Ainsi soit-il !

Prières…

 

   






Nous sommes en ce jour, Seigneur, comme l'être assis sur une pierre dans le silence de l'aube, qui contemple le voile sombre du velours de la nuit qui se déchire peu à peu pour laisser passer de petites flammes de douceur et qui regarde monter ces fleurs roses et safranées comme un voile d'espoir dans une traînée lumineuse et pure qui, peu à peu, éclairera le monde en chassant les ombres.

Assis, silencieux, le cœur battant puis, tout à coup, le cœur arrêté, car trop de beauté et trop de douceur pèsent trop lourd sur des épaules un peu ployées, l'être immobile contemple et contemple encore, et ses yeux écarquillés, agrandis, ne sont pas assez grands ouverts pour admirer le spectacle de cet éventail de moire rose et pure qui s'ouvre lentement et s'inscrit dans un ciel où les bleus de nuit se fondent avec les roses transparents et perlés de rosée.

Assis, immobile, il contemple…
Autour de lui, tout est silence, tout est calme, tout est repos…
La terre, comme engourdie, commence à frissonner d'un long frisson qui peu à peu se communique aux plantes, aux choses et aux êtres.
La nature bruit de mille bruits délicats : la terre s'éveille…
Les fleurs semblent ouvrir leurs corolles et s'offrir aux perles de cristal d'une rosée bienfaisante. Les feuillages, lentement, bougent et s'agitent et un souffle frais caresse le front du penseur attentif et émerveillé comme pour offrir la caresse lointaine de doigts de Lumière et d'Amour qui apportent l'apaisement et la joie…
Tout est calme et tranquille…
Une paix bruissante envahit le monde.
Les oiseaux gonflent leurs plumes humides dans des nids douillets, et immobiles, attentifs, ils attendent le moment où, à gorge déployée, ils pourront lancer vers toi le cri de reconnaissance de leurs cœurs éperdus ; ils pourront lancer les trilles du chant de leur vie, du chant qui scandera, instant après instant, l'hymne glorieux -et quelquefois douloureux- de cette Terre qui battra au rythme des souffrances et des joies, qui battra comme un cœur immense au rythme des sanglots, des appels au secours, mais aussi au rythme des espoirs et des attentes…
Les rideaux sombres de la nuit sont tirés par ta main d'amour, Seigneur, et au loin, silhouette de pureté sur un ciel rosi puis rougi par ces rayons que tu offres, la vie, de nouveau, se découpera avec sa beauté juvénile, sa richesse mûre et pleine, et près d'elle aussi, se profilera le spectre froid, douloureux et ridé de la vieillesse qui se traîne dans des regrets et dans des larmes…

Seigneur !…
pourquoi ces jours de lumière, pourquoi la douceur de ces moments de communion où, immobile et tremblant, l'être attentif sent son corps et son âme se fondre et fusionner dans et avec ce Plan où vous vivez, éternels messagers d'amour et d'espoir, ne durent-ils pas éternellement ?
Pourquoi, Seigneur, pourquoi ?…
Pourquoi la paix si douce et si lumineuse de ces instants doit-elle se transformer si vite en tumulte, en vacarme et résonner de sanglots et de hurlements ?…

Le chant des oiseaux commence à se faire, Seigneur, et leur doux gazouillis semble vouloir chasser vers le lointain obscur, le spectre de cette souffrance et de cette mort que tous redoutent, mais vers lesquelles peu tendent la main pour apporter l'effort de leur élan pour soutenir et réconforter encore…

Le jour se lève, et comme le jour se lève sur la terre qui lentement s'agite en se réveillant, fais, Seigneur, que ce jour béni entre tous où nous nous retrouvons au milieu de cette clarté diffuse et pure, soit pour nous un jour de gloire.
Fais, Seigneur, que ces portes de l'aube qui se sont ouvertes dans la nuit sombre et lourde soient pour nous les portes qui s'ouvriront sur le chemin d'espoir et de vie que nous voulons fouler pour aller enfin nous incliner un jour en toute humilité, en toute pureté, en toute valeur, devant ta Gloire.


archange Raphaël
médium : marcelle olivério


 
 
est-il si difficile de s'adresser à Dieu ?…