|
|
Un
peu d'humour
Qu'est-ce qui rougit quand on l'allume, comme si elle avait
honte, mais se laisse tripoter sans rien dire et finit sa
vie sur le trottoir ? Qu'est-ce qui se colle à nos
lèvres mais nous jaunit les dents et nous donne une
drôle d'haleine ? Qu'est-ce qui s'amuse à nous
piquer nos yeux
et aussi nos sous ? Qui a juré
de faire de nous ses esclaves ?
Une vraie peste que
des millions d'ados ont dans la peau : la cigarette
haute comme une pomme, mais bourrée de produits dangereux
(plus de 40 sont cancérigènes) elle est capable
des pires vacheries après avoir fait notre conquête
Soyons sérieux
7 000 milliards de cigarettes se vendent chaque année
dans le monde. On comprend que les industriels du tabac,
qui se moquent bien de l'état de nos bronches, grimpent
aux branches en contemplant leurs chiffres d'affaires
Fabriquer des clopes ne rapporte pas des clopinettes, bien
au contraire. A eux seuls, les cinq principaux "cigarettiers"
empochent des milliards et des milliards d'euros par an.
L'Etat français n'est pas le dernier à planter
ses dents dans le gâteau puisque en l'an 2000, les
"bureaux" de Tabac ont reversé 2,55 euros
par paquet vendu dans les caisses du Trésor, soit
10 milliards d'euros grâce aux taxes sur le tabac
! Un fabuleux magot bâti sur d'énormes tas
de mégots
et de souffrance.
10 000 nouveaux fumeurs chaque semaine
Recruter en permanence de nouveaux clients et les fidéliser
le plus tôt possible
et si possible, à
vie. Ce qui explique que les « Juniors » soient
la cible favorite des multinationales du tabac.
En 1990, un commercial a vendu la mèche : «
Les jeunes ont des lèvres
on les veut ! »
[N.d.l.r. -On croirait entendre parler Busch
] Un calcul
machiavélique, mais logique car qui commence à
fumer à 15 ans a deux fois plus de "chance"
de ne pouvoir arrêter que quelqu'un qui commence à
17 ans
Reste à comprendre comment les marchands de poisons
s'y prennent pour piéger, en France, chaque semaine,
10 000 nouveaux jeunes fumeurs
Du grand art !
S'il y avait un festival de la ruse et de la mauvaise foi,
les fabricants de cigarettes -toutes marques confondues-
auraient déjà remporté la palme d'or
Manipulations chimiques, opérations promotionnelles
à gros budgets, et même campagnes de désinformation
rien n'est laissé au hasard, à commencer par
la composition des cigarettes. Avant d'être transformé
en cylindre, sanglé dans du papier et vendu dans
le commerce, le tabac subit quantité d'opérations
dont on n'aime pas trop se vanter : une cuisine "Top
secret" où interviennent plus de 600 additifs
chargés de transformer son goût et d'augmenter
son pouvoir de dépendance
Pour nous appâter,
certains industriels parfument les cigarettes à la
vanille, à la cerise, au chocolat ou à la
mangue
tout ce qui nous rappelle le goût des
bonbons de notre enfance
Histoire de ne pas trop nous
agresser le gosier, d'autres ajoutent du Génol et
du menthol, deux substances qui rendent la fumée
moins écurante afin de moins agresser l'entourage
« A 800° on ne sait pas si ces produits restent
anodins ou s'ils se transforment en produits toxiques
» prévient le Professeur Martinet à
la faculté de médecine de Nancy. Pire, une
firme américaine aurait rajouté sciemment
une pincée d'ammoniac dans ses cigarettes pour renforcer
leur pouvoir addictif (l'ammoniac accélère
l'absorption de la nicotine dans le sang et dans le cerveau)
; et donc à doper les ventes
» explique
le Pr. Bertrand Dautzenberg pneumologue à l'hôpital
de la Pitié-Salpétrière.
Mini
paquets pour maxi profits
Les magnats du tabac ont évidemment bien d'autres
tours dans leur sac : une idée bête comme chou
mais diablement payante : les mini paquets de 10 cigarettes
car plus accessibles aux bourses des plus jeunes.
et
des paquets de cigarettes aux maquettes soignées,
sur lesquels figurent des joueurs de foot

de
beaux paquets qui distraient le regard des mentions
obligatoires sur les méfaits du tabac
|
Le design de l'emballage et aussi savamment étudié
dessins rigolos ou glamour qui changent selon les saisons
formules sympa : « liberté toujours »
ou « fraîcheur intense
» ou les
paquets de Camel où un chameau couvert de baisers
qui s'exclame qu'il est « l'idole des filles
» Tout est fait pour nous faire oublier la mention
obligatoire : « Fumer nuit à la santé
» ou « Fumer provoque des maladies graves »
En 1988, Camel décide de draguer les ados qui ne
sont que 0,5 % à l'apprécier. Les graphistes
donnent naissance à une mascotte : Old Joe, un ruminant
dragueur plein d'humour. Un tabac ! En trois ans, près
de 33 % des jeunes Américains de moins de 18 ans
ont fait de Camel, leur marque préférée
Mais revenons à nos moutons. Depuis 1991, la loi
Evin interdit en France « toute propagande ou publicité,
directe ou indirecte, en faveur du tabac ou des produits
du tabac ainsi que toute distribution gratuite. »
Les fabricants de cigarettes rivalisent d'ingéniosité
pour passer à travers les mailles du filet et arrivent
à dépenser 150 millions d'euros pour leur
promotion : Organisations de grands jeux gratuits (avec
voyages à la clé) ; impression de leur logo
sur des lunettes, briquets, casquettes, serviettes de toilettes
impossible de leur échapper dans des soirées
"étudiantes" (« Nuits bleues »
avec Gauloises ; « Underground Night » avec
Lucky Strike) ou entre deux matches à Rolland-Garros
ou au « Printemps de Bourges » sans oublier
l'organisation d'événements sportifs ou la
création de lignes de vêtements branchés
par le biais de sociétés qui jurent n'avoir
aucun lien avec une quelconque marque de cigarettes !
Des stars payées pour fumer
« Il n'y a pas un seul fonctionnaire, en France, chargé
de les surveiller et de les attaquer en justice. Les menaces
de procès lancées par les associations et
les sanctions dont peuvent écoper les fabricants
ne semblent pas leur faire peur
on a l'impression
d'être le pot de terre contre le pot de fer
» dit Chantal, juriste à la Ligue contre le
Cancer.
.
Faussement
légères
En
plus d'être de savants manipulateurs, les fabricants
de cigarettes sont de fieffés baratineurs
Rien
de plus facile à démontrer. Tout le monde
a entendu dire que les cigarettes « légères
» ou « super légères » équipées
de petits trous au niveau du filtre pour laisser passer
de l'air frais et diluer la nicotine, sont moins toxiques
; un bel attrape-nigaud, puisque, pour avoir sa «
dose », le fumeur de « light » -consciemment
ou non- aspire la fumée plus fréquemment et
plus profondément, donc multiplie les bouffées
tout en bouchant, avec ses doigts, les micropores du filtre
Autre bobard pour gonfler les ventes : les indications concernant
les taux de nicotine et de goudrons qui figurent sur le
paquet.
Machiavélique
Les fabricants de cigarettes jouent maintenant les donneurs
de leçons et cherchent à passer pour des modèles
de vertu
On a vu fleurir dans plus de 500 débits
de tabac des affiches martelant que « les mineurs
ne doivent pas fumer ». A l'origine de cette campagne,
la société Philip Morris elle-même.
Elle a financé, aux Etats-Unis, une autre campagne
de
"prévention" à hauteur
de
100 millions de dollars avec pour slogan : «
Think. Don't smoke » (« Pense. Ne fume pas »)
Un bon geste, direz-vous mais pas aussi désintéressé
qu'il n'y paraît
« Il ne faut pas se leurrer » enrage Sylviane
Ratte chargée de mission à la Ligue contre
le cancer, « L'objectif des fabricants de tabac est
de présenter la cigarette comme un produit exclusivement
réservé aux adultes ; donc de pousser les
ados à transgresser cet interdit
à croquer
dans ce fruit défendu pour se faire une place dans
le monde des "grands" ».
C'est le comble de la perversité ! car si la démarche
avait été propre, le débit de tabac
aurait tout simplement averti que là, on ne vendait
plus de cigarette à un mineur
Nous voilà prévenus : la cigarette cherche
à nous
rouler par tous les moyens
Soyons
plus malins, le jeu en vaut la chandelle
Philippe
Testard-Vaillant
|
|
|