Terre ! Vaste fresque aux teintes
bleutées et voilées d'espoir pourtant auréolée
d'angoisse et de peur mais aussi, vaste fresque aux couleurs
de sang et d'encre.
Sur les fonds bruns et rouges des drames, quelques taches
blanches et pures, îlots nacrés sur le velours
déchiqueté de l'horreur
Opéra dramatique aux résonances puissantes
qui montent vers cette toile, scandant le rythme affreux
des cris de souffrance, des râles de mort, des sanglots
et des pleurs, ponctués par les râles de jouissance,
les cris de haine, les ricanements et les rires.
Où
est la paix ?
où est l'espoir ?
Quelle voix pourra dépasser le tumulte de l'effroi
pour se faire entendre et porter apaisement ?
Au-dessus du bouleversement spasmé de ce monde, pure
étendue de calme lumineux, le miroir limpide d'un
monde différent qui laisse tomber sur le chaos humain
le reflet d'un amour vivant, éternellement attentif
et présent, qui ne peut pourtant suffire à
apporter l'espoir.
Plan d'amour
plan divin où tant de mains se
tendent dans l'offrande du geste.
Cur immense battant au rythme des souffrances, souffrant
au tempo des erreurs et de l'horreur.
Offrande faite sans attendre et si peu souvent reçue
!
Quel est ce Plan d'amour où ne vit que l'Amour ?
Plan céleste, sphères de paix où un
Dieu miséricordieux attend et entend.
Il entend ces voix qui clament leur peine, leur désarroi,
leur haine, leur révolte, leurs espoirs et dans le
concert tonitruant des cris, Il entend, presque silencieuses,
des voix étouffées qui appellent dans l'espoir
et implorent son nom dans l'attente. Voix chuchotantes ou
silencieuses qui expriment et exposent le chagrin des curs
; mots balbutiés, quelquefois sans suite, phrases
longues, reflet du chagrin des âmes, de la révolte
des êtres, de l'espoir des vies ; mots qui deviennent
vivants pour atteindre ces sphères, messagers tremblants,
ambassadeurs puissants, mots qui deviennent
prière
!
Lorsque dans le bouleversement des jours ou dans l'obscurité
des nuits, deux mains se croisent dans un geste suppliant,
lorsque des têtes se penchent, écrasées
par le poids trop lourd d'une peine puissante, lorsque les
larmes coulent, lorsque des curs angoissés
battent à tout rompre dans des poitrines brûlantes
à force de souffrir, il semble que tout à
coup le silence se fasse
Silence lourd, rempli de
l'appel qui monte et de la réponse à l'attente
qui doucement se fait, réconforte et apaise.
Prière !
Mots !
Phrases !
« Notre Père
»
« Je vous salue, Marie
»
« Je crois en Dieu
»
Litanies psalmodiées, répétées,
murmurées dans la ferveur ou dans l'indifférence,
participation grégaire à l'élan de
la masse dans ces moments où la pompe s'exprime aux
fumées bleues de l'encens et aux accords longs et
vibrants des orgues
« Mon Dieu, aie pitié !
»
« Mon Dieu, regarde
»
« Mon Dieu, pourquoi ?
»
Supplication des êtres
chagrin
souffrance
attente angoissée
espoir
Et plus loin, vertige de l'âme découvrant Dieu
marcelle
olivério
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