Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

8 novembre 1981

   
   

Trop souvent, vous rendez responsable la main aimante qui vous a transmis un bien parce que le désastre est grand et que le champ reçu n'a pas donné la moisson que vous espériez.
Mais à qui vous en prendre, enfants,
à la main aimante qui a élagué, préparé, labouré la terre et semé, et qui vous a transmis ce bien avec l'espoir que dans un élan pur, vous continuerez cette œuvre, ou faut-il vous en prendre à vous-mêmes, vous-mêmes qui n'avez pas su que ces graines enfouies dans cette terre noire et grasse, mère de toute vie, demandaient des efforts de patience, de travail et d'amour ?
Mais dans l'insouciance, attirés vers des lueurs factices, entraînés par des élans que vous croyiez de charité pure et sincère alors qu'ils n'étaient qu'élans d'égoïsme, vous avez dédaigné les soins élémentaires à donner pour entourer et garder, et ces pauvres graines enfouies avec tant d'amour, avec tant de souffrance, livrées à une terre qui devenait sèche et aride, n'ont pu que pourrir ou sécher. Alors, enfants, devant ce désastre, la rage au cœur, la colère grondant au fond de vos êtres, vous dites :
« Mais non !… Un champ inculte ! des promesses de moisson pour une récolte de vent !… »

Mais, vous avez semé le vent, enfants,
et vous ne pouviez récolter que la tempête !…

Fascinés par vos êtres profonds, fascinés par vos valeurs que vous voyez danser comme autant de lucioles, vous croyez, amis, voir luire dans ces petites lueurs, la lumière brillante d'un azur serein et pur -plein de vibrations divines- et vous ne regardez plus le ciel, absorbés que vous êtes dans le ravissement de cette parcelle de lumière qui aura tôt fait de disparaître à vos pieds et de se fondre dans un sol qui absorbera et ne pourra plus rien rendre.

Pourquoi tourner le dos à la Lumière ?
Pourquoi, quand nos mains se tendent vers vous, fermer les yeux et mettre devant ces yeux pour plus de sûreté, un bras qui bloquera cette Lumière qui blesse vos yeux trop longtemps habitués à l'obscurité épaisse ?
Nous n'avions pourtant soulevé le voile que petit à petit, en éclairant ces horizons nouveaux d'une palette délicate ; nous n'avions pas fait jaillir à vos yeux la luminosité intense et merveilleuse -mais trop éblouissante- d'une aurore resplendissante de rouges écarlates, mais nous avions peint avec tant d'amour les pastels délicats d'une aube que vos yeux ravis auraient pu accompagner, et d'émerveillement en émerveillement, arriver au bouquet final et sublime.

Nous vous avions enfin conduits vers l'arbre de vie.
Ah ! cet arbre de vie a été soigné du sang de Jésus, du sang du Maître, du sang du Pur, et par cet engrais vivant et merveilleux, il a pu grandir et pousser, étendant ses bras puissants en donnant des fleurs et des fruits savoureux qui pouvaient faire renaître la vie dans vos corps fatigués.
Pourquoi, enfants, pourquoi avoir, de vos mains, essayé de remodeler cet arbre ? Pourquoi avoir essayé de le réduire aux limites étriquées de vos vies ? Vous avez voulu le refaçonner, comme ces Japonais ont refaçonné la nature en offrant à l'admiration de vos regards des arbres miniatures qui tordent leurs troncs noueux dans les angles de vos salons, et que vous êtes si fiers de soumettre, à votre tour, à l'admiration des amis.
Pourquoi, amis, avoir essayé de couper ses branches ? Pourquoi avoir, amis, essayé de greffer d'autres plans sur cet arbre ? Que ne savez-vous, enfants, que cet arbre était là pour apporter la nourriture aux corps désemparés et aux âmes torturées ; et lorsque le voyageur fatigué, épuisé, affamé, voyait au loin cet arbre de vie, il dirigeait ses pas vers lui dans l'espoir de cette source de vie ; et harassé et perdu, dans un dernier effort, il tendait les mains pour cueillir enfin sur ces branches qu'il avait aperçues de loin, le fruit tant attendu, en disant :
« Merci, mon Dieu, je suis au bout de ma peine et de ma souffrance… »
mais sa main tendue, ses doigts crispés ne rencontraient que le vide, car, à vouloir trop le remodeler, vos mains l'avaient brûlé, et il ne pouvait même plus, enfants, donner de mauvais fruits, car sec et stérile, il ne pouvait plus donner de fruits.
Enlevez de vos âmes, enfants, ce désir profond de remodeler les arbres de vie ; laissez-les croître, laissez les fleurs s'épanouir, laissez les fruits grossir et mûrir, et, lorsque les branches trop lourdes d'une récolte trop merveilleuse s'inclineront vers la terre pour laisser tomber au sol ces fruits merveilleux gonflés de sève et de suc, ne vous précipitez pas pour ramasser ces fruits, laissez-les, enfants, car vous pourrez conduire au pied de cet arbre le voyageur harassé, et partager avec lui cette manne.
Seuls, ceux qui ne veulent point accaparer les fruits de vie pourront continuer leur chemin car ils seront légers… légers, et leurs pas ne seront pas alourdis par la charge pesante de ces trésors que d'autres, comme des avares, pourraient amasser en grattant la terre de leurs doigts avides pour les emporter vers des greniers secrets, les entasser, et peut-être, les laisser pourrir car ils ne sauront jamais se charger de cette moisson d'amour pour la distribuer au long d'un chemin de vie et d'espoir.

Réagissez, enfants, quand des paroles qui se veulent amies essaient de vous entraîner sur une route qui s'éloigne de cette source d'amour.

Souvenez-vous, enfants, que jamais, vous m'entendez, jamais vous ne pourrez cueillir des raisins sur des chardons ou sur des épines.
Souvenez-vous, enfants, que vos mains fébriles ne doivent tendre leurs efforts qu'à préparer votre terrain intime et secret.
Souvenez-vous que l'analyse est toujours indispensable même si elle se fait dans la souffrance.
Souvenez-vous que votre vie n'est qu'épreuves, et que chaque geste fait pour sortir de vous-même est une nouvelle épreuve qu'il vous faut affronter et subir et seule l'humilité profonde et l'acceptation pourront vous faire admettre de déchirer le voile qui couvre vos yeux.
Gardez ceci en vous, gardez-le jalousement car là sera votre unique jalousie : cette jalousie d'un trésor reçu que l'on veut préserver afin d'y puiser à tous les instants de ses jours et de ses nuits, l'essence de son âme.
Souvenez-vous, enfants, que vos yeux peuvent s'ouvrir.
Souvenez-vous, enfants, des paroles de Jésus, car n'a-t-Il point dit :
« Si vous étiez aveugles, vous ne pécheriez point. »
Vos yeux sont là pour voir, mais les yeux de votre âme sont plus puissants encore pour percer les ténèbres où vos pas vous conduisent, ces ténèbres opaques qui vous font avancer en aveugles, et que pourtant, dans l'orgueil du geste, vous gardez serrées autour de vous pour empêcher le regard puissant qui, filtrant des hauteurs célestes, pénétrera le tréfonds de vos êtres.

Comme l'herbe refuse la protection de la ramure alors que les jours d'orage elle se sait à l'abri, trop d'entre vous, enfants, rejettent la protection spirituelle ; trop d'entre vous, enfants, n'acceptent que la protection de leurs mains tendues au-dessus de leurs têtes.
Lorsqu'amis, sur une plage de sable doré, vous contemplez la mer grondante, vous vous laissez aller souvent à l'angoisse, et devant la puissance de flots qui se déchaînent et qui vous rappellent votre impuissance à lutter, vos pensées sont de crainte et de terreur et, quelquefois -souvent- il vous est doux, après le tumulte des flots qui se fracassent sur les rochers noirs, de retrouver le havre de paix d'une demeure accueillante et la chaleur d'un feu dansant et crépitant qui vous réchauffe.
Vous fuyez la tempête pour retrouver le havre de paix et de quiétude, et jamais l'idée ne sera en vous, lorsque les éléments grondants déchirent les nues, de quitter cette coquille douillette pour aller vous offrir, bras dressés et corps offerts aux assauts puissants et rageurs. Pourquoi alors, enfants, quand cette Lumière et cette chaleur d'amour vous sont données, les rejeter d'un geste pour aller vous plonger dans l'élément déchaîné ?
Fermez la porte à ces tempêtes ; fermez la porte à ces bourrasques, fermez la porte à la boue noire, horrible et sale… Blottissez-vous près du feu qui danse, crépite et réchauffe, et s'il vous semble entendre, dans les ténèbres épaisses et dans la brume opaque, une voix qui appelle : « Au secours !… » ne partez pas dans la tempête sans vous être munis d'un bâton solide et d'une lampe sûre, car les sons sont trompeurs à travers le coton épais d'un brouillard intense. Ne vous laissez pas, amis, guider par des voix qui vous attireront, loin du havre de paix, vers le gouffre horrible. Repoussez de même les élans de ceux qui veulent vous conduire sur le chemin de ronces, et au contraire, quand une voix vous appellera pour vous conduire sur le chemin discret qui mène à cet arbre de vie, allez, enfants, et dans un geste de confiance né des élans d'humilité d'une âme qui sait enfin accepter et répondre, vous confierez votre main à cet ami souvent modeste, mais si pur et si tendre, et vous irez enfin cueillir le fruit d'amour et désaltérer vos lèvres à l'eau vive d'une offrande spirituelle, dé-fi-ni-ti-ve-ment lumineuse, vivante et pure.

Acceptez ces paroles qui vont encore vous sembler dures et difficiles, comme l'offrande faite à chacun, individuellement, car vous êtes tous concernés, et si l'humilité objective est en vous, vous saurez enfin en baissant la tête, accepter la pensée que cette communication que vous voudriez laisser aux autres, n'est en fait que le cadeau qui vous est directement offert.

Alors, enfants, quand, d'humilité en effort, d'effort en travail, de travail en amour, quand d'amour en vertu, de vertu en devoir, vous aurez enfin compris ce que nous voulions vous offrir, vous trouverez dans un bouillonnement cette fois impatient, la force, la puissance de gratter de vos mains, d'arracher de vos mains, les ombres qui encore traînent en lambeaux sordides dans le fonds de vos âmes, et vous pourrez enfin purifier cet écrin que nous voulons remplir du joyau merveilleux de l'offrande divine, vivante et sublime.

Et le cœur gonflé cette fois de reconnaissance, les yeux brouillés de douces larmes de bonheur, car vous aurez rejeté de vos paupières les perles salées et amères de la souffrance d'un orgueil blessé à vif, vous vous découvrirez tout autres.
Alors, remodelés, transformés, purifiés, magnifiés, embellis, transcendés, vous saurez que vos cœurs se sont ouverts enfin, et vous pourrez y recevoir et y garder ce joyau précieux qui ne pouvait se souiller au contact de la boue : le joyau de l'offrande de ce Dieu qui enfin pourra, en irradiant dans vos êtres sa Lumière chaude et vibrante, rester, demeurer et vivre.

Et enfin heureux, vous pourrez vous envoler vers des hauteurs sublimes et lumineuses où vous pourrez enfin tendre les mains et dire :

« Gloire à Dieu !… »

archange Raphaël
Médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle…