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La passion du Christ selon Mel Gibson… pour & contre…

 

       • Mgr. Perrier affirme sans ambages : « Je n'irai jamais le voir… »
       • Le recteur des Sanctuaires : il l'a vu… « A 200 % pour ce film… C'est un film magistralement conçu et réalisé… »



 

 

A Lourdes, phare du christianisme en Europe et dans le monde, il se trouve que les deux principaux représentants de l'Eglise ne sont pas du tout du même avis sur le film réalisé par Mel Gibson.

Interrogé par nos soins, Mgr. Perrier affirme sans ambages : « Je n'irai jamais le voir… » mais se dit en capacité de formuler un avis sévère au-delà des préjugés « à partir du moment où beaucoup de spectateurs l'ont visionné »
Il déplore avant tout, « l'ultra-violence » du film.
« Les Evangiles n'ont pas été rédigés en mettant en valeur la douleur brute. Le mot « sang » n'y est jamais employé… Cette profusion d'hémoglobine ne s'inscrit pas du tout dans l'esprit de l'Evangile… Certes, l'Evangile nous fait comprendre que nous sommes impliqués dans ce qui arrive à Jésus-Christ. C'est une forme de procès… Il ne cache pas non plus la torture et le supplice. Mais ce n'est pas ce qui est valorisé en premier… Le film introduit une perversion de l'Evangile en inversant les valeurs… Il privilégie l'hypertrophie de la violence…
Rajouter de la violence à la violence, n'est sans doute pas le meilleur moyen pour exprimer l'amour qui colore les pages de l'Evangile… »
[N.d.l.r. - Il en dit des choses, Mgr. sur le film, sans l'avoir vu !… juste selon les rumeurs !… Un peu comme si notre médecin nous soignait sans nous rendre visite, seulement d'après les symptômes que lui décrirait un ami ou un voisin… C'est très grave… Beaucoup de catholiques l'ont peut-être suivi et ne sont pas allés voir le film à cause de lui… C'est une forme de sectarisme.]


Le nouveau recteur des Sanctuaires de Lourdes (et l'ancien du Sanctuaire de Lisieux) Raymond Zambelli a assisté à la projection du film.
« C'est un film dont la vue pour moi, est insoutenable quand on vous oblige à regarder quelqu'un qui est mis à mort avec une telle violence… » Raymond Zambelli pense néanmoins que « cela peut être salutaire pour les chrétiens… A 200 % pour ce film… je ne pourrais plus lire la Passion comme avant après avoir vu ce film… Les mots ont perdu de leur force, […] là, on vous la met en scène et c'est insoutenable…
c'est un événement considérable à bien des égards et beaucoup d'hommes d'Eglise ont dit tout le bien qu'ils en pensaient. C'est un film magistralement concu et réalisé… »


Franco Zeffirelli à Lourdes…

Le film, qui est sorti sur les écrans français mercredi, sera projeté au cinéma de Lourdes samedi et lundi…
- « Il n'y a rien de pire que de critiquer un film sans l'avoir vu… » dit le responsable Michel Azost. Mais il estime bien meilleur le « Jésus de Nazareth » de Franco Zeffirelli qui sera d'ailleurs l'invité du prochain festival du cinéma à Lourdes du 21 avril au 1er mai…


Propos recueillis par Cyrille Marqué

 

 


 

 








Après une série d'atermoiements et, comme l'a annoncé Tarak Ben Ammar, « La Passion du Christ » le film de Mel Gibson, va sortir en France. Tarak Ben Ammar est le producteur de « Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ » de Jean Yanne, « Le Messie » de Roberto Rossellini, et « Jésus de Nazareth » de Franco Zeffirelli.

- « Naturellement, ce film n'est ni raciste, ni antisémite. La cabale sur le film a été montée avant qu'il ne sorte, sur un scénario qui n'était pas définitif. J'ai pensé que c'était mon devoir en tant que musulman qui croit en Jésus, parce que j'ai été élevé dans les trois religions monothéistes, de faire voir ce film aux Français, de leur donner la possibilité de le juger par eux-mêmes. »
Selon Tarak Ben Ammar, « la Passion du Christ » est un film contre l'intégrisme. Et j'ai tant aimé ce film que j'ai souhaité en devenir le distributeur.



Dès le premier week-end d'exploitation, Mel Gibson -qui a tenu à tourner son film en araméen et en latin- est conforté dans ses convictions. Le film, distribué par l' « Indépendant new-market- et qu'il a totalement financé pour 25 millions de dollars en rapporte quelque 76 millions. Un record.

Le comédien Jim Caviezel, qui incarne Jésus sur son chemin de croix, reste persuadé que cette interprétation cinématographique « apporte la paix, et évoque l'amour, le pardon, le sacrifice et l'espoir… »


Difficile à défendre…

Outre-Atlantique, une violente polémique continue pourtant d'opposer le clan des catholiques traditionalistes à ceux qui dénoncent une intention antisémite. En France, le milieu du cinéma a tardé à prendre la décision de la diffusion. La version définitive avait pourtant été diffusée à Londres en décembre par la société de production de Mel Gibson. Europacorp de Luc Besson s'est intéressé de près au sujet :
- « Nous avons vu le film. Nous avons été approchés et nous avons décidé de ne pas le distribuer… »


 

  
 



  L'Agence France Presse [A.F.P]
        • Un drôle d'état d'esprit…


"La Passion du Christ" ou le chemin de croix du spectateur
(AFP31/03/2004 - 10:31)

Mel "Mad Max" Gibson entraîne le spectateur dans un long et sanglant chemin de croix de 2h07 avec "La Passion du Christ", un calvaire pour le public mais une manne céleste pour le réalisateur qui a déjà multiplié sa mise par plus de dix. (sortie en France le 31 mars)

Le film, très controversé, pourrait rapporter au seul Mel Gibson, à la fois réalisateur et producteur, au moins 350 millions de dollars, selon un calcul du Wall Street Journal.

Tourné en araméen et en latin, le film relate les douze dernières heures de la vie du Christ (incarné par Jim Caviezel), du Mont des Oliviers jusqu'à sa crucifixion sur le Golgotha, en s'inspirant des Evangiles selon St Matthieu, St Marc, St Luc et St Jean.
Frappé, flagellé, les chairs arrachées, écrasé par le poids de la croix, "le Galiléen" n'est qu'une plaie sanguinolente, dont le martyr est ponctué de brefs flash backs sur sa vie avec Marie, la dernière Cène avec les apôtres et ce message: "Aimez-vous les uns, les autres"...

Le réalisateur-acteur-producteur australien, âgé de 48 ans, signe un film hyper-réaliste qui ne recule devant aucun détail jusqu'à la complaisance: le sang gicle au ralenti et éclabousse les visages des soudards romains, le marteau enfonce les clous en gros plan et à grands renforts de musique, le diable fait des apparitions récurrentes sous la forme d'un être androgyne au crâne rasé (Rosalinda Celentano, la fille du chanteur)...

Pour la foule haineuse, entraînée par les pharisiens et Caïphe le grand prêtre, qui réclame le lynchage et la mise à mort, le réalisateur du déjà très violent "Braveheart" a choisi des mines souvent patibulaires. Les bourreaux romains aux rires gras ne sont guère mieux lotis que les juifs. Quant au roi Hérode emperruqué, qui refuse de condamner Jésus et le renvoie devant Ponce Pilate, il est digne de la comédie de Jean Yanne "Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ".
Dans cette barbarie, Marie (Maia Morgenstern) et Marie-Madeleine (Monica Bellucci) apportent de brefs moments d'humanité. Révélé par "La ligne rouge" de Terrence Malick, où il tenait un rôle déjà très christique, Jim Caviezel porte de façon convaincante le doute, la peur d'être abandonné et toute la souffrance du monde.

L'acteur catholique, dont les initiales sont celles de Jésus Christ, avait 33 ans, comme le Christ au moment de sa mort, lorsqu'on lui a proposé le rôle. Il a dû endurer de 4 à 8 heures de maquillage par jour pour que les as des effets spéciaux et du maquillage, Keith Vanderlaan et Greg Cannom (qui ont à leur actif "Hannibal", "Dracula" et autres vampires et loups-garous), tuméfient son visage, lacèrent et écorchent son corps.

Trois décès (aux Etats-Unis, au Brésil et au Vénézuela) ont été attribués à la vision du film, interdit aux mineurs en Egypte, aux moins de 15 ans au Liban, autorisé pour tous en Italie et interdit aux moins de 12 ans en France.

D'ailleurs, une commission de la conférence des évêques de France a considéré mardi que le film faisait moins transparaître le visage du Christ que "nos obsessions contemporaines".
"La sincérité du cinéaste n'est pas en doute (...). Dans ce film pourtant, le visage du Christ transparaît moins que nos obsessions contemporaines: angoisse du mal, fascination pour la violence, recherche de coupables", assure dans un communiqué le comité permanent pour l'information et la communication de la conférence des évêques de France.

Sources AFP - Sources Reuters

 



  
 



 

Réagir à l'actualité…


« La passion du Christ », film insoutenable ? Sans doute. Le symbole est violent, autant que le message d'amour du Christ sur la croix était puissant. Au-delà du martyre, il a prié pour ses bourreaux : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font » En cela, il fut, sans doute, le premier Kamikaze de l'amour.

Trop de sang ? Cinq litres, comme chaque être humain. Comment s'indigner, alors que l'hémoglobine coule à flot à la T.V. ?

Jésus, lui, s'est livré librement pour nous faire prendre conscience de notre férocité et de l'absurdité de nos affrontements.

Puisse, ce film, fouetter nos consciences…

S. Arnaud de Toulouse