rois et le Seigneur des seigneurs, et son trône subsistera
dans les siècles des siècles. »
La vierge crut à ces paroles de lange, mais,
voulant savoir la manière, elle répondit :
« Comment cela pourra-t-il se faire ? Car puisque,
suivant mon vu, je ne connais point dhomme,
comment pourrai-je enfanter sans cesser dêtre
vierge ? »
A cela, lange lui dit : « Ne crois
pas, Marie, que tu doives concevoir dune manière
humaine. Car sans avoir de rapport avec aucun homme, tu
concevras en restant vierge ; vierge du enfanteras, vierge
tu nourriras. Car le Saint-Esprit surviendra en toi et la
vertu du Très-Haut te couvrir de son ombre contre
toutes les ardeurs de limpureté. Car tu as
trouvé grâce devant le Seigneur, parce que
tu as préféré la chasteté. Cest
pourquoi ce qui naîtra de toi sera seul saint, parce
que seul il aura été conçu et né
sans péché, et il sera appelé le fils
de Dieu. » Alors, Marie, étendant les
mains et levant les yeux, dit : « Voici
la servante du Seigneur (car je ne suis pas digne du nom
de maîtresse) : quil me soit fait suivant
ta parole » (Luc 1-38).
10.
Joseph donc venant de la Judée dans la Galilée,
avait l'intention de prendre pour sa femme la vierge avec
laquelle il était fiancé. Car trois mois s'étaient
déjà écoulés, et le quatrième
approchait depuis le temps que les fiançailles avaient
été célébrées. Cependant
le ventre de la fiancée grossissant peu à
peu, il commença à se manifester qu'elle était
enceinte, et cela ne put être caché à
Joseph. Car entrant auprès de la vierge plus librement
comme étant son époux, et parlant plus familièrement
avec elle, il s'aperçut qu'elle était enceinte.
C'est pourquoi il commença à avoir l'esprit
agité et incertain, parce qu'il ne savait ce qu'il
avait à faire. D'un côté, il ne voulut
point la dénoncer, parce qu'il était juste,
de l'autre, la diffamer par le soupçon de fornication,
parce qu'il était pieux. C'est pourquoi il pensait
rompre son mariage secrètement et à la renvoyer
en cachette. Comme il avait ces pensées, voici que
l'ange du Seigneur lui apparut en songe, disant : « Joseph,
fils de David, n'aie aucune crainte, et ne conserve aucun
soupçon de fornication contre la vierge, et ne pense
rien de désaventageux à son sujet, et n'hésite
point à la prendre pour femme. Car ce qui est né
en elle et qui tourmente actuellement ton esprit, est l'uvre
non d'un homme, mais du Saint-Esprit. Car seule entre toutes
les vierges, elle enfantera le fils de Dieu, et tu l'appelleras
du nom de Jésus, c'est-à-dire Sauveur, car
c'est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés. »
Joseph, se conformant au précepte de l'ange prit
donc la vierge pour femme ; cependant il ne la connut pas,
mais il garda avec elle une exacte continence. Et déjà
le neuvième mois depuis la conception approchait
lorsque Joseph, ayant pris sa femme et les autres choses
qui lui étaient nécessaires, s'en alla à
la ville de Bethléem d'où il était.
Or, il arriva, lorsqu'ils y furent, que le terme étant
accompli, elle enfanta son premier-né, comme l'ont
enseigné les saints évangélistes, Notre
Seigneur Jésus-Christ, qui, étant Dieu avec
le Père, le Fils et l'Esprit-Saint, vit et règne
dans tous les siècles des siècles.
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