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Chassé du diocèse de Poitiers par les
basses manuvre des Humains, il ira ailleurs.
La France est grande. Et c'est vers la Bretagne qu'il
se dirige.
Le voilà en route avec Frère Mathurin,
vers le sanctuaire célèbre de «
Notre-Dame des Ardillers » à Saumur.
Passant par Fontevrault, il veut revoir sa sur.
Mais le Missionnaire non reconnu par la Sur
portière, demande d'abord :
« La charité, pour l'Amour de
Dieu ». La sur voudrait bien savoir qui
est ce prêtre. Elle ne réussit pas à
satisfaire sa curiosité.
La
Mère Abbesse, prévenue, n'a pas plus
de succès :
« Mon nom importe peu, ce n'est pas pour
moi, mais pour l'amour de Dieu que je vous demande
la charité. »
Agacée, la Supérieure le renvoie sans
rien lui donner. Et les "Surs", en
récréation, se racontent l'incident.
A la description qu'on lui en fait, Sylvie s'écrie
:
« Mais c'est mon frère ! »
Vite, on court après Montfort, on lui fait
des excuses, le priant de revenir au monastère.
Mais le saint homme refuse tout net :
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« Madame l'Abbesse n'a pas voulu me faire
la charité pour l'amour de Dieu ; maintenant,
elle me l'offre pour l'amour de moi. Je la remercie.
»
Et il continue sa route sans vouloir rien entendre,
faisant comprendre ainsi aux religieuses combien la
vraie charité ne doit pas, comme dit Jacques,
« faire acception de personne », mais
s'adresser à tous, sans exception et sans chercher
de récompense. |
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Un pèlerinage au Mont Saint-Michel lui semble
bien désirable. L'y voilà arrivé,
avec Frère Mathurin, logeant tous deux dans
une cabane de pêcheur. En pleine nuit, il
est réveillé par des cris et des blasphèmes
: ce sont des buveurs qui se querellent grossièrement.
Sans hésitation, il se lève, va trouver
les buveurs, leur reproche leurs blasphèmes
et réussit, non sans peine, à les
faire partir. Il renouvellera souvent ce geste,
sans jamais avoir peur de rien et souvent au péril
de sa vie.
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Les deux voyageurs admirent longuement la splendide
basilique qu'on appelle à juste titre «
La Merveille ». Pour Louis-Marie, cette halte
au sanctuaire de l'Archange, constitue comme une veillée
d'armes. Il s'y recueille très profondément
pour se remplir au maximum de Dieu afin de pouvoir
Le partager à tous vers qui il ira.
Puisque c'est dans son propre diocèse qu'il
se trouve, il vient ensuite tout naturellement à
Rennes, mais c'est dans une pauvre chambre qu'il habite,
ne voulant pas gêner sa famille, ni être
gêné dans son apostolat. |
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Il accepte seulement de prendre un repas chez ses
parents. Et encore, avant de se mettre à
table, il rassemble lui-même, sur une assiette
« pour les pauvres », une grosse portion
de bonnes choses préparées à
son intention.
Une réputation de grand prédicateur
l'ayant précédé à Rennes,
il veut donner une leçon d'humilité
à tout un auditoire venu un jour l'entendre
par pure curiosité. S'étant mis à
genoux, sur un prie-Dieu, au milieu de la nef, il
annonce tout simplement qu'il va faire son oraison.
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Entendant cela, les gens ne sont guère contents.
Ils craignent de s'être dérangés
pour rien. Mais Louis-Marie commence à prier
tout haut, et son cur plein du feu de l'amour,
passe dans ses paroles, se communique à l'auditoire.
Bientôt, il n'y a plus autour de lui de simples
curieux, venus là par snobisme, mais de vrais
chrétiens qui sentent leur cur se fondre
de repentir et de charité.
Montfort, son oraison finie, commence la récitation
du chapelet. Et jamais peut-être un sermon
-qui n'en était pas un- ne fit autant impression
sur ceux qui l'entendirent.
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Se dirigeant sur Dinan, Louis-Marie s'arrête
au village de sa vieille nourrice, près de
Montfort-sur-Meu. Il est méconnaissable.
Ayant demandé à la "Mère
André" pour lui et Frère Mathurin,
l'hospitalité, -sans se nommer- il est repoussé.
Un très pauvre vieux les reçoit cordialement
au contraire, et, bientôt le reconnaissant,
clame dans le "pays" que c'est Monsieur
Grignion. Désespoir de la vieille "Mère
André" qui vient s'excuser et supplie
Louis-Marie de revenir chez elle.
Louis-Marie y prendra un repas, mais non sans lui
répéter :
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« Mère André, vous avez
bien soin de moi, mais une autre fois, soyez charitable.
Oubliez Monsieur Grignion, il ne mérite rien
: pensez à Jésus-Christ, il est tout,
et c'est lui qui est dans les pauvres. »
En toutes circonstances, Louis-Marie répète
cette même leçon : la véritable
charité ce n'est pas d'aimer tel ou tel qui
nous plaît, c'est d'aimer tout le monde, et
spécialement ceux qui en ont le plus besoin
comme sont les malheureux de tout genre. Leçon
toujours nécessaire et qu'il nous faut sans
cesse apprendre et surtout
pratiquer.
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A Dinan, Louis-Marie jouera encore un petit tour de
ce genre à l'un de ses frères cette
fois, devenu Dominicain.
Ce Révérend Père a la charge
de la sacristie dans son couvent. C'est donc à
lui, et en l'appelant « mon cher frère
» que Montfort demande l'autorisation de dire
la messe à la chapelle.
Ne le reconnaissant pas, le religieux est vexé
de s'entendre appelé "Frère"
titre qu'on donne à ceux qui ne sont pas prêtres.
Il sort pour Montfort les ornements les plus défraîchis
qu'il peut trouver. |
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Et il se plaint au Frère Mathurin qu'il rencontre
en ville.
« Comment s'appelle ce prêtre
? » lui demande-t-il.
« Montfort, » répond le
Frère.
« Je ne connais point ce nom-là
!
« Vous connaissez peut-être Louis
Grignion », reprend malicieusement Frère
Mathurin.
« Mais alors, c'est mon frère
! »
On devine ce qui se passe le lendemain matin : le
Dominicain s'excuse, tout en reprochant gentiment
à Louis-Marie de ne s'être pas fait
connaître :
« Eh ! Je vous ai appelé « mon
cher frère » ; ne l'êtes-vous
pas ? » sourit Montfort.
Le religieux comprit certainement la leçon
de modestie. Et c'est avec les plus beaux ornements
du couvent que Louis-Marie célébra
la messe ce matin-là.
Catéchisme, prédications, cérémonies
; toutes les activités habituelles du saint
missionnaire se déroulent à Dinan.
Il y fait même des réunions de soldats
et établit des groupements pour assurer,
après son passage, la fidélité
de la prière.
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Le Frère portier du couvent où il
loge, le voit dans l'ombre, un soir, lourdement
chargé tandis qu'il l'entend répéter
:
« Ouvrez la porte ! »
Louis-Marie a sur le dos un pauvre hère couvert
d'ulcères qu'il a trouvé, gisant dans
la rue. Il le porte dans sa propre chambre, le couche
dans son lit et passe toute la nuit à le
réchauffer et à le soigner.
Mais, il lui faut quitter Dinan car on le réclame
maintenant en bien des paroisses. Tout le monde
commence à se rendre compte de la grande
bonté et charité du missionnaire.
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Il s'adjoint à ce moment, à un groupe
de prêtres qui missionnent dans la région
de Saint-Brieuc. Pendant 7 à 8 mois, Louis-Marie
évangélisera tout ce pays.
A La Chèze, il restaure, aidé par les
habitants enthousiasmés, une chapelle dédiée
à Notre-Dame de Pitié, et tombée
en ruines.
Les miracles ne se comptent plus sur son passage.
C'est une mère qui lui amène sa fille
malade, et le prêtre la lui rend pleine de santé
assurant qu'elle n'aurait plus jamais cette maladie.
Ce sont des fiévreux qui sont guéris
après avoir pris un peu d'eau dans laquelle
Montfort a trempé un insigne du « Saint
Nom de Jésus ». |
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Ce sont surtout des affamés pour lesquels
-comme autrefois Notre Seigneur- il multiplie la
nourriture : le voilà qui arrive avec une
bande de pauvres chez une veuve de modeste condition.
Elle lève les bras au Ciel et montre toute
sa richesse : un pain et deux à trois livres
de viande. Sans se troubler, Montfort installe tout
son monde, fait lui-même le service et distribue
à chacun selon sa faim. Après
il reste encore autant de pain et de viande qu'il
y en avait à l'arrivée.
Dans une ferme, un autre jour, c'est le blé
qu'il multiplie au grenier.
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« Nous ne pouvons vous donner du pain
pour vos pauvres, nous n'avons même plus de
blé, » lui déclare cette bonne
fermière.
« Allez balayer votre grenier et apportez
ce qui reste ! »
Elle rapporte quelques poignées les donnant
de bon cur à l'homme de Dieu.
Et quand, le soir, elle monte de nouveau à
son grenier, elle y trouve un gros tas de blé,
de quoi nourrir tous les siens pendant 6 mois et faire
aussi l'aumône à tous les malheureux
qui se présenteront. |
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Ces missions de La Chèze et des environs
soulèvent tant d'enthousiasme que Montfort,
en hommage de reconnaissance à Marie, fit
allumer des feux de joie pendant 9 jours sur les
collines avoisinantes, au son des cantiques.
Belle conclusion des activités de celui qui,
à limitation de son Maître, s'efforçait,
par sa parole et plus encore par sa "sainteté"'
rayonnante, de rallumer dans les âmes, la
ferveur de l'amour de Dieu et du prochain.
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Voilà Montfort à Saint-Brieuc, prêchant,
confessant, priant et s'occupant des pauvres. On a
conservé le souvenir qu'il « en nourrissait
plus de 200, leur faisant le catéchisme et
récitant avec eux le chapelet. » Il sait
bien que ce n'est pas suffisant de venir en aide à
la misère matérielle ; secourir les
corps affamés et négliger les âmes
créées par Dieu, faites pour Le connaître
et L'aimer, c'est oublier le principal, « l'unique
nécessaire » comme dit l'Evangile. «
Pain du corps et pain de l'âme » et Louis-Marie
se garde bien de l'oublier. |
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