|
|
Nous
sommes en ce jour, Seigneur, comme l'être assis sur
une pierre dans le silence de l'aube, qui contemple le voile
sombre du velours de la nuit qui se déchire peu à
peu pour laisser passer de petites flammes de douceur et
qui regarde monter ces fleurs roses et safranées
comme un voile d'espoir dans une traînée lumineuse
et pure qui, peu à peu, éclairera le monde
en chassant les ombres.
Assis, silencieux, le cur battant puis, tout à
coup, le cur arrêté, car trop de beauté
et trop de douceur pèsent trop lourd sur des épaules
un peu ployées, l'être immobile contemple et
contemple encore, et ses yeux écarquillés,
agrandis, ne sont pas assez grands ouverts pour admirer
le spectacle de cet éventail de moire rose et pure
qui s'ouvre lentement et s'inscrit dans un ciel où
les bleus de nuit se fondent avec les roses transparents
et perlés de rosée.
Assis, immobile, il contemple
Autour de lui, tout est silence, tout est calme, tout est
repos
La terre, comme engourdie, commence à frissonner
d'un long frisson qui peu à peu se communique aux
plantes, aux choses et aux êtres.
La nature bruit de mille bruits délicats : la terre
s'éveille
Les fleurs semblent ouvrir leurs corolles et s'offrir aux
perles de cristal d'une rosée bienfaisante. Les feuillages,
lentement, bougent et s'agitent et un souffle frais caresse
le front du penseur attentif et émerveillé
comme pour offrir la caresse lointaine de doigts de Lumière
et d'Amour qui apportent l'apaisement et la joie
Tout est calme et tranquille
Une paix bruissante envahit le monde.
Les oiseaux gonflent leurs plumes humides dans des nids
douillets, et immobiles, attentifs, ils attendent le moment
où, à gorge déployée, ils pourront
lancer vers toi le cri de reconnaissance de leurs curs
éperdus ; ils pourront lancer les trilles du chant
de leur vie, du chant qui scandera, instant après
instant, l'hymne glorieux -et quelquefois douloureux- de
cette Terre qui battra au rythme des souffrances et des
joies, qui battra comme un cur immense au rythme des
sanglots, des appels au secours, mais aussi au rythme des
espoirs et des attentes
Les rideaux sombres de la nuit sont tirés par ta
main d'amour, Seigneur, et au loin, silhouette de pureté
sur un ciel rosi puis rougi par ces rayons que tu offres,
la vie, de nouveau, se découpera avec sa beauté
juvénile, sa richesse mûre et pleine, et près
d'elle aussi, se profilera le spectre froid, douloureux
et ridé de la vieillesse qui se traîne dans
des regrets et dans des larmes
Seigneur !
pourquoi ces jours de lumière, pourquoi la douceur
de ces moments de communion où, immobile et tremblant,
l'être attentif sent son corps et son âme se
fondre et fusionner dans et avec ce Plan où vous
vivez, éternels messagers d'amour et d'espoir, ne
durent-ils pas éternellement ?
Pourquoi, Seigneur, pourquoi ?
Pourquoi la paix si douce et si lumineuse de ces instants
doit-elle se transformer si vite en tumulte, en vacarme
et résonner de sanglots et de hurlements ?
Le chant des oiseaux commence à se faire, Seigneur,
et leur doux gazouillis semble vouloir chasser vers le lointain
obscur, le spectre de cette souffrance et de cette mort
que tous redoutent, mais vers lesquelles peu tendent la
main pour apporter l'effort de leur élan pour soutenir
et réconforter encore
Le jour se lève, et comme le jour se lève
sur la terre qui lentement s'agite en se réveillant,
fais, Seigneur, que ce jour béni entre tous où
nous nous retrouvons au milieu de cette clarté diffuse
et pure, soit pour nous un jour de gloire.
Fais, Seigneur, que ces portes de l'aube qui se sont ouvertes
dans la nuit sombre et lourde soient pour nous les portes
qui s'ouvriront sur le chemin d'espoir et de vie que nous
voulons fouler pour aller enfin nous incliner un jour en
toute humilité, en toute pureté, en toute
valeur, devant ta Gloire.
archange Raphaël
médium : marcelle olivério
|
|
|