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Le dernier livre du canon hébreu des Prophètes
est appelé simplement : « Les Douze ».
Il groupe en effet douze livrets attribués à
différents prophètes. L'Eglise chrétienne
le considère comme le recueil des douze « Petits
Prophètes » ce qui dénote la brièveté
des livrets et non pas une valeur moindre que celle des
« grands » prophètes. La collection était
déjà constituée à l'époque
de l'Ecclésiastique. La Bible hébraïque,
suivie de la Vulgate, range ces petits livres d'après
la succession historique que la tradition leur attribuait.
Le classement est un peu différent dans la Bible
grecque qui les donne d'ailleurs avant les Grands prophètes.
La traduction suit la disposition traditionnelle de la Vulgate
mais les livres sont présentés ici selon l'ordre
historique le plus vraisemblable.
1.-
Amos
Amos était berger à Teqoa sur la lisière
du désert de Juda ; étranger aux confréries
de prophètes, il a été pris par Yahvé
de derrière son troupeau et envoyé pour prophétiser
à Israël. Après un court ministère
qui eut pour cadre principalement le sanctuaire schismatique
de Béthel, et s'exerça probablement aussi
à Samarie ; il fut expulsé d'Israël et
revint à ses occupations premières.
Il prêche sous le règne de Jéroboam
II, époque humainement glorieuse où le royaume
du Nord s'enrichit mais où le luxe des grands insulte
à la misère des opprimés et où
la splendeur du culte masque l'absence d'une religion vraie.
Avec la rudesse simple et fière et avec la richesse
d'images d'un homme de la campagne, Amos condamne, au nom
de Dieu, la vie corrompue des cités, les injustices
sociales, la fausse assurance qu'on met en des rites où
l'âme ne s'engage pas.
Yahvé, souverain du monde, qui punit toutes les nations
châtiera durement Israël ; que son élection
oblige à une plus grande justice morale. Le «
Jour de Yahvé » (l'expression vient ici pour
la première fois) sera ténèbres et
non lumière, la vengeance sera terrible exercée
par un peuple que Dieu appelle, l'Assyrie qui n'est pas
nommée mais qui occupe l'horizon du prophète.
Toutefois, Amos ouvre une petite espérance, la perspective
d'un salut pour la maison de Jacob, pour le « reste
» de Joseph (premier emploi prophétique de
ce terme). Cette profonde doctrine sur Dieu, maître
universel et tout-puissant, défenseur de la Justice,
est exprimée avec une assurance absolue, sans que
jamais le prophète ait l'air d'innover : sa nouveauté
est dans la force avec laquelle il rappelle les exigences
du pur Yahvisme
Il n'y a pas de raison sérieuse de suspecter le premier
de ces passages, mais il est vraisemblable que le second
a été ajouté et peut être attribué,
avec quelques retouches, à une édition deutéronomiste
du livre
2.-
Osée
Originaire du royaume du Nord, Osée est le contemporain
d'Amos puisqu'il a commencé de prêcher sous
Jéroboam II ; son ministère s'est prolongé
sous les successeurs de ce roi ; mais il ne paraît
pas qu'il ait vu la ruine de Samarie en 721.
C'est en Israël une sombre période : conquêtes
assyriennes de 734 à 732, révoltes intérieures
-quatre rois sont assassinés en quinze ans- corruption
religieuse et morale
De la vie d'Osée pendant cette période troublée,
nous ne connaissons que son drame personnel, mais celui-ci
fut décisif pour son action prophétique. Osée
avait épousé une femme qu'il aimait et qui
l'a quitté, mais il a continué de l'aimer
et l'a reprise après l'avoir éprouvée.
L'expérience douloureuse du prophète devient
un symbole de la conduite de Yahvé envers son peuple
et la conscience de ce symbolisme a pu modifier la présentation
des faits. Le chapitre 2 fait l'application et donne en
même temps la clé de tout le livre : Israël
a été épousée par Yahvé,
elle s'est conduite comme une femme infidèle, comme
une prostituée, et a provoqué la fureur et
la jalousie de son divin époux. Celui-ci l'aime toujours,
il la châtiera mais pour la ramener à lui et
lui rendre les joies de leur premier amour.
Avec une audace qui étonne et une passion qui bouleverse,
l'âme tendre et violente d'Osée a exprimé
pour la première fois les rapports de Yahvé
et d'Israël dans les termes d'un mariage. Tout son
message a pour thème fondamental l'amour de Dieu
méconnu par son peuple. Sauf une courte idylle au
désert, Israël n'a répondu aux avances
de yahvé que par la trahison. Osée s'en prend
surtout aux classes dirigeantes de la société
: les rois choisis contre la volonté de Yahvé,
ont, par leur politique séculière, dégradé
le peuple élu au rang des autres peuples
Les
prêtres, ignorants et rapaces, conduisent le peuple
à sa perte. Comme Amos, Osée condamne les
injustices et les violences, mais il s'appesantit plus que
lui sur l'infidélité religieuse : Yahvé
est, à Béthel, l'objet d'un culte idolâtrique,
on l'associe à Baal et à Astarté dans
le culte licencieux des hauts lieux. Osée proteste
contre le titre de Baal, au sens de « Seigneur »,
que l'on donnait à Yahvé et il revendique
pour le Dieu d'Israël l'action bienfaisante que l'on
était tenté d'attribuer à Baal, dieu
de fertilité ; Yahvé est un Dieu jaloux qui
veut avoir sans partage, le cur de ses fidèles
: « Ce que je veux, c'est l'amour, non les sacrifices,
la connaissance de Dieu, non les holocaustes ».
Le châtiment est donc inévitable : cependant,
Dieu ne châtie que pour sauver. Israël dépouillé
et humilié se souviendra du temps où il était
fidèle et Yahvé accueillera son peuple repentant
qui jouira du bonheur et de la paix
Après avoir voulu retrancher du livre toute annonce
de bonheur et tout ce qui concernait Juda, la critique revient
à des jugements plus modérés. Ne faire
d'Osée qu'un prophète de malheur serait fausser
tout son message et il est naturel que son regard se soit
étendu sur le royaume voisin de Juda. La difficulté
de son interprétation est accrue pour nous par l'état
déplorable du texte hébreu qui est l'un des
plus corrompus de tout l'Ancien Testament
Le livre d'Osée a eu des résonnances profondes
dans l'Ancien Testament et on retrouve son écho dans
les exhortations des prophètes suivants à
une religion du cur, inspirée par l'amour de
Dieu. Jérémie a été profondément
influencé par lui
Il n'est pas étonnant
que le Nouveau Testament cite Osée ou s'en inspire
assez souvent. L'image matrimoniale des relations entre
Yahvé et son peuple a été reprise par
Jérémie, Ezéchiel et la seconde partie
d'Isaïe. Le Nouveau Testament et la communauté
issue de lui l'ont appliquée aux rapports entre Jésus
et son Eglise. Les mystiques chrétiens l'ont étendue
à toutes les âmes fidèles
3.-
Michée
Le prophète Michée (qu'il ne faut pas confondre
avec Michée Ben Yimla) était un Judéen,
originaire de Moréshèt, à l'ouest d'Hébron.
Il a exercé son action sous les rois Achaz et Ezéchias,
c'est-à-dire avant et après la prise de Samarie
en 721 et peut-être jusqu'à l'invasion de Sennachérib
en 701. Il fut donc, en partie, le contemporain d'Osée
et plus longuement, celui d'Isaïe. Par son origine
campagnarde, il s'apparente à Amos dont il partage
l'aversion pour les grandes cités, le langage concret
et parfois brutal, le goût des images rapides et des
jeux de mots.
Le
livre se divise en quatre parties qui font alterner la menace
et la promesse
Il est difficile de déterminer
l'étendue des remaniements qu'il a subis dans le
milieu spirituel où se gardait le souvenir du prophète.
Nous ne savons rien de la vie de Michée, ni comment
il fut appelé par Dieu. Mais il avait une conscience
aiguë de sa vocation prophétique et c'est pour
cela que, se distinguant des faux inspirés, il annonce
avec assurance, le malheur ; il porte la parole de Dieu
et celle-ci est d'abord une condamnation. Yahvé fait
le procès de son peuple et le trouve coupable : fautes
religieuses sans doute, mais surtout fautes morales, et
Michée fustige les riches accapareurs, les créanciers
impitoyables, les commerçants fraudeurs, les familles
divisées, les prêtres et les prophètes
cupides, les chefs tyranniques, les juges vénaux.
C'est le contraire que Dieu réclamait : « accomplir
la justice, aimer avec tendresse et marcher humblement avec
Dieu
» formule admirable qui résume les
revendications spirituelles des prophètes et rappelle
surtout Osée. Le châtiment est décidé
: dans un bouleversement du monde, Yahvé viendra
juger et punir son peuple : la ruine de Samarie est annoncée,
celle des villes du Pays-Bas où vit Michée,
celle même de Jérusalem qui deviendra un monceau
de décombres
Cependant, le prophète garde une espérance
: il reprend la doctrine du « reste » ébauchée
par Amos, et il annonce la naissance en Ephrata du Roi pacifique
qui fera paître le troupeau de Yahvé.
L'influence de Michée fut durable : les contemporains
de Jérémie connaissaient et citaient de lui
un oracle de Jérusalem. Le Nouveau Testament a surtout
retenu le texte sur l'origine du Messie en Ephrata-Bethléem.
4.-
Sophonie
D'après le titre de son livre, Sophonie a prophétisé
sous Josias (604-609). Ses attaques contre les modes étrangères
et les cultes des faux dieux, ses reproches aux ministères
et son silence sur le roi indiquent qu'il prêcha avant
la réforme religieuse et pendant la minorité
de Josias, entre 640 et 630, donc juste avant que ne commence
le ministère de Jérémie. Juda, amputé
par Sennachérib, d'une partie de son territoire,
a vécu sous la domination assyrienne, et les règnes
impies de Manassé et d'Amon ont favorisé le
désordre religieux. Mais l'affaiblissement de l'Assyrie
suscite maintenant l'espoir d'une restauration nationale
qui s'accompagnera d'une réforme religieuse
Comme tous les recueils prophétiques, celui de Sophonie
a reçu des retouches et des additions, mais elles
sont peu nombreuses : en particulier les annonces de la
conversion des païens
Le message de Sophonie se résume en une annonce du
Jour de Yahvé, une catastrophe qui atteindra les
nations aussi bien que Juda. Celui-ci est condamné
pour ses fautes religieuses et morales qui sont inspirées
par l'orgueil et la révolte
Sophonie a du péché,
une notion profonde qui annonce celle de Jérémie
: c'est une atteinte personnelle au Dieu vivant. Le châtiment
des nations est un avertissement qui devrait ramener le
peuple à l'obéissance et à l'humilité,
et le salut n'est promis qu'à un « reste »
humble et modeste. Le messianisme de Sophonie se réduit
à cet horizon qui est sans doute limité mais
qui découvre le contenu spirituel des promesses.
Le petit livre de Sophonie a eu une influence restreinte
et il n'est utilisé qu'une fois dans le Nouveau Testament,
mais la description du Jour de Yahvé a inspiré
celle de Joël et a fourni au moyen âge le début
du Dies irae
5.-
Nahum
Le livre de Nahum s'ouvre par un psaume sur la Colère
de Yahvé contre les méchants et des sentences
prophétiques qui opposent le châtiment d'Assur
et le salut de Juda, mais le sujet principal est la ruine
de Ninive annoncée et décrite avec une puissance
d'évocation qui fait de Nahum, l'un des grands poètes
d'Israël. Il n'y a pas de raison de lui retirer le
psaume et les oracles du début qui forment une bonne
introduction à ce terrible tableau.
La prophétie est un peu antérieure à
la prise de Ninive en 612. On y sent frémir toute
la passion d'Israël contre l'ennemi héréditaire
: le peuple d'Assur ; on y entend chanter les espérances
qu'éveille sa chute. Mais, à travers ce nationalisme
violent qui ne soupçonne pas encore l'Evangile, s'exprime
un idéal de justice et de foi : la ruine de Ninive
est jugement de Dieu qui punit l'ennemi du plan divin, l'oppresseur
d'Israël et de tous les peuples.
Le livret de Nahum a dû alimenter les espoirs humains
d'Israël aux environs de 612, mais la joie fut de courte
durée et la ruine de Jérusalem suivit de peu
celle de Ninive. Le sens du message s'élargit et
s'approfondit alors pour décrire l'avènement
du salut. On a retrouvé à Qumrân les
fragments d'un commentaire de Nahum qui appliquait arbitrairement
les dits du prophète aux ennemis de la communauté.
6.-
Habaquq
Le court livre d'Habaquq est très soigneusement composé.
Il débute par un dialogue entre le prophète
et son Dieu : à deux complaintes du prophète
répondent deux oracles divins
Le second oracle
fulmine cinq imprécations contre l'oppresseur. On
discute sur les circonstances de la prophétie et
l'identification de l'oppresseur. On a pensé aux
Assyriens ou aux Chaldéens, ou même au roi
de Juda, Joiaqim. La dernière hypothèse n'est
pas soutenable, les deux autres s'appuient sur de bons arguments.
On peut admettre que les oppresseurs sont d'un bout à
l'autre les Chaldéens. Ils ont été
les instruments de Dieu pour châtier son peuple, mais
ils seront châtiés à leur tour pour
leur violence inique
car Yahvé s'est mis en
campagne pour sauver son peuple et le prophète attend
cette intervention divine avec une angoisse qui fait enfin
place à la joie. Si cette interprétation est
valable, le livre se date entre la bataille de Karkémish
en 605, qui a donné le Proche Orient à Nabuchodonosor
et le premier siège de Jérusalem en 597. Habaquq
serait ainsi de peu postérieur à Nahum et
comme lui, contemporain de Jérémie.
Dans la doctrine des prophètes, Habaquq apporte une
note nouvelle : il ose demander à Dieu compte de
son gouvernement du monde. Oui, Juda a péché,
mais pourquoi Dieu qui est saint, qui a des yeux trop purs
pour voir le mal, choisit-il des Chaldéens barbares
pour exercer sa vengeance ; pourquoi faut-il punir le méchant
par un plus méchant que lui ; pourquoi a-t-il l'air
d'aider au triomphe de la force injuste ? C'est le problème
du Mal, posé sur le plan des nations et le scandale
d'Habaquq est aussi celui de beaucoup d'âmes modernes.
A lui ou à elles vient la réponse divine :
par des voies paradoxales, le Dieu tout-puissant prépare
la victoire finale du droit, et « le juste vivra par
sa fidélité », perle de ce livre que
saint Paul enchâssera dans sa doctrine pour la foi
7.-
Aggée
Avec Aggée commence la dernière période
prophétique, celle d'après l'exil. Le changement
est frappant. Avant l'Exil, le mot d'ordre des prophètes
avait été : Punition. Pendant l'Exil, il était
devenu : Consolation, il est maintenant : Restauration
Aggée arrive à un moment décisif dans
la formation du Judaïsme : la naissance de la nouvelle
communauté de Palestine. Ses brèves exhortations
sont exactement datées de la fin d'août au
milieu de décembre 520. Les premiers Juifs rentrés
de Babylonie pour reconstruire le Temple se sont vite découragés.
Mais les prophètes Aggée et Zacharie réveillèrent
les énergies et poussèrent le gouverneur Zorobabel
et le grand prêtre Josué à reprendre
les travaux du Temple, ce qui se fit en septembre 520.
C'est tout l'objet des quatre petits discours qui composent
le livre : parce que le Temple reste en ruine, Yahvé
a frappé les produits de la terre, mais sa reconstruction
amènera une ère de prospérité
; malgré son apparence modeste, ce nouveau Temple
éclipsera la gloire de l'ancien, et la puissance
est promise à Zorobabel, le choisi de Dieu.
La construction du Temple est présentée comme
la condition de la venue de Yahvé et de l'établissement
de son règne ; l'ère du salut eschatologique
va s'ouvrir : ainsi se cristallise autour du sanctuaire
et du descendant de David, l'espérance messianique
que Zacharie va exprimer plus nettement.
8.-
Zacharie
Le livre de Zacharie se compose de deux parties bien distinctes
: après une introduction datée d'octobre-novembre
520, deux mois après la première prophétie
d'Aggée, le livre rapporte huit visions du prophète
datées de février, suivies du couronnement
symbolique de Zorobabel. Le chap. 7 fait un retour sur le
passé national et le chap. 8 ouvre des perspectives
de salut messianique, l'un et l'autre à propos d'une
question sur le jeûne, posée en novembre 518.
Comme Aggée, Zacharie se préoccupe de la reconstruction
du Temple. Mais il fait une part plus large à la
restauration nationale et à ses exigences de pureté
et de moralité, et l'attente eschatologique est plus
pressante. Cette restauration doit ouvrir une ère
messianique où le sacerdoce représenté
par Josué sera exalté, mais où la royauté
sera exercée par le « Germe ».
Les deux Oints gouverneront en parfait accord. Ainsi Zacharie
fait renaître la vieille idée du messianisme
royal mais l'associe aux préoccupations sacerdotales
d'Ezéchiel dont l'influence se marque sur bien des
points : rôle prépondérant des visions,
tendance apocalyptique, souci de pureté. Les mêmes
traits et la part faite aux anges préludent à
Daniel.
La deuxième partie -qui s'ouvre d'ailleurs par un
nouveau titre- est toute différente. Les pièces
sont sans date et anonymes. Il n'est plus question ni de
Zacharie, ni de Josué, ni de Zorobabel, ni de la
construction du Temple. Le style est différent et
fait un fréquent usage des livres antérieurs
L'horizon historique n'est plus le même ; Assur et
l'Egypte viennent comme les noms symboliques de tous les
oppresseurs. Ces chapitres ont été vraisemblablement
composés dans les dernières décennies
du IVème siècle avant Jésus-Christ.
La seconde partie décrit en termes d'apocalypse,
les épreuves et les gloires de la Jérusalem
des derniers temps. Mais l'eschatologie n'est pas absente
de la première partie et certains thèmes se
retrouvent dans les deux sections ainsi celui des «
pasteurs » du peuple.
Cette
partie du livre est importante par sa doctrine messianique
d'ailleurs peu unifiée : relèvement de la
maison de David ; attente d'un Roi messie humble et pacifique,
mais annonce mystérieuse du Transpercé ; théocratie
guerrière, mais aussi cultuelle à la manière
d'Ezéchiel. Ces traits s'harmoniseront dans la personne
du Christ et le Nouveau Testament cite souvent ces chapitres
de Zacharie ou au moins y fait allusion, ainsi Matthieu
et Marc.
9.- Malachie
Le livre dit de « Malachie » était probablement
anonyme, car ce nom signifie : « mon messager ».
Il se compose de six morceaux bâtis sur le même
type : Yahvé, ou son prophète, lance une affirmation
qui est discutée par le peuple ou par les prêtres
et qui est développée dans un discours où
voisinent menaces et promesses de salut. Il y a deux grands
thèmes : les fautes cultuelles des prêtres
et aussi des fidèles, et le scandale des mariages
mixtes et des divorces. Le prophète annonce le Jour
de Yahvé qui purifiera les membres du sacerdoce,
dévorera les méchants et assurera le triomphe
des justes.
Le contenu du livre est postérieur au rétablissement
du culte du Temple rebâti et antérieur à
l'interdiction des mariages mixtes sous Néhémie.
L'élan qu'Aggée et Zacharie avaient donné
est brisé et la communauté se laisse aller.
Le prophète affirme qu'on ne se moque pas de Dieu
qui exige de son peuple, religion intérieure et pureté.
Il attend la venue de l'Ange de l'Alliance, préparée
par un mystérieux envoyé dans lequel Matthieu
a reconnu Jean-Baptiste, le Précurseur. Cette ère
messianique verra le rétablissement de l'ordre moral
et de l'ordre cultuel
10.- Abdias
C'est le plus court des livres prophétiques : 21
versets et cependant, il pose bien des questions aux exégètes
qui discutent de son unité et de son genre littéraire
et le promènent depuis le IXème siècle
avant Jésus-Christ jusqu'à la période
grecque. La prophétie d'Abdias se déroule
sur deux plans : le châtiment d'Edom annoncé
dans plusieurs petits oracles ; le Jour de Yahvé
où Israël prendra sa revanche sur Edom avec
la conclusion : « Yahvé a parlé ».
Le morceau s'apparente aux malédictions contre Edom
qu'on trouve à partir de 587 : les Edomites avaient
profité de la ruine de Jérusalem pour envahir
la Judée méridionale. Le souvenir de ces événements
est encore très vivant et la prophétie semble
avoir été composée en Judée
avant le retour de l'Exil. Il n'est pas nécessaire
d'attribuer à un autre auteur le passage sur le Jour
de Yahvé.
C'est un cri passionné de vengeance dont l'esprit
nationaliste contraste avec l'universalisme de la seconde
partie d'Isaïe, par exemple. Mais le morceau exalte
aussi la justice terrible et la puissance de Yahvé
qui agit comme défenseur du droit et il ne faut pas
l'isoler de tout le mouvement prophétique dont il
ne représente qu'un moment passager.
11.- Joël
Le livre de Joël se divise naturellement en deux parties.
Dans la première, une invasion de sauterelle qui
ravage Juda provoque une liturgie de deuil et de supplication
; Yahvé répond en promettant la fin du fléau
et le retour de l'abondance. La seconde partie décrit
dans un style apocalyptique, le jugement des nations et
la victoire définitive de Yahvé et d'Israël.
L'unité entre les deux parties est assurée
par la référence au Jour de Yahvé.
Les sauterelles sont l'armée de Yahvé lancée
pour exécuter son jugement, un Jour de Yahvé,
dont on ne peut être sauvé par la pénitence
et la prière ; le fléau devient le type
du grand jugement final, le Jour de Yahvé qui ouvrira
les temps eschatologiques. L'absence de référence
à un roi, les allusions à l'Exil, mais aussi
au Temple reconstruit, les rapports avec le Deutéronome
et les prophètes postérieurs : Ezéchiel,
Sophonie, Malachie, Abdias font penser que le livre aurait
été composé aux environs de 400 avant
Jésus-Christ.
Ses attaches avec le culte sont évidentes avec une
liturgie pénitentielle qui s'achève par la
promesse prophétique du pardon divin. On a donc considéré
Joël comme un prophète cultuel, attaché
au service du Temple. Le livret n'est pas le compte rendu
d'une prédication dans le Temple, il est une composition
écrite, faite pour être lue. On est à
la fin du courant prophétique.
L'effusion de l'esprit prophétique sur tout le peuple
de Dieu à l'ère eschatologique répond
au souhait de Moïse. Le Nouveau Testament considère
que l'annonce s'est réalisée lors de la venue
de l'Esprit sur les Apôtres du Christ et Pierre citera
tout ce passage : Joël est le prophète de la
Pentecôte. Il est aussi le prophète de la pénitence
et ses invitations au jeûne et à la prière,
empruntées des cérémonies du Temple
ou rédigées sur leur modèle, entreront
naturellement dans la liturgie chrétienne du Carême.
12.- Jonas
Ce petit livre diffère de tous les autres livres
prophétiques. C'est uniquement un récit :
il raconte l'histoire d'un prophète désobéissant
qui veut d'abord se dérober à sa mission et
qui ensuite, se plaint à Dieu du succés inattendu
de sa prédication
Le héros à
qui est attribué cette aventure un peu ridicule est
un prophète contemporain de Jéroboam II.
Dieu peut changer les curs, mais la subite conversion
au Dieu d'Israël du roi de Ninive et de tout son peuple
aurait laissé des traces dans les documents assyriens
et dans la Bible. Dieu est aussi maître des lois de
la nature, mais les prodiges sont ici accumulés comme
autant de « bons tours » joués
par Dieu au prophète : la tempête subite, Jonas
désigné par le sort, le poisson monstrueux,
le ricin qui pousse en une nuit et qui sèche en une
heure et le tout est raconté avec une ironie non
déguisée, bien étrange au style de
l'histoire.
Le livre est destiné à plaire et aussi à
instruire : c'est un récit didactique et son enseignement
marque l'un des sommets de l'Ancien Testament. Brisant avec
une interprétation étroite des prophéties,
il affirme que les menaces, même les plus catégoriques,
sont l'expression d'une volonté miséricordieuse
de Dieu qui n'attend que la manifestation du repentir pour
accorder son pardon. Si l'oracle de Jonas ne se réalise
pas, c'est qu'en effet, les décrets de destruction
sont toujours conditionnels. Ce que veut Dieu, c'est la
conversion, et la mission du prophète est donc parfaitement
réussie.
Ce livre prêche un universalisme extraordinairement
ouvert. Ici, tout le monde est sympathique : les marins
païens du naufrage, le roi, les habitants et jusqu'aux
animaux de Ninive, tout le monde, sauf le seul Israélite
qui soit en scène et c'est un prophète : Jonas
! Dieu sera indulgent pour son prophète rebelle,
mais surtout, sa miséricorde s'étend même
à l'ennemie la plus honnie d'Israël. On est
tout près du Nouveau Testament : Dieu n'est
pas seulement le Dieu des Juifs, il est aussi le Dieu des
païens, car il n'y a qu'un seul Dieu. Notre Seigneur
donnera en exemple la conversion des Ninivistes et verra
dans Jonas enfermé dans le ventre du monstre, la
figure du séjour du Christ au tombeau
Qu'est-ce
que « Etre prophète aujourd'hui ? »
une
intervention du Pasteur Muller
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cela présente un intérêt pour vous,
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