Si le chagrin comme le feu produisait de la fumée, l'univers en serait à jamais obscurci.

Sharid de Balkh

 

Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

7 avril 1985

   
   

Il est, enfants, des soirs pesants et lugubres, sinistres et sombres où l'âme frémissante de souffrance contenue, écrasée d'un trop plein d'espoir déçu, vibre de la peine répandue dans des vibrations palpables sur une Terre où lentement se creuse le gouffre profond qui aspirera le Monde.
Il est des soirs où ces âmes désespérées lancent vers Dieu l'appel vibrant d'une angoisse qui ne peut même plus s'exprimer dans des larmes ou des plaintes.
Il est des soirs, enfants, où la main attentive d'Esprits de Lumière et d'Amour se fait plus douce encore pour serrer contre des cœurs qui battent à l'unisson du chagrin exprimé, des êtres aimés que nous voudrions voir tout à coup se transformer, s'apaiser et sourire.
Il est des nuits, enfants, où le Ciel ne peut que retentir de l'appel silencieux de cœurs éperdus qui demandent et demandent encore pour une Humanité désolée et souffrante, le réconfort et la paix, le bonheur et la joie.
Et dans ces nuits où les uns dorment et s'ébattent, rêvent et fantasment, se livrent aux orgies de corps déchaînés qui appellent et appellent encore la lubricité d'Ombres perverties et sinistres, dans le silence obscur la détresse pleure, les drames se jouent, l'attente se fait et les espoirs meurent…

Ah, enfants ! Dans le velours des nuits et dans l'horreur de l'obscurité stagnante et épaisse, si des êtres vivent, d'autres, lentement, écrasés sans remords par la main implacable d'une Humanité vengeresse et haineuse, s'étiolent et se désagrègent, perdus qu'ils sont dans leurs éléments de souffrance et d'horreur.

Regardez la ville immense, enfants.
Chaque façade est un masque secret qui cache et ferme l'horizon des vies.
Qui peut pénétrer derrière ces masques de pierre et ouvrir ces paupières que ces maisons sinistres ferment sur leur regard intérieur et vide ?…

Ah, enfants ! lorsque la nuit tout à coup s'embrase des feux de mille affiches et lorsque le passant attardé avance en frôlant les murs dans des rues qui ne peuvent cacher que pièges et dangers, lorsque dans les bas-fonds et dans les bouges le vice se divertit et le sadisme agit, il est des coins où plus rien ne pénètre et où l'obscurité semble emmurer les êtres dans une nuit sans vie que l'on pourrait nommer une nuit… d'horreur.

Si je m'exprime ainsi aujourd'hui, c'est pour vous dire l'inquiétude de nos cœurs devant l'enfermement d'une Humanité vide de tout sens moral et pétrie d'une abjection qui nous désole et qui nous navre.

Comme les lourdes portes des prisons se referment sur les délinquants, les lourdes portes de l'horreur et du drame sont en train de se refermer sur une Humanité ô combien pervertie, dédaigneuse et hautaine, oublieuse des sentiments d'amour et de compréhension ; et comme la nuit semble faire se fermer les murs et les grilles sur des prisonniers déchirés, la vie semble faire se refermer sur cette Humanité vacillante et chancelante, les murs et les grilles d'un destin de drames et de souffrance… Car on avait voulu défier la vie dans un geste de volonté farouche à s'abstraire de toute notion spirituelle, pour retrouver le matérialisme des solutions dans une débauche d'actions, de pensées et d'élans que l'on croyait seules productrices de valeur et de bonheur.
Pourquoi, enfants, pourquoi ?…

Dans ces sphères lointaines où pourtant le bonheur et la paix règnent en maîtres et où, dans les harmonies de musiques célestes et divines, le temps pourrait s'écouler d'une manière définitivement libérée des contraintes et des souffrances, dans ces sphères lointaines, enfants, des Guides et des Esprits protecteurs essaient d'unir leurs forces pourtant puissantes pour tendre la main vers un troupeau humain qui, lentement, martèle le sol de son pas lourd et désabusé, de ce pas qui pourtant, risque de le conduire définitivement vers le point de chute où l'horreur du drame se jouera.
Nos forces sont unies et nos mains se tendent, mais pourquoi ne regardez-vous pas vers nous ?
Pourquoi n'écoutez-vous pas les appels que nous lançons ? Pourquoi le mur est-il si épais entre nos sphères et la vôtre ?…
Pourquoi resserrez-vous autour de vous, comme en un geste réconfortant et sécurisant, le manteau gris et sinistre de votre indifférence, de votre nonchalance et de votre reniement ?…

Nous tendons vers vous, enfants, les voiles lumineux et purs de l'espoir teinté de bonheur et de joie ; pourquoi vos mains impatientes déchirent-elles ces voiles et les écartent-elles pour retrouver les lambeaux sordides de votre cupidité, de votre intérêt, de votre indifférence ?…

L'aile de la mort est en train de s'ouvrir et de se déployer sur des scènes que nous aurions voulu préserver et garder. Elle plane, et vos regards se lèvent vers cet oiseau que vous jugez sinistre en guettant le moment où, dans une chute rapide, il descendra, bec pointé vers la victime de son choix, pour l'abattre d'un geste précis et sûr et laisser son corps pantelant étendu sur une terre qui, hélas… hélas… ne pourra que s'offrir pour recevoir les corps qui inlassablement tomberont.
L'aile de la mort n'en a pas fini de s'ouvrir !…
Nous aurions voulu préserver les êtres dont nous aurions voulu voir s'ouvrir les cœurs et les esprits mais ils ne veulent point comprendre…
Pourquoi restez-vous emmurés dans votre refus ? Pourquoi acceptez-vous de laisser les Ombres envahir et détruire les fonds profonds de vos êtres ?
Pourquoi cédez-vous le pas à ces éléments intérieurs que nous vous avons tant de fois demandé de chasser de vous ? Pourquoi ?… Pourquoi ?… Pourquoi ?…
Autant de "pourquoi" que vos pauvres esprits humains laissent sans réponse, mais à notre tour, nous ajoutons encore à la liste des « pourquoi » :
Pourquoi n'avoir point écouté ?…
Pourquoi n'avoir point entendu ?…
Pourquoi n'avoir point accepté ?…
Pourquoi n'avoir point voulu ?…
Mais… pourquoi avoir voulu conserver au fond de vous l'abjection immonde ?…

Trop loin !… certains pas conduisent toujours trop loin, et lorsque le pied ne peut plus être assuré sur une pente trop glissante, lorsque les cailloux roulent, lorsque le corps, dans un équilibre qui ne peut plus être récupéré, s'affale et tombe pour chuter au fond d'un précipice rempli de bêtes immondes, nous, Esprits de Lumière, le cœur déchiré, ne pouvons plus que nous incliner devant une volonté plus puissante que la nôtre et trouver encore la force de prier, de supplier encore pour que la miséricorde divine puisse néanmoins adoucir la torture de cet esprit perdu, et qu'elle accepte de lui offrir la Lumière qui éclairera ses gestes d'horreur pour lui faire comprendre qu'il pourrait s'accrocher à une force plus puissante pour recommencer à se hisser sur un chemin que ses pas n'auraient jamais dû cesser de fouler.

Lassés, ces Esprits qui attendaient tant, sont lassés de la noirceur de vos âmes.
Pourquoi… pourquoi n'avoir pas compris ces appels successifs que nous avons lancés ?
Comme la nuit écrase une cité endormie, une cité où lentement, l'une après l'autre les lampes s'éteignent, la nuit descend et enveloppe des êtres perdus qui ont su creuser autour de leurs personnes les fossés profonds que des larmes de regret et de souffrance commenceront un jour à remplir… à remplir… à remplir…

Le destin de chacun passe par le chemin douloureux d'épreuves cinglantes que chaque être doit affronter et subir, subir douloureusement dans sa chair et son âme. N'essayez pas de faire dévier ce chemin vers des trous d'ombre difficiles ; laissez les êtres noirs avancer sur leur route, se traîner sur leur route, se traîner lamentablement dans ce désert aride, caillouteux et desséché que seront leurs vies.
Nous ne pouvons, hélas, intervenir lorsque des instances supérieures nous empêchent et nous bloquent, mais si nous le pouvions, aurions-nous au fond de nous l'élan puissant pour arrêter leurs pas ?…
Puissent-ils, ces êtres abjects, faire une pause, se retourner et contempler le charnier de leurs vies !…
Sachez que la main douce -mais implacable- d'un Dieu ferme et juste retombera sur des têtes trop pleines de pensées de haine et de défi.
Le mal sera chassé, et l'ombre de l'aile noire de la mort qui plane s'étendra sur des lieux où seul l'amour devrait régner et dominer la haine.

Pourquoi… pourquoi n'avoir pas compris ces appels successifs que nous avons lancés ?…
Où sont les valeurs essentielles des vies ?…
Jésus… Dieu… l'amour… l'offrande… l'élan… l'abnégation… des luttes entreprises face aux déshérités, des luttes entreprises de jour et de nuit, face à des destins qui semblent devoir s'écrouler dans le combat perpétuel engagé sur le terrain de bataille qu'est la Terre, au milieu des cris de souffrance, des cris de révolte et des cris de haine.
Mais, entendons-nous encore des cris d'amour ?…
Où sont les cris d'amour ?…
L'amour… la haine… fondues dans le même creuset d'où coulent pêle-mêle les larmes mêlées au sang, à la sueur des corps torturés et déchirés…
Cris de souffrance qui s'exhalent vers Dieu qui se penche et regarde, Dieu qui contemple et pleure, Dieu qui tend les mains désespérément vers une foule qui ne peut concentrer son attention que sur des actions de débauche et de drame.
Théâtre sanglant où la haine et le sadisme sont les seuls pinceaux qui, allégrement, puisent dans les teintes rouges et noires d'une sinistre palette, les touches à apporter pour terminer une œuvre ; et sur tout cela, comme des oasis bleutées de fraîcheur, les élans de certains cœurs qui, inlassablement, s'ouvrent et s'ouvrent encore à la compréhension des souffrances, des misères et des drames…

Regardez, enfants, regardez : la mort sinistre déploie son aile sur les têtes, et la terre passive ne pourra que s'offrir pour recevoir les corps qui tomberont et ne seront plus que corps sans vie, corps définitivement abandonnés à l'oubli du temps, pendant que des Esprits pleins de remords regarderont, contempleront, en se penchant à la balustrade de leurs jours, le charnier de leurs vies, le désert de leurs vies, désert aride, caillouteux et desséché, jonché de cadavres et de ruines.
Vous souvenez-vous, enfants, de ce temps où l'Amour s'est offert, où la Vie s'est donnée pour qu'à travers le temps puisse régner la paix ?…
Comprenez… comprenez… comprenez et gardez…

Regardez !…
Un jour le soleil a lui, et à travers le temps, nous nous retrouvons aujourd'hui pour nous confondre encore avec Lui, mais… le Ciel pleure encore aujourd'hui, enfants, car à travers le temps, les masses et les foules, mues par la même houle, laissent encore s'exprimer la haine, la méchanceté…

 

 

 

Où est-il ce message d'Amour et de Vie ?…

   
   

Combien, mais combien l'ont compris ?…
Combien l'ont gardé dans leurs cœurs ?…
Aujourd'hui ne règne que la peur !…

Levez vos yeux vers ces lointains si purs, regardez, se découpant sur l'azur, la silhouette blanche qui, lentement, se penche et contemple vos destins.
Seules quelques marques indélébiles restent le souvenir de ce passé difficile et lointain.
Il regarde et contemple, cet Etre de Lumière, cette Terre où devrait flotter la bannière de la tendresse et de l'amour.
Il regarde et contemple, cet Etre de Lumière, cette Terre où, hélas, ne règne que misère et Il pleure…
Il pleure… Il pleure non sur le sacrifice, mais Il pleure au bord du précipice où les pas conduiront les foules ; et comme en ces temps lointains où, accomplissant son destin, Il lançait son appel vers Dieu, Il regarde encore vers les Cieux, et d'une voix tremblante Il lance une prière vibrante, en demandant encore pour ces foules en folie le pardon de son Père, en demandant l'oubli de ces gestes odieux, de ces gestes horribles :
« Père ! Père… tout ceci est terrible !…
Mais dans ta bonté lumineuse, dans ta miséricorde infinie, dans ton Amour, dans ta Lumière, accorde-leur je t'en supplie, tes regards, ta tendresse, ton pardon ;
et si tu pouvais, ô mon Père, refermer une barrière sur les turpitudes de leurs jours, pourraient-ils retrouver ton Amour ?… S'ils savaient de nouveau l'espoir, iraient-ils un jour vers ta Gloire ?… »

Quelle porte s'ouvrira, amis, sur ce long chemin de la vie, ce chemin qui, à travers l'erreur, vous fera retrouver le bonheur d'avoir à nouveau dans vos cœurs ce Dieu qui y restera toujours en vous imprégnant d'amour, ce Dieu que, le jour et le soir, vous prierez avec l'espoir de pouvoir chanter sa Gloire…

Aujourd'hui la tempête gronde, mais sachez que vous pourriez contempler un paysage qui, sous vos yeux, transformerait des scènes d'horreur en scènes de paix et de vie si vous ne semiez pas la souffrance, si vous ne faisiez pas couler le sang !…

Tuez la crasse, mais ne tuez pas l'être !…

Comme la ville brillante de mille lumières qui bientôt, les lampes s'éteignant une à une, retrouvera la douceur obscure du velours de la nuit, derrière des façades, véritables masques de pierre, la vie, lentement, s'assoupira pour un repos qui, dès que l'aube teintera le ciel de rose, se transformera en forces vives pour porter l'être vers un chemin nouveau.
Nous veillerons à ce que ces forces offertes vous portent vers ce chemin qui conduit à Dieu et à sa Gloire.

Regardez, enfants, en vous penchant un peu au balcon de vos jours, contemplez le prodigieux spectacle de cette ville qui, tout à l'heure encore bruissante de vie, s'endort paisiblement sous l'aile sombre et duveteuse de la nuit.
Penchez-vous au balcon de vos jours et écoutez le silence qui tout à coup se fait, silence bruissant de paix…
la paix, amis, la paix !…

Paix sur la Terre aux Hommes de bonne volonté…


Archange Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle…