Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

Les « Douze »…

 
les prophètes dans la Bible
   


Le dernier livre du canon hébreu des Prophètes est appelé simplement : « Les Douze ». Il groupe en effet douze livrets attribués à différents prophètes. L'Eglise chrétienne le considère comme le recueil des douze « Petits Prophètes » ce qui dénote la brièveté des livrets et non pas une valeur moindre que celle des « grands » prophètes. La collection était déjà constituée à l'époque de l'Ecclésiastique. La Bible hébraïque, suivie de la Vulgate, range ces petits livres d'après la succession historique que la tradition leur attribuait. Le classement est un peu différent dans la Bible grecque qui les donne d'ailleurs avant les Grands prophètes.
La traduction suit la disposition traditionnelle de la Vulgate mais les livres sont présentés ici selon l'ordre historique le plus vraisemblable.

 

1.- Amos…
Amos était berger à Teqoa sur la lisière du désert de Juda ; étranger aux confréries de prophètes, il a été pris par Yahvé de derrière son troupeau et envoyé pour prophétiser à Israël. Après un court ministère qui eut pour cadre principalement le sanctuaire schismatique de Béthel, et s'exerça probablement aussi à Samarie ; il fut expulsé d'Israël et revint à ses occupations premières.
Il prêche sous le règne de Jéroboam II, époque humainement glorieuse où le royaume du Nord s'enrichit mais où le luxe des grands insulte à la misère des opprimés et où la splendeur du culte masque l'absence d'une religion vraie. Avec la rudesse simple et fière et avec la richesse d'images d'un homme de la campagne, Amos condamne, au nom de Dieu, la vie corrompue des cités, les injustices sociales, la fausse assurance qu'on met en des rites où l'âme ne s'engage pas.
Yahvé, souverain du monde, qui punit toutes les nations châtiera durement Israël ; que son élection oblige à une plus grande justice morale. Le « Jour de Yahvé » (l'expression vient ici pour la première fois) sera ténèbres et non lumière, la vengeance sera terrible exercée par un peuple que Dieu appelle, l'Assyrie qui n'est pas nommée mais qui occupe l'horizon du prophète. Toutefois, Amos ouvre une petite espérance, la perspective d'un salut pour la maison de Jacob, pour le « reste » de Joseph (premier emploi prophétique de ce terme). Cette profonde doctrine sur Dieu, maître universel et tout-puissant, défenseur de la Justice, est exprimée avec une assurance absolue, sans que jamais le prophète ait l'air d'innover : sa nouveauté est dans la force avec laquelle il rappelle les exigences du pur Yahvisme…

Il n'y a pas de raison sérieuse de suspecter le premier de ces passages, mais il est vraisemblable que le second a été ajouté et peut être attribué, avec quelques retouches, à une édition deutéronomiste du livre…


2.- Osée…
Originaire du royaume du Nord, Osée est le contemporain d'Amos puisqu'il a commencé de prêcher sous Jéroboam II ; son ministère s'est prolongé sous les successeurs de ce roi ; mais il ne paraît pas qu'il ait vu la ruine de Samarie en 721.
C'est en Israël une sombre période : conquêtes assyriennes de 734 à 732, révoltes intérieures -quatre rois sont assassinés en quinze ans- corruption religieuse et morale…

De la vie d'Osée pendant cette période troublée, nous ne connaissons que son drame personnel, mais celui-ci fut décisif pour son action prophétique. Osée avait épousé une femme qu'il aimait et qui l'a quitté, mais il a continué de l'aimer et l'a reprise après l'avoir éprouvée. L'expérience douloureuse du prophète devient un symbole de la conduite de Yahvé envers son peuple et la conscience de ce symbolisme a pu modifier la présentation des faits. Le chapitre 2 fait l'application et donne en même temps la clé de tout le livre : Israël a été épousée par Yahvé, elle s'est conduite comme une femme infidèle, comme une prostituée, et a provoqué la fureur et la jalousie de son divin époux. Celui-ci l'aime toujours, il la châtiera mais pour la ramener à lui et lui rendre les joies de leur premier amour.
Avec une audace qui étonne et une passion qui bouleverse, l'âme tendre et violente d'Osée a exprimé pour la première fois les rapports de Yahvé et d'Israël dans les termes d'un mariage. Tout son message a pour thème fondamental l'amour de Dieu méconnu par son peuple. Sauf une courte idylle au désert, Israël n'a répondu aux avances de yahvé que par la trahison. Osée s'en prend surtout aux classes dirigeantes de la société : les rois choisis contre la volonté de Yahvé, ont, par leur politique séculière, dégradé le peuple élu au rang des autres peuples… Les prêtres, ignorants et rapaces, conduisent le peuple à sa perte. Comme Amos, Osée condamne les injustices et les violences, mais il s'appesantit plus que lui sur l'infidélité religieuse : Yahvé est, à Béthel, l'objet d'un culte idolâtrique, on l'associe à Baal et à Astarté dans le culte licencieux des hauts lieux. Osée proteste contre le titre de Baal, au sens de « Seigneur », que l'on donnait à Yahvé et il revendique pour le Dieu d'Israël l'action bienfaisante que l'on était tenté d'attribuer à Baal, dieu de fertilité ; Yahvé est un Dieu jaloux qui veut avoir sans partage, le cœur de ses fidèles : « Ce que je veux, c'est l'amour, non les sacrifices, la connaissance de Dieu, non les holocaustes ».
Le châtiment est donc inévitable : cependant, Dieu ne châtie que pour sauver. Israël dépouillé et humilié se souviendra du temps où il était fidèle et Yahvé accueillera son peuple repentant qui jouira du bonheur et de la paix…

Après avoir voulu retrancher du livre toute annonce de bonheur et tout ce qui concernait Juda, la critique revient à des jugements plus modérés. Ne faire d'Osée qu'un prophète de malheur serait fausser tout son message et il est naturel que son regard se soit étendu sur le royaume voisin de Juda. La difficulté de son interprétation est accrue pour nous par l'état déplorable du texte hébreu qui est l'un des plus corrompus de tout l'Ancien Testament…
Le livre d'Osée a eu des résonnances profondes dans l'Ancien Testament et on retrouve son écho dans les exhortations des prophètes suivants à une religion du cœur, inspirée par l'amour de Dieu. Jérémie a été profondément influencé par lui… Il n'est pas étonnant que le Nouveau Testament cite Osée ou s'en inspire assez souvent. L'image matrimoniale des relations entre Yahvé et son peuple a été reprise par Jérémie, Ezéchiel et la seconde partie d'Isaïe. Le Nouveau Testament et la communauté issue de lui l'ont appliquée aux rapports entre Jésus et son Eglise. Les mystiques chrétiens l'ont étendue à toutes les âmes fidèles…


3.- Michée…
Le prophète Michée (qu'il ne faut pas confondre avec Michée Ben Yimla) était un Judéen, originaire de Moréshèt, à l'ouest d'Hébron. Il a exercé son action sous les rois Achaz et Ezéchias, c'est-à-dire avant et après la prise de Samarie en 721 et peut-être jusqu'à l'invasion de Sennachérib en 701. Il fut donc, en partie, le contemporain d'Osée et plus longuement, celui d'Isaïe. Par son origine campagnarde, il s'apparente à Amos dont il partage l'aversion pour les grandes cités, le langage concret et parfois brutal, le goût des images rapides et des jeux de mots.
Le livre se divise en quatre parties qui font alterner la menace et la promesse… Il est difficile de déterminer l'étendue des remaniements qu'il a subis dans le milieu spirituel où se gardait le souvenir du prophète.

Nous ne savons rien de la vie de Michée, ni comment il fut appelé par Dieu. Mais il avait une conscience aiguë de sa vocation prophétique et c'est pour cela que, se distinguant des faux inspirés, il annonce avec assurance, le malheur ; il porte la parole de Dieu et celle-ci est d'abord une condamnation. Yahvé fait le procès de son peuple et le trouve coupable : fautes religieuses sans doute, mais surtout fautes morales, et Michée fustige les riches accapareurs, les créanciers impitoyables, les commerçants fraudeurs, les familles divisées, les prêtres et les prophètes cupides, les chefs tyranniques, les juges vénaux. C'est le contraire que Dieu réclamait : « accomplir la justice, aimer avec tendresse et marcher humblement avec Dieu… » formule admirable qui résume les revendications spirituelles des prophètes et rappelle surtout Osée. Le châtiment est décidé : dans un bouleversement du monde, Yahvé viendra juger et punir son peuple : la ruine de Samarie est annoncée, celle des villes du Pays-Bas où vit Michée, celle même de Jérusalem qui deviendra un monceau de décombres…

Cependant, le prophète garde une espérance : il reprend la doctrine du « reste » ébauchée par Amos, et il annonce la naissance en Ephrata du Roi pacifique qui fera paître le troupeau de Yahvé.
L'influence de Michée fut durable : les contemporains de Jérémie connaissaient et citaient de lui un oracle de Jérusalem. Le Nouveau Testament a surtout retenu le texte sur l'origine du Messie en Ephrata-Bethléem.


4.- Sophonie…
D'après le titre de son livre, Sophonie a prophétisé sous Josias (604-609). Ses attaques contre les modes étrangères et les cultes des faux dieux, ses reproches aux ministères et son silence sur le roi indiquent qu'il prêcha avant la réforme religieuse et pendant la minorité de Josias, entre 640 et 630, donc juste avant que ne commence le ministère de Jérémie. Juda, amputé par Sennachérib, d'une partie de son territoire, a vécu sous la domination assyrienne, et les règnes impies de Manassé et d'Amon ont favorisé le désordre religieux. Mais l'affaiblissement de l'Assyrie suscite maintenant l'espoir d'une restauration nationale qui s'accompagnera d'une réforme religieuse… Comme tous les recueils prophétiques, celui de Sophonie a reçu des retouches et des additions, mais elles sont peu nombreuses : en particulier les annonces de la conversion des païens…

Le message de Sophonie se résume en une annonce du Jour de Yahvé, une catastrophe qui atteindra les nations aussi bien que Juda. Celui-ci est condamné pour ses fautes religieuses et morales qui sont inspirées par l'orgueil et la révolte… Sophonie a du péché, une notion profonde qui annonce celle de Jérémie : c'est une atteinte personnelle au Dieu vivant. Le châtiment des nations est un avertissement qui devrait ramener le peuple à l'obéissance et à l'humilité, et le salut n'est promis qu'à un « reste » humble et modeste. Le messianisme de Sophonie se réduit à cet horizon qui est sans doute limité mais qui découvre le contenu spirituel des promesses.

Le petit livre de Sophonie a eu une influence restreinte et il n'est utilisé qu'une fois dans le Nouveau Testament, mais la description du Jour de Yahvé a inspiré celle de Joël et a fourni au moyen âge le début du Dies irae…


5.- Nahum…
Le livre de Nahum s'ouvre par un psaume sur la Colère de Yahvé contre les méchants et des sentences prophétiques qui opposent le châtiment d'Assur et le salut de Juda, mais le sujet principal est la ruine de Ninive annoncée et décrite avec une puissance d'évocation qui fait de Nahum, l'un des grands poètes d'Israël. Il n'y a pas de raison de lui retirer le psaume et les oracles du début qui forment une bonne introduction à ce terrible tableau.
La prophétie est un peu antérieure à la prise de Ninive en 612. On y sent frémir toute la passion d'Israël contre l'ennemi héréditaire : le peuple d'Assur ; on y entend chanter les espérances qu'éveille sa chute. Mais, à travers ce nationalisme violent qui ne soupçonne pas encore l'Evangile, s'exprime un idéal de justice et de foi : la ruine de Ninive est jugement de Dieu qui punit l'ennemi du plan divin, l'oppresseur d'Israël et de tous les peuples.
Le livret de Nahum a dû alimenter les espoirs humains d'Israël aux environs de 612, mais la joie fut de courte durée et la ruine de Jérusalem suivit de peu celle de Ninive. Le sens du message s'élargit et s'approfondit alors pour décrire l'avènement du salut. On a retrouvé à Qumrân les fragments d'un commentaire de Nahum qui appliquait arbitrairement les dits du prophète aux ennemis de la communauté.


6.- Habaquq…
Le court livre d'Habaquq est très soigneusement composé. Il débute par un dialogue entre le prophète et son Dieu : à deux complaintes du prophète répondent deux oracles divins… Le second oracle fulmine cinq imprécations contre l'oppresseur. On discute sur les circonstances de la prophétie et l'identification de l'oppresseur. On a pensé aux Assyriens ou aux Chaldéens, ou même au roi de Juda, Joiaqim. La dernière hypothèse n'est pas soutenable, les deux autres s'appuient sur de bons arguments. On peut admettre que les oppresseurs sont d'un bout à l'autre les Chaldéens. Ils ont été les instruments de Dieu pour châtier son peuple, mais ils seront châtiés à leur tour pour leur violence inique… car Yahvé s'est mis en campagne pour sauver son peuple et le prophète attend cette intervention divine avec une angoisse qui fait enfin place à la joie. Si cette interprétation est valable, le livre se date entre la bataille de Karkémish en 605, qui a donné le Proche Orient à Nabuchodonosor et le premier siège de Jérusalem en 597. Habaquq serait ainsi de peu postérieur à Nahum et comme lui, contemporain de Jérémie.

Dans la doctrine des prophètes, Habaquq apporte une note nouvelle : il ose demander à Dieu compte de son gouvernement du monde. Oui, Juda a péché, mais pourquoi Dieu qui est saint, qui a des yeux trop purs pour voir le mal, choisit-il des Chaldéens barbares pour exercer sa vengeance ; pourquoi faut-il punir le méchant par un plus méchant que lui ; pourquoi a-t-il l'air d'aider au triomphe de la force injuste ? C'est le problème du Mal, posé sur le plan des nations et le scandale d'Habaquq est aussi celui de beaucoup d'âmes modernes. A lui ou à elles vient la réponse divine : par des voies paradoxales, le Dieu tout-puissant prépare la victoire finale du droit, et « le juste vivra par sa fidélité », perle de ce livre que saint Paul enchâssera dans sa doctrine pour la foi…


7.- Aggée…
Avec Aggée commence la dernière période prophétique, celle d'après l'exil. Le changement est frappant. Avant l'Exil, le mot d'ordre des prophètes avait été : Punition. Pendant l'Exil, il était devenu : Consolation, il est maintenant : Restauration… Aggée arrive à un moment décisif dans la formation du Judaïsme : la naissance de la nouvelle communauté de Palestine. Ses brèves exhortations sont exactement datées de la fin d'août au milieu de décembre 520. Les premiers Juifs rentrés de Babylonie pour reconstruire le Temple se sont vite découragés. Mais les prophètes Aggée et Zacharie réveillèrent les énergies et poussèrent le gouverneur Zorobabel et le grand prêtre Josué à reprendre les travaux du Temple, ce qui se fit en septembre 520.

C'est tout l'objet des quatre petits discours qui composent le livre : parce que le Temple reste en ruine, Yahvé a frappé les produits de la terre, mais sa reconstruction amènera une ère de prospérité ; malgré son apparence modeste, ce nouveau Temple éclipsera la gloire de l'ancien, et la puissance est promise à Zorobabel, le choisi de Dieu.
La construction du Temple est présentée comme la condition de la venue de Yahvé et de l'établissement de son règne ; l'ère du salut eschatologique va s'ouvrir : ainsi se cristallise autour du sanctuaire et du descendant de David, l'espérance messianique que Zacharie va exprimer plus nettement.


8.- Zacharie…
Le livre de Zacharie se compose de deux parties bien distinctes : après une introduction datée d'octobre-novembre 520, deux mois après la première prophétie d'Aggée, le livre rapporte huit visions du prophète datées de février, suivies du couronnement symbolique de Zorobabel. Le chap. 7 fait un retour sur le passé national et le chap. 8 ouvre des perspectives de salut messianique, l'un et l'autre à propos d'une question sur le jeûne, posée en novembre 518.

Comme Aggée, Zacharie se préoccupe de la reconstruction du Temple. Mais il fait une part plus large à la restauration nationale et à ses exigences de pureté et de moralité, et l'attente eschatologique est plus pressante. Cette restauration doit ouvrir une ère messianique où le sacerdoce représenté par Josué sera exalté, mais où la royauté sera exercée par le « Germe ».
Les deux Oints gouverneront en parfait accord. Ainsi Zacharie fait renaître la vieille idée du messianisme royal mais l'associe aux préoccupations sacerdotales d'Ezéchiel dont l'influence se marque sur bien des points : rôle prépondérant des visions, tendance apocalyptique, souci de pureté. Les mêmes traits et la part faite aux anges préludent à Daniel.
La deuxième partie -qui s'ouvre d'ailleurs par un nouveau titre- est toute différente. Les pièces sont sans date et anonymes. Il n'est plus question ni de Zacharie, ni de Josué, ni de Zorobabel, ni de la construction du Temple. Le style est différent et fait un fréquent usage des livres antérieurs… L'horizon historique n'est plus le même ; Assur et l'Egypte viennent comme les noms symboliques de tous les oppresseurs. Ces chapitres ont été vraisemblablement composés dans les dernières décennies du IVème siècle avant Jésus-Christ. La seconde partie décrit en termes d'apocalypse, les épreuves et les gloires de la Jérusalem des derniers temps. Mais l'eschatologie n'est pas absente de la première partie et certains thèmes se retrouvent dans les deux sections ainsi celui des « pasteurs » du peuple.
Cette partie du livre est importante par sa doctrine messianique d'ailleurs peu unifiée : relèvement de la maison de David ; attente d'un Roi messie humble et pacifique, mais annonce mystérieuse du Transpercé ; théocratie guerrière, mais aussi cultuelle à la manière d'Ezéchiel. Ces traits s'harmoniseront dans la personne du Christ et le Nouveau Testament cite souvent ces chapitres de Zacharie ou au moins y fait allusion, ainsi Matthieu et Marc.


9.- Malachie…
Le livre dit de « Malachie » était probablement anonyme, car ce nom signifie : « mon messager ». Il se compose de six morceaux bâtis sur le même type : Yahvé, ou son prophète, lance une affirmation qui est discutée par le peuple ou par les prêtres et qui est développée dans un discours où voisinent menaces et promesses de salut. Il y a deux grands thèmes : les fautes cultuelles des prêtres et aussi des fidèles, et le scandale des mariages mixtes et des divorces. Le prophète annonce le Jour de Yahvé qui purifiera les membres du sacerdoce, dévorera les méchants et assurera le triomphe des justes.
Le contenu du livre est postérieur au rétablissement du culte du Temple rebâti et antérieur à l'interdiction des mariages mixtes sous Néhémie. L'élan qu'Aggée et Zacharie avaient donné est brisé et la communauté se laisse aller. Le prophète affirme qu'on ne se moque pas de Dieu qui exige de son peuple, religion intérieure et pureté. Il attend la venue de l'Ange de l'Alliance, préparée par un mystérieux envoyé dans lequel Matthieu a reconnu Jean-Baptiste, le Précurseur. Cette ère messianique verra le rétablissement de l'ordre moral et de l'ordre cultuel…


10.- Abdias…
C'est le plus court des livres prophétiques : 21 versets et cependant, il pose bien des questions aux exégètes qui discutent de son unité et de son genre littéraire et le promènent depuis le IXème siècle avant Jésus-Christ jusqu'à la période grecque. La prophétie d'Abdias se déroule sur deux plans : le châtiment d'Edom annoncé dans plusieurs petits oracles ; le Jour de Yahvé où Israël prendra sa revanche sur Edom avec la conclusion : « Yahvé a parlé ».
Le morceau s'apparente aux malédictions contre Edom qu'on trouve à partir de 587 : les Edomites avaient profité de la ruine de Jérusalem pour envahir la Judée méridionale. Le souvenir de ces événements est encore très vivant et la prophétie semble avoir été composée en Judée avant le retour de l'Exil. Il n'est pas nécessaire d'attribuer à un autre auteur le passage sur le Jour de Yahvé.
C'est un cri passionné de vengeance dont l'esprit nationaliste contraste avec l'universalisme de la seconde partie d'Isaïe, par exemple. Mais le morceau exalte aussi la justice terrible et la puissance de Yahvé qui agit comme défenseur du droit et il ne faut pas l'isoler de tout le mouvement prophétique dont il ne représente qu'un moment passager.


11.- Joël…
Le livre de Joël se divise naturellement en deux parties. Dans la première, une invasion de sauterelle qui ravage Juda provoque une liturgie de deuil et de supplication ; Yahvé répond en promettant la fin du fléau et le retour de l'abondance. La seconde partie décrit dans un style apocalyptique, le jugement des nations et la victoire définitive de Yahvé et d'Israël. L'unité entre les deux parties est assurée par la référence au Jour de Yahvé.
Les sauterelles sont l'armée de Yahvé lancée pour exécuter son jugement, un Jour de Yahvé, dont on ne peut être sauvé par la pénitence et la prière ; le fléau devient le type du grand jugement final, le Jour de Yahvé qui ouvrira les temps eschatologiques. L'absence de référence à un roi, les allusions à l'Exil, mais aussi au Temple reconstruit, les rapports avec le Deutéronome et les prophètes postérieurs : Ezéchiel, Sophonie, Malachie, Abdias font penser que le livre aurait été composé aux environs de 400 avant Jésus-Christ.
Ses attaches avec le culte sont évidentes avec une liturgie pénitentielle qui s'achève par la promesse prophétique du pardon divin. On a donc considéré Joël comme un prophète cultuel, attaché au service du Temple. Le livret n'est pas le compte rendu d'une prédication dans le Temple, il est une composition écrite, faite pour être lue. On est à la fin du courant prophétique.
L'effusion de l'esprit prophétique sur tout le peuple de Dieu à l'ère eschatologique répond au souhait de Moïse. Le Nouveau Testament considère que l'annonce s'est réalisée lors de la venue de l'Esprit sur les Apôtres du Christ et Pierre citera tout ce passage : Joël est le prophète de la Pentecôte. Il est aussi le prophète de la pénitence et ses invitations au jeûne et à la prière, empruntées des cérémonies du Temple ou rédigées sur leur modèle, entreront naturellement dans la liturgie chrétienne du Carême.


12.- Jonas…
Ce petit livre diffère de tous les autres livres prophétiques. C'est uniquement un récit : il raconte l'histoire d'un prophète désobéissant qui veut d'abord se dérober à sa mission et qui ensuite, se plaint à Dieu du succés inattendu de sa prédication… Le héros à qui est attribué cette aventure un peu ridicule est un prophète contemporain de Jéroboam II.
Dieu peut changer les cœurs, mais la subite conversion au Dieu d'Israël du roi de Ninive et de tout son peuple aurait laissé des traces dans les documents assyriens et dans la Bible. Dieu est aussi maître des lois de la nature, mais les prodiges sont ici accumulés comme autant de « bons tours » joués par Dieu au prophète : la tempête subite, Jonas désigné par le sort, le poisson monstrueux, le ricin qui pousse en une nuit et qui sèche en une heure et le tout est raconté avec une ironie non déguisée, bien étrange au style de l'histoire.
Le livre est destiné à plaire et aussi à instruire : c'est un récit didactique et son enseignement marque l'un des sommets de l'Ancien Testament. Brisant avec une interprétation étroite des prophéties, il affirme que les menaces, même les plus catégoriques, sont l'expression d'une volonté miséricordieuse de Dieu qui n'attend que la manifestation du repentir pour accorder son pardon. Si l'oracle de Jonas ne se réalise pas, c'est qu'en effet, les décrets de destruction sont toujours conditionnels. Ce que veut Dieu, c'est la conversion, et la mission du prophète est donc parfaitement réussie.
Ce livre prêche un universalisme extraordinairement ouvert. Ici, tout le monde est sympathique : les marins païens du naufrage, le roi, les habitants et jusqu'aux animaux de Ninive, tout le monde, sauf le seul Israélite qui soit en scène et c'est un prophète : Jonas ! Dieu sera indulgent pour son prophète rebelle, mais surtout, sa miséricorde s'étend même à l'ennemie la plus honnie d'Israël. On est tout près du Nouveau Testament : Dieu n'est pas seulement le Dieu des Juifs, il est aussi le Dieu des païens, car il n'y a qu'un seul Dieu. Notre Seigneur donnera en exemple la conversion des Ninivistes et verra dans Jonas enfermé dans le ventre du monstre, la figure du séjour du Christ au tombeau…

Qu'est-ce que « Etre prophète aujourd'hui ? »
      
 • une intervention du Pasteur Muller…

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