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Sur
le vaste théâtre du monde, la souffrance règne
et le trouble et l'angoisse habitent chaque être dans
l'anxiété de l'issue.
Les hommes vont, souvent dans l'incompréhension,
sur le chemin difficile qui les mène à l'inconnu,
et des questions fusent :
« S'il y avait un Dieu, me laisserait-il souffrir
ainsi ?
Donc Dieu n'existe pas, ou s'il existe, Il est cruel pour
moi et je Le hais
Avais-je demandé à naître pour subir
une telle vie de souffrances ?
Je n'en sais rien, mais si, après la mort, il y a
encore l'Enfer ou le Purgatoire qui attend mon âme
pour la moindre peccadille, puis-je admettre que Dieu est
bon et juste ?
»
Et parce que la vie leur semble une lutte perpétuelle,
insoutenable, trop d'entre eux recherchent la force d'accepter
cette vie dans des artifices divers : musique, griserie
de la vitesse et de la puissance grondante des motos ou
des voitures, sexe, alcool, puis, plus gravement, drogue.
Ces recherches les conduisent presque fatalement, dans une
escalade effrénée mais vaine, à s'échapper
de l'existence par le suicide, ou à fuir le contexte
social dans des communautés ou des sectes qui, ils
le croient, leur offriront un idéal nouveau auquel,
sécurisés, ils pourront s'accrocher pour assumer
leurs jours.
Le matérialisme triomphe et attise le feu des passions,
des désirs, des appétits, des jouissances ;
on désire jouir le plus possible sans souci de l'échéance
ultérieure. On se bat pour des royautés éphémères
: la gloire, la célébrité, la richesse,
car on souhaite s'enrichir au plus tôt et trop souvent
par n'importe quel moyen.
Combat éternel, identique à travers le temps
A quelle époque s'applique ce passage d'un texte
écrit en 1862 ?
Au dix-neuvième
siècle ou à notre époque ?
« Lhomme placé au centre de cette
vie, sen préoccupe comme si elle devait durer
toujours. Tout prend pour lui des proportions colossales
: la moindre pierre qui le heurte lui semble un rocher ;
une déception le désespère ; un revers
labat ; un mot le met en fureur. Sa vue bornée
au présent, à ce qui le touche immédiatement,
lui exagère limportance des plus petits incidents :
une affaire manquée lui ôte lappétit
; une question de préséance est une affaire
d'Etat ; un passe-droit le met hors de lui. Parvenir est
le but de tous ses efforts, lobjet de toutes ses combinaisons.
Mais pour la plupart, quest-ce que parvenir ?
Est-ce, si lon na pas de quoi vivre, se créer,
par des moyens honnêtes, une existence tranquille
? Est-ce le désir de laisser après soi un
nom justement honoré pour sa valeur, et daccomplir
des travaux utiles pour lHumanité ?
Non ; parvenir, cest supplanter son voisin, cest
léclipser, cest lécarter,
le renverser même, pour se mettre à sa place
; et pour ce beau triomphe, dont la mort ne le laissera
peut-être pas jouir vingt-quatre heures, que de soucis,
que de tribulations !
Que de génie même, dépensé quelquefois,
qui eût pu être plus utilement employé !
Puis, que de rage, que dinsomnies si lon ne
réussit pas ! quelle fièvre de jalousie
cause le succès d'un rival ! Alors, on sen
prend à sa mauvaise étoile, à son sort,
à sa chance fatale, tandis que la mauvaise étoile
est le plus souvent la maladresse et lincapacité.
On dirait vraiment que lhomme prend à tâche
de rendre aussi pénibles que possible les quelques
instants quil doit passer sur la Terre et dont il
nest pas le maître, puisquil nest
jamais assuré du lendemain.
Pourtant, combien toutes ces choses changent de face quand,
par la pensée, lhomme sort de létroite
vallée de la vie terrestre et sélève
dans la radieuse, splendide et incommensurable vie doutre-tombe !
Combien alors il prend en pitié les tourments qu'il
se créait à plaisir ! Combien alors lui
paraissent mesquines et puériles les ambitions, les
jalousies, les susceptibilités, les vaines satisfactions
de lorgueil !
Il lui semble, de lâge mûr, considérer
les jeux de lenfance ; du sommet dune montagne,
considérer les hommes dans la vallée.
Et partant alors de ce point de vue, se rend-il volontairement
le jouet dune illusion ?
Non ; il est au contraire dans la réalité,
dans le vrai, et lillusion, pour lui, cest lorsquil
voit les choses du point de vue terrestre. En effet, il
nest personne sur la Terre qui nattache plus
dimportance à ce qui, pour lui, doit durer
longtemps quà ce qui ne doit durer quun
jour ; qui ne préfère un bonheur durable à
un bonheur éphémère ?
On sinquiète peu dun désagrément
passager ; ce qui intéresse par-dessus tout,
cest la situation normale. Si donc on élève
sa pensée de manière à embrasser la
vie de lâme, on arrive forcément à
cette conséquence quon y aperçoit la
vie terrestre comme une station momentanée ;
que la vie spirituelle est la vie réelle, parce quelle
est indéfinie ; que lillusion, cest
de prendre la partie pour le tout, cest-à-dire
la vie du corps, qui nest que transitoire, pour la
vie définitive. Lhomme qui ne considère
les choses que du point de vue terrestre, est comme celui
qui étant dans lintérieur dune
maison, ne peut juger ni de la forme, ni de limportance
du bâtiment parce quil ne voit pas tout ; tandis
que celui qui voit du dehors, pouvant juger de lensemble,
juge plus sainement. Pour voir les choses de cette
manière dira-t-on il faut une intelligence
peu commune, un esprit philosophique quon ne saurait
trouver dans les masses ; doù il faudrait
conclure quà peu dexceptions près,
lHumanité se traînera toujours dans le
terre à terre.
Cest une erreur ; pour sidentifier avec la vie
future, il ne faut pas une intelligence exceptionnelle,
ni de grands efforts dimagination, car chacun en porte
avec soi lintuition et le désir ; puisquon
offre pour alternative des flammes éternelles ou
une contemplation perpétuelle, ce qui fait que beaucoup
trouvent le néant préférable ;
doù lincrédulité absolue
chez quelques-uns, et le doute chez le plus grand nombre
»
Le matérialisme triomphe et répand l'idée
du néant.
Dans l'hypothèse matérialiste, nous n'avons
plus après la mort, aucun moyen de comprendre une
survivance quelconque de nos individualités puisque
n'existant que par le fait de la réunion d'éléments
matériels et de forces, elles seront à tout
jamais anéanties par la mort. La plus directe et
inévitable conséquence du matérialisme
n'est-elle pas de rapetisser chez l'homme les sentiments
et les élans du cur en imposant à la
vie les limites de la dernière heure, en dégageant
l'homme de toute responsabilité morale devant une
justice suprême ?
Mais, lorsque la mort, un jour, va mettre un terme à
ces luttes, l'être troublé essaie de trouver
une explication qui apaisera sa peur.
Ne sachant où diriger ses pas, il la cherche dans
une certaine littérature, un certain cinéma
qui offrent en pâture à ses terreurs la terreur
plus grande encore de textes et de films où le fantastique
et l'horreur brodent sur des trames qui auraient pourtant
pu être des messages, les mailles serrées d'un
filet qui enferme l'être perdu plus étroitement
encore dans son obscurité, car toutes les allusions
aux maisons hantées, aux phénomènes
télépathiques, aux matérialisations
d'Esprits, à la médiumnité, ne peuvent
que donner des finalités sanglantes de Mort et de
Mal.
Tout
homme qui réfléchit ne peut cependant pas
s'empêcher de se préoccuper de ce qu'il deviendra
après sa mort.
On s'attache pendant la première partie de sa vie
à préparer sa retraite et on s'impose souvent,
dans un travail acharne, beaucoup de privations pour s'assurer
un peu de bien-être dans les dernières années
de sa vie ; d'ailleurs, combien d'années seront
offertes pour jouir de ce repos et de ce bien-être ?
Si l'on a tant de soucis, si l'on prend tant de soins pour
quelques années éventuelles, ne devrait-on
pas faire de même pour cette vie future qui, pour
certains, a plus caractère d'hypothèse que
de réalité ?
Alors, que croire ?
Et les grandes questions sont posées :
Est-ce que ce déchaînement de forces mauvaises
est la traduction de l'état de l'Homme après
sa mort ?
Que sait-on de la vie future ?
Qui peut être renseigné à ce sujet ?
Dieu révèle-t-il ses secrets à l'Humanité ?
Qui peut savoir ce qui se passe après l'horreur de
la tombe, dans cet Au-delà mystérieux ?
Et d'ailleurs, cet Au-delà existe-t-il ?
Où donc va l'Homme dans sa course ?
Au néant ?
à l'obscurité peuplée
de forces inconnues, vindicatives, haineuses et violentes,
ou à la lumière insoupçonnée
et vivante ?
Que croire ?
Jaurès exprimait en ces termes cette inquiétude
des êtres :
«
Il y a à lheure actuelle comme
un réveil de religiosité, on rencontre partout
des âmes en peine cherchant une foi. On a besoin de
croire, on est fatigué du vide du monde, du néant
brutal de la science, on aspire à croire, mais à
quoi ?
Quelque chose, on ne sait, et il ny a presque pas
une de ces âmes souffrantes qui ait le courage de
chercher la vérité, déprouver
toutes ses conceptions de repos et d'espérance. Aussi
on ne voit que des âmes vides comme des miroirs sans
objet qui se réfléchissent lun lautre.
On supplée à la recherche par linquiétude,
cela est plus facile et plus distingué
»
Cette inquiétude dont parlait Jaurès conduit
les hommes à tenter, dans le silence et le secret
de leurs jours, une approche de cet Au-delà qu'ils
voudraient pénétrer pour avoir de ceux qu'ils
ont aimés et qui sont partis, la réponse à
leurs questions, et parce qu'ils ont lu quelques livres
sur le Spiritisme, parce qu'ils ont vu quelques émissions
traitant du sujet, ils sont très vite désireux
de tester leurs pouvoirs, leurs dispositions à la
médiumnité car ils souhaitent s'apporter la
preuve d'une aptitude à dialoguer. Et par le truchement
d'un "oui-ja", d'un verre, de tables, demandent
des communications qu'ils croient sincères et valables.
Ils questionnent et espèrent une réponse ;
mais qui questionnent-ils ces êtres qui, à
la question posée, répondraient catégoriquement
et souvent avec ironie :
Les Esprits
je n'y crois pas. Je suis un esprit
positif et je ne crois que ce que je vois
Qui questionnent-ils ces êtres pour qui la mort dont
l'ombre plane sur toutes vies, n'est pour eux que le terme
définitif d'une existence qu'on veut remplir à
tout prix en se disant qu'on a bien le temps de penser à
des choses aussi sinistres, et que, si vraiment Dieu existe,
eh bien, il suffira de dire : Mon Dieu je regrette !
pour que le pardon soit accordé et les félicités
offertes ?
Qui questionnent-ils, ces êtres qui nient la survivance
de l'âme et l'éternité vivante d'un
Au-delà qui, malgré leurs affirmations, les
angoisse et les trouble ?
Par jeu, par curiosité, par défi, souvent
par orgueil, car il est toujours grisant de se découvrir
des pouvoirs, on entame le dialogue pour voir
simplement.
Et l'on multiplie les expériences que l'on répète,
que l'on prolonge, souvent seul, plusieurs fois par jour,
en étant persuadé qu'il aura suffi de prier
Dieu, une personne aimée disparue, ou encore un "Saint
patron" ou son "Ange gardien" pour avoir
immédiatement une réponse.
On multiplie ces expériences dans le but d'être
renseigné sur ses projets, souvent sur ses amours,
pour recevoir des conseils pour mener à bien une
entreprise dont on attend la réussite ou d'où
doit découler la richesse.
Et la table qui avait pourtant été une bouée
de sauvetage pour beaucoup par la découverte de la
survie de l'esprit, devient une attraction, un jeu qui,
la plupart du temps, ouvrira la porte à des Esprits
de bas niveau, des Esprits moqueurs ou usurpateurs qui restent
agglutinés autour de la Terre pour retrouver un contact
avec cette Terre regrettée, ou pour se jouer de la
crédulité de ceux qui n'auront trop souvent
en réponse que des mystifications dommageables.
Je voudrais leur crier :
« Arrêtez tant qu'il est temps !
Ne tentez plus ces contacts avec ce monde invisible où
le bien et le mal, la vérité et l'erreur se
mêlent : vous n'oseriez pas vous aventurer seuls,
inexpérimentés et sans guide, dans des gouffres
profonds et sombres ou sur des sommets à pic et difficiles
que pourtant vos yeux voient et que vos mains peuvent toucher,
car quel alpiniste serait assez présomptueux pour
croire connaître mieux qu'un guide le chemin le plus
court, le plus facile, le plus sûr et le plus rapide
pour parvenir au but fixé librement avant le départ ?
Alors pourquoi plonger aussi témérairement
et avec autant d'inconscience dans l'inconnu mystérieux
et insondable ?
Ce n'est qu'avec la conscience définitive des éléments
et des faits que des communications pourraient se faire
par des médiums confirmés. »
Ce besoin de communication avec un monde secret et inconnu
a de tous temps existé, mais depuis le dix-neuvième
siècle, une communication intime, fréquente
et suivie s'est établie entre le monde des Humains
et celui des Esprits.
Les morts ont parlé, soulevant le voile sur ce mystère
qui n'apparaît plus sous un aspect sombre et sinistre,
et par leurs communications, ont pu éclairer la destinée
humaine d'une lumière nouvelle en consolant des chagrins
et en apaisant des souffrances, en apportant la preuve de
l'existence de l'âme. Mais dans ce monde matérialiste
où l'on croit que l'être n'est que matière,
peut-on croire à l'existence de l'âme, et partant,
à l'existence des Esprits puisque les Esprits ne
sont que les âmes des Hommes ?
Peut-on croire à "l'Esprit" ?
On pourrait pourtant le penser en évoquant les expressions
couramment utilisées pour faire diversement allusion
à Dieu et à son inspiration, au principe de
la vie in corporelle de l'homme, à l'émanation
des corps, à l'être incorporel, à la
réalité pensante, au principe de la vie psychique
d'un individu, et plus loin, aux aptitudes et aux facultés.
Ces expressions, je voudrais les rappeler dans une liste
certainement non exhaustive :
Esprit divin
Saint Esprit
Rendre l'Esprit
Remettre son Esprit entre les mains de Dieu
Ne pas être un pur Esprit
Perdre l'esprit
Simple d'esprit
Un bel esprit
Reprendre ses esprits
Voir en esprit
Transporter en esprit
Sain de corps et d'esprit
Avoir l'esprit ailleurs
Où avais-je l'esprit ?
Dans mon esprit
Dons de l'esprit
uvre de l'esprit
Traverser l'esprit
Liberté d'esprit
Acte de lesprit
Avoir ou ne pas avoir l'esprit à faire
Conserver l'esprit libre
Cultiver son esprit
Calmer les esprits
Etat d'esprit
Disposition d'esprit
Esprit d'initiative
Avoir l'esprit dérangé
Se creuser l'esprit
Avoir bon ou mauvais esprit
Sortir de lesprit
Tranquillité d'esprit
Ces expressions sont-elles vides de sens ?
Ne sont-elles pas évocatrices, et ne devraient-elles
pas nous inciter à une réflexion qui conduirait
à l'acceptation d'une notion trop souvent tournée
en dérision ?
Pour accepter cette notion "d'Esprit", il convient
avant toute chose d'être convaincu d'avoir une âme,
il convient d'être spiritualiste, c'est-à-dire,
selon la définition de l'Académie Française,
croire à une doctrine opposée au matérialisme.
Le pas est grand cependant du spiritualisme au spiritisme,
le spirite, lui, croyant aux Esprits et à leurs manifestations.
L'écrivain
spirite Allan Kardec écrivait :
«
Tout spirite est nécessairement
spiritualiste, mais il sen faut que tous les spiritualistes
soient spirites
»
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