Celui qui ne se soucie pas des souffrances d'autrui n'est pas mieux qu'un meurtrier…

Sar Peladan

 

C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches…

Victor Hugo

 

Spirite

 

 
 
   

Le Spiritisme comme tout principe philosophique ou scientifique a eu sa période d'enfance, son adolescence, peut-être a-t-il atteint ou atteindra-t-il l'âge adulte mais son avenir, comme le nôtre d'ailleurs, dépendra de la solidité de l'édifice que nous bâtissons et du choix des matériaux employés.
Nous entendons quotidiennement l'expression "fin de siècle…" Nous touchons à la fin d'un cycle, à la naissance d'une nouvelle manifestation.
Sommes-nous arrivés au moment où le livre de cette époque doive se fermer ? Tout semble périr parce que tout est près de renaître. La Société souffre en ce moment d'un mal qui peut avoir des suites désastreuses :
l'anarchie dans les idées ;
et la nature humaine, livrée à elle-même sera comme un bateau sans gouvernail qui dérive, et sans boussole, elle ne pourra naviguer sur la mer houleuse des passions.
Pour éviter les écueils, elle aurait eu besoin de l'éducation et de la religion : l'éducation peut certes l'aider, mais elle le fait dans des limites restrictives, et elle n'a pas l'aide de la religion car le sentiment religieux indispensable a été étouffé par les faux concepts sur la destinée qui l'ont amenée à plonger dans le matérialisme en perdant le sens du juste et du vrai, et en se laissant dominer par l'orgueil immodéré, l'égoïsme poussé à l'excès, l'insubordination, la convoitise débridée, résultats d'une vie sans balises, les seuls repères semblant être le sexe, la violence et l'argent.
Il faudrait pourtant se souvenir que là n'est pas la voie dans laquelle l'Humanité devrait s'engager. Nous avons tous le même destin et l'orgueil de classe, l'orgueil de caste, trop souvent associés à la morgue de la richesse, ne sont que sots préjugés qui maintiennent trop souvent un fossé que ces êtres munis devraient franchir pour soulager les souffrances de ceux qui, désespérés, attendent -souvent révoltés- dans leur drame. Aux uns comme aux autres, je voudrais rappeler que richesse ou pauvreté, malheur ou bonheur ont été choisis par eux en rachat de fautes passées ; douloureuses épreuves, car, contrairement à une idée trop répandue, la richesse est aussi une épreuve dont combien sortiront grandis ?…

Méditons ce message de Raphaël tiré d'Ephphata :

« L'homme riche ne l'est que parce que Dieu a voulu qu'il le soit, car la richesse d'aujourd'hui sera la pauvreté de demain, la pauvreté d'aujourd'hui a été la richesse de jours antérieurs dont le souvenir s'est effacé de votre esprit.

O Hommes, que ne savez-vous ce qu'est la richesse !
Vous dites posséder, mais que possédez-vous ?
Vous n'êtes que les gestionnaires de cette fortune que l'on vous a confiée. Vous l'utiliserez, certes, pour vos besoins, mais il vous faudrait dispenser le superflu de vos jours à ceux qui n'ont rien.
Le faites-vous ?
Faites-vous ce geste d'offrande qui apaise la faim de ceux qui souffrent, la souffrance de ceux qui pleurent, qui comble les jours de ceux dont le dénuement est immense ?
Dépositaires, vous n'êtes que les dépositaires d'un bien dont vous avez seulement la jouissance.

Ne tirez pas orgueil de vos richesses, car, où est votre richesse ? Est-ce par l'épaisseur du blindage de vos coffres qu'on la jugera ? Est-ce dans le montant du crédit de vos comptes bancaires qu'on l'estimera ? Est-ce sur la coupe des vêtements que vous portez, griffés des meilleurs noms, ou dans le luxe somptueux des lourds bijoux et des pierres que vous offrez qu'on la verra ?
La richesse réside-t-elle dans vos multiples maisons, vos voitures luxueuses ou vos bateaux ?

Où est votre richesse ?

Non, la richesse, la vraie richesse, vous la trouverez non en ouvrant vos coffres, mais en ouvrant vos cœurs, non en la cherchant dans des monceaux d'or et de pierreries, mais en cherchant dans vos âmes, et vous serez riches de puissance et d'amour si vous savez faire ce geste qui apportera le bonheur aux autres.

Ne soyez pas esclaves de la richesse, acceptez-la comme l'instrument qui vous permettra d'œuvrer et d'agir. Ne soyez pas esclaves des biens matériels, n'exigez que le strict nécessaire de vos vies. Détachez-vous de ces biens, libérez-vous de ces contraintes matérielles.

Le ballon captif reste au sol retenu par ses entraves, mais coupez ces entraves et le ballon s'élèvera dans l'azur. Plus on jettera de lest et plus haut il montera et s'envolera léger et silencieux au-dessus de tout ce qui restera attaché au sol.
Soyez comme le ballon, coupez vos entraves et jetez ce lest, et comme lui, vous vous élèverez et vous pourrez aller plus haut.

A quoi sert de décorer des maisons d'un luxe inutile ? N'embellissez pas vos murs, embellissez vos cœurs.
Ne recherchez pas les objets précieux qui réjouiront vos yeux, recherchez les actions précieuses qui réjouiront vos âmes. Tendez vos efforts non dans ce travail inutile d'amasser des trésors, mais dans ce travail positif et valable d'offrir une fortune.

 
Le pourquoi de la vie…
 

Où est ta richesse, Homme ?

 Cherche-la au plus profond de ton être,
 dans ta foi, dans ta charité, dans ton amour,
 dans tes élans…
 
Spirite
   

Tel vit une vie de misère, cette misère sinistre qui donne aux êtres l'allure de coupables, qui donne aux maisons le nom de taudis, qui met dans l'âme la colère et la révolte, celle qui fait se culpabiliser un être parce que, pour tromper sa faim, il a pris un morceau de chocolat à un enfant, cette misère qui laisse les joues pâles et les yeux brillants, tel vit cette misère, et pourtant, si l'élan de son cœur, si la confiance de son âme le portent, il serrera dans ses bras la plus merveilleuse des richesses. Et lui qui n'a rien, saura partager avec le frère malheureux le morceau de pain dur qui fera renaître la vie.

Regardez, hommes riches, ces enfants de la misère qui, ne pouvant ouvrir leurs coffres pour y puiser de l'or, savent ouvrir leurs cœurs pour y puiser l'amour.
Regardez, hommes riches, ces enfants de la misère qui, ne pouvant offrir le luxe de leurs demeures, offrent cependant la chaleur de l'accueil.
Regardez, hommes riches, ces enfants de la misère qui, ne pouvant vivre leurs jours dans un tourbillon de plaisirs, vivent leurs heures dans un tourbillon d'élans.

Où est la richesse ?
Est-ce dans la vie de ceux qui, du haut de leurs balcons dorés, regardent, où est-ce dans le secret des demeures obscures et chaleureuses que tu la trouveras ?
Ouvrez vos cœurs. Que la charité soit votre compagne de tous les instants. Faites le geste d'offrande que la richesse permet, mais cependant, hommes riches, sachez donner, donner non pas pour prouver que vous le faites, mais donner, en vous excusant, en faisant comprendre que le débiteur de ce geste n'est point celui qui reçoit, mais celui qui donne. Agissez avec tact, car la plus belle des offrandes ne pourra se faire qu'avec le geste d'amour, sans blesser, et sans exiger en retour que les êtres secourus se prosternent à vos pieds pour vous encenser de leurs mercis. Restez, hommes riches, dans l'ombre luxueuse de vos demeures pour projeter sur les pauvres taudis la lumière d'amour, et lorsqu'enfin vous rendrez compte au Très-Haut de ce dépôt qu'il vous avait confié, si vous agissez, hommes riches, avec ce tact né des élans d'un cœur, vous pourrez, en rendant vos comptes, dire simplement :
“Oh ! Seigneur, je crois avoir fait bon usage de ce trésor que tu avais mis entre mes mains, et je t'apporte aujourd'hui l'intérêt de ce prêt : le bonheur que mes actions ont pu mettre en mon cœur…” »

De quelque côté qu'on se tourne, on voit une situation insoutenable et tout le monde est d'avis qu'il faut faire quelque chose. Mais quoi ?…
Analysons les causes de cette situation insoutenable puisqu'il y faut un remède et une fin. Le fait de créer des millionnaires et des mendiants doit avoir une fin. La crise est fonction de la maladie de l'organisme appelé "Nation" car chaque nation sait à peine contenir le nombre immense des chômeurs, des désespérés, des sans-logis. Pour préserver l'Etat de la banqueroute, pour calmer de temps en temps les mouvements convulsifs des masses, on donne au peuple des injections de morphine sous forme de rapiéçage des lois et on lui offre comme l'écrivait avec un amer mépris Juvenal aux Romains- "sa ration quotidienne de pain et de jeux", panem et circenses ! les jeux de cirque étant remplacés de nos jours par d’autres jeux, innombrables, qui ne peuvent offrir qu'argent ou débauche de cadeaux.
L'argent est encore et toujours le nerf de la guerre et aussi longtemps que cette force existera, la richesse croîtra et à côté d'elle, au centuple, la misère.
Tout le monde est d'accord pour constater que la situation politique et sociale d'aujourd'hui ne peut durer plus longtemps, mais la question est de savoir comment faire bouger les choses et ce que nous devons faire.
La réforme politique et sociale doit marcher de front avec la réforme des mœurs, mais avant de tenter une réforme sociale, il faudra d'abord éclairer les individus, parce que l'Humanité entière est composée d'individus.

Si tous les savants et esprits scientifiquement cultivés sont des incrédules, quoi d'étonnant alors si le peuple ne veut pas entendre parler de la croyance, et ce n'est ni par des sermons, ni par des prières que l'on obtiendra quelque chose, mais uniquement par la preuve de l'existence de l'âme, de l'immortalité personnelle, preuve que le Spiritisme fournit par l'expérimentation en démontrant qu'au-delà du tombeau commence une existence réelle, heureuse, infinie, sans crainte, sans terreur et sans dissolution.

Quelle différence alors entre le monde actuel, monde des traditions ineptes, des passions surchauffées, de l'égoïsme dominateur et… ce monde nouveau qui s'annonce avec sa tolérance, sa haute conception du vrai sens de la vie !

On parle beaucoup de "fraternité" ; les moralistes nous prêchent volontiers l'amour du prochain, qu'ils appellent "altruisme", mais n'est-ce pas de l'altruisme uniquement approprié aux besoins personnels de chacun, car c'est aux autres que nous réclamons la tolérance et la bonté, alors que dans nos cœurs subsistent les haines, les jalousies, les amitiés hypocrites et la pitié à fleur de peau. On essaie de trouver les bonnes volontés nécessaires à une mutation inéluctable dans notre triste monde que déchirent les haines, qu'ensanglantent les passions déchaînées, mais hélas nous voyons trop souvent, pour l'heure, la fourberie et la mauvaise foi remplacer cette bonne volonté qu'on invoque.

On parle de paix universelle alors que le sang coule sous tous les cieux et que de toutes parts se manifeste l'effondrement de la conscience humaine.
Sur tous les points de la Terre un malaise douloureux, une inquiétude profonde agitent et tourmentent les peuples, les individus isolés qui se débattent dans un trouble immense.
Les gouvernants ne savent plus où ils mènent, les gouvernes ne savent plus ce qu'on leur réclame.

Selon le mot d'Elizabeth Browning :
« les riches font les pauvres, les pauvres maudissent les riches, et tous, pêle-mêle, agonisent dans le spasme social. »

L’Eglise ne comprend pas les exigences de l’époque, la foi s’en va, la religion et la moralité ne sont plus que des mots presque vides de sens. A tous les événements dramatiques de la vie, à toutes les catastrophes, à tous les drames, l’Eglise se contente d’affirmer que Dieu envoie ou permet ces souffrances pour punir ou améliorer les hommes ou plus simplement parce qu’Il les aime.
Si l’admirable enseignement de Jésus s’est faussé parmi le peuple, c’est peut-être parce qu’en matière de foi une contrainte absurde a créé et nourri l’incrédulité.
En perdant la croyance, les hommes ont perdu tout appui. Peut-on alors s'étonner du désarroi et des défaillances d'êtres las et dégoûtés de la vie ?…

Que de crimes de toutes natures !
quel nombre effrayant de suicides !
et c'est souvent en pleine jeunesse que ces désespérés abdiquent de tout vouloir, de toute énergie et repoussent toute espérance ; et se méfiant de l'avenir et de ses mensongères promesses, victimes de l'indifférence, acculés au gouffre du vide de la solitude par un monde d'égoïsme où les appels au secours, la détresse et la faiblesse n'ont plus d'échos, ils préfèrent alors sombrer dans la mort.

Des doigts de main humaine ont écrit sur la chaux de la muraille du palais royal l'avertissement que décrit le livre de Daniel (5-24.27) :
« Voici l'écriture qui a été tracée : "Mené, Mené, Tequel".
Voici l'interprétation de ces mots :"Mené" : Dieu a mesuré ton royaume et l'a livré ; "Tequel" : Tu as été dans la balance et ton poids se trouve en défaut… »
Cet avertissement n'est-il pas opportun aujourd'hui… comme autrefois ?

Puissions-nous alors, ayant retrouvé la conscience d'autres valeurs, fermer la porte, barrer la route à ce désespoir destructeur, et forts de ces découvertes lumineuses que nous pouvons faire par l'étude d'un Spiritisme réel et fondé, puissions-nous enfin ouvrir les battants trop longtemps celés d'un autre portail qui lui, s'ouvrira largement sur un horizon d'espoir et de paix.

 

 

   

 

Le vrai Spirite est celui
qui non seulement croit aux manifestations des Esprits,
mais encore tâche
de conformer tous ses actes
aux lois de la sagesse divine
.

 

 

 

 

 
Le pourquoi de la vie…
 

Tu sais que tu dois compter sur la vie à affronter.
Pour ce faire, tu dois naître spirituellement.

Tu apprendras sur le plan humain :
       • à être plus modeste,
       • à être moins arrogant,
       • à être moins agressif,
       • à être plus honnête vis-à-vis des autres et vis-à-vis de toi-même,
       • à être plus serviable,
       • à être moins hypocrite,
       • à savoir quel est le sens du mot « aider », du mot « aimer » au sens large du terme, dans l'éblouissement de la tendresse universelle pour tous.

Tu apprendras sur le plan spirituel :
       • à reconnaître Dieu,
       • à accepter ses directives,
       • à incliner la tête avec humilité,
       • à te mettre complètement "à nu" pour vider ton âme de sa noirceur et faire le point de tes erreurs,
       • à savoir prier,
       • à savoir implorer pardon,
       • à savoir accepter non seulement les épreuves, mais encore le dur lot qui sera le tien du chemin âpre et rocailleux à suivre,
       • à savoir délaisser la vie facile et pleine de sensations pour recevoir la Lumière,
       • à accepter d'être instruit et éclairé,
       • à enfin comprendre que ton salut et ton avancement dépendent de ces gestes.

Raphaël Archange
Ephphata