Louis-Marie
Grignion de Montfort…

 

 

Les enfants l'ont toujours attiré. Chargé du catéchisme à la paroisse Saint-Sulpice, il les captive par la manière vivante dont il les instruit. Plusieurs camarades séminaristes étant allés à ce catéchisme -dans la pensée malicieuse de pouvoir se moquer de lui ensuite- sont si "accrochés" par la façon dont il explique et surtout par la flamme qu'on sent en lui que bientôt, bouleversés, ils doivent sortir précipitamment, cerains les larmes aux yeux.
Toute sa vie, aux petits comme aux grands, Montfort fera le catéchisme.
Il se prépare au sacerdoce par des efforts toujours plus grands. Avide de charité et de pénitence, il reçoit avec un sourire, les moqueries de ceux que sa sainteté rend envieux et méchants. Toujours, il cherche à réconcilier.
C'est ainsi qu'on le voit, sans souci de sa propre sécurité, se jeter un jour entre deux jeunes gens qui dégainent leur épée, prêts à se battre en duel dans la rue. Il est si éloquent que les deux adversaires renonçant à leur discorde, se pardonnent mutuellement.
C'est le 5 juin 1700 qu'il est ordonné prêtre.
Il a 27 ans.
Il dit sa première messe à l'hôtel de la sainte Vierge dans l'église Saint-Sulpice, hôtel qu'il avait la charge d'entretenir et de décorer depuis quelques temps déjà.
Sa manière de célébrer le saint Sacrifice fit une grande impression. Un des assistants prononcera déjà le mot qui sera répété bien des fois plus tard : Louis-Marie de Montfort avait l'air d'un ange à l'hôtel.

Le voilà donc enfin prêtre, brûlant de faire connaître Dieu et le faire aimer de tous ceux qui L'ignorent encore. Il pense aux missions lointaines, et spécialement à cette grande terre du Canada qui a tant besoin de dévouement. Il demanda à ses supérieurs de Saint-Sulpice de l'envoyer là-bas, mais des difficultés ne le permettent pas.
Que fera-t-il donc ?
Il fait la connaissance d'un prêtre qui a groupé, pour le diocèse de Nantes, quelques missionnaires dont le travail consiste à prêcher de village en village.

Voilà donc Louis-Marie parti avec son évêque. Il s'arrête au monastère de Fontevrault pour revoir ses sœurs ravies de sa visite. Arrivé dans la maison Saint-Clément de Nantes, il trouve une situation bien embrouillée et un grand désordre. Il voit bien ce qu'il faudrait faire, mais son humilité ne lui permet pas de se poser en réformateur. Déjà, il demande à Dieu « une pauvre et petite compagnie de bons prêtres pour aller, d'une manière simple, faire le catéchisme aux pauvres de la campagne et inciter les pécheurs à la dévotion à la sainte Vierge.

Il ne reste donc que peu de temps dans cette maison mal organisée de Nantes, d'autant que la bienfaitrice de ses sœurs l'invite à la prise d'habit de l'une d'elle, à Fontevrault.
Ayant beaucoup d'estime pour le jeune prêtre, cette dame veut lui procurer une situation intéressante de chanoine. Louis-Marie s'en défend avec vivacité : il veut rester pauvre.
Elle lui conseille alors d'aller se mettre à la disposition de l'évêque de Poitiers ; Montfort suit ce conseil, mais avant d'entrer à l'évêché, il va servir les pauvres à l'hôpital.

Là, pendant quatre heures, il reste en prière à la chapelle, au grand émerveillement des "pauvres" qui le regardent. (Les hôpitaux d'alors servaient autant de refuge aux malheureux sans logis qu'au soin des malades).
Voyant ce jeune prêtre misérablement vêtu, ils se cotisent pour lui remettre une petite offrande. Et l'idée leur vient de le demander comme aumônier. Ils sentent dans leur cœur qu'ils trouveraient en lui, un père.

Aussitôt dit, aussitôt fait. L'un d'eux, qui sait écrire, rédige une belle lettre pour Monseigneur.
Et c'est comme cela que Louis-Marie, qui venait demander à l'évêque de Poitiers un poste de missionnaire ambulant, se voit au contraire nommé « aumônier résident de l'hôpital ».
Habitué de dire toujours « Oui » à Dieu qui parle par les événements de tous les jours et par son évêque, il se donne de tout cœur à cette "mission" inattendue mais bien attachante aussi.

Il y a tant à faire dans les hôpitaux de ce temps-là, simplement pour que les malheureux le soient un peu moins ! On peut imaginer facilement ce que pouvaient être ces refuges surpeuplés de gueux qui couchaient, même malades, à plusieurs dans un même lit, où l'hygiène était inexistante et la nourriture bien souvent absente. C'était la période des famines régulières, et les pauvres de l'hôpital de Poitiers n'avaient pas tous les jours le croûton de pain qui constituait l'essentiel de leur nourriture.

Là aussi, il y avait à mettre de l'ordre et c'est à quoi s'emploie tout de suite l'Aumônier. Payant de sa personne, n'hésitant jamais à panser lui-même les plaies ulcérées d'un malade, il essaye en même temps de réorganiser ce qui ne va pas.
Il insiste pour que les pauvres mangent assis à une table, tous ensemble et non séparément, n'importe où comme cela se faisait.
Et il leur fait donner une soupe chaude à chaque repas.
On devine la joie et l'attachement de ces malheureux pour leur dévoué aumônier.

Mais, comme toujours, la jalousie, l'envie, la méchanceté se dressent contre lui.
Les responsables du désordre précédent, unissent leurs efforts et n'hésitent pas à aller jusqu'à la calomnie pour se débarrasser de lui.
On se plaint à l'évêque. On crée tant et tant de difficultés à Louis-Marie que celui-ci doit bientôt se retirer. Même quelques-unes de ces pauvres auxquels il s'est dévoué -ceux à qui il reprochait leur ivrognerie et leur mauvaise conduite- se sont ligués avec les mécontents pour le faire partir.

Il s'en va donc faire une retraite de 8 jours chez les Jésuites, et il est « rempli d'une grande confiance en Dieu et en sa sainte Mère… »
Dieu a des manières à Lui de répondre : il a permis que deux de ses principaux détracteurs meurent coup sur coup.
La maladie s'est également abattue sur les pauvres de l'hôpital. Et puisqu'il y a par conséquent matière à soigner et à consoler, on sera bien heureux de voir revenir le dévoué Aumônier…
Le feu continuera cependant de couver sous la cendre et beaucoup lui chercheront encore des difficultés.
 
 
Louis-Marie
 
Grignion de Montfort…