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Trop
souvent, vous rendez responsable la main aimante qui vous
a transmis un bien parce que le désastre est grand
et que le champ reçu n'a pas donné la moisson
que vous espériez.
Mais à qui vous en prendre, enfants,
à la main aimante qui a élagué, préparé,
labouré la terre et semé, et qui vous a transmis
ce bien avec l'espoir que dans un élan pur, vous
continuerez cette uvre, ou faut-il vous en prendre
à vous-mêmes, vous-mêmes qui n'avez pas
su que ces graines enfouies dans cette terre noire et grasse,
mère de toute vie, demandaient des efforts de patience,
de travail et d'amour ?
Mais dans l'insouciance, attirés vers des lueurs
factices, entraînés par des élans que
vous croyiez de charité pure et sincère alors
qu'ils n'étaient qu'élans d'égoïsme,
vous avez dédaigné les soins élémentaires
à donner pour entourer et garder, et ces pauvres
graines enfouies avec tant d'amour, avec tant de souffrance,
livrées à une terre qui devenait sèche
et aride, n'ont pu que pourrir ou sécher. Alors,
enfants, devant ce désastre, la rage au cur,
la colère grondant au fond de vos êtres, vous
dites :
« Mais non !
Un champ inculte ! des promesses
de moisson pour une récolte de vent !
»
Mais,
vous avez semé le vent, enfants,
et vous ne pouviez récolter que la tempête
!
Fascinés par vos êtres profonds, fascinés
par vos valeurs que vous voyez danser comme autant de lucioles,
vous croyez, amis, voir luire dans ces petites lueurs, la
lumière brillante d'un azur serein et pur -plein
de vibrations divines- et vous ne regardez plus le ciel,
absorbés que vous êtes dans le ravissement
de cette parcelle de lumière qui aura tôt fait
de disparaître à vos pieds et de se fondre
dans un sol qui absorbera et ne pourra plus rien rendre.
Pourquoi
tourner le dos à la Lumière ?
Pourquoi, quand nos mains se tendent vers vous, fermer les
yeux et mettre devant ces yeux pour plus de sûreté,
un bras qui bloquera cette Lumière qui blesse vos
yeux trop longtemps habitués à l'obscurité
épaisse ?
Nous
n'avions pourtant soulevé le voile que petit à
petit, en éclairant ces horizons nouveaux d'une palette
délicate ; nous n'avions pas fait jaillir à
vos yeux la luminosité intense et merveilleuse -mais
trop éblouissante- d'une aurore resplendissante de
rouges écarlates, mais nous avions peint avec tant
d'amour les pastels délicats d'une aube que vos yeux
ravis auraient pu accompagner, et d'émerveillement
en émerveillement, arriver au bouquet final et sublime.
Nous
vous avions enfin conduits vers l'arbre de vie.
Ah ! cet arbre de vie a été soigné
du sang de Jésus, du sang du Maître, du sang
du Pur, et par cet engrais vivant et merveilleux, il a pu
grandir et pousser, étendant ses bras puissants en
donnant des fleurs et des fruits savoureux qui pouvaient
faire renaître la vie dans vos corps fatigués.
Pourquoi, enfants, pourquoi avoir, de vos mains, essayé
de remodeler cet arbre ? Pourquoi avoir essayé de
le réduire aux limites étriquées de
vos vies ? Vous avez voulu le refaçonner, comme ces
Japonais ont refaçonné la nature en offrant
à l'admiration de vos regards des arbres miniatures
qui tordent leurs troncs noueux dans les angles de vos salons,
et que vous êtes si fiers de soumettre, à votre
tour, à l'admiration des amis.
Pourquoi, amis, avoir essayé de couper ses branches
? Pourquoi avoir, amis, essayé de greffer d'autres
plans sur cet arbre ? Que ne savez-vous, enfants, que cet
arbre était là pour apporter la nourriture
aux corps désemparés et aux âmes torturées
; et lorsque le voyageur fatigué, épuisé,
affamé, voyait au loin cet arbre de vie, il dirigeait
ses pas vers lui dans l'espoir de cette source de vie ;
et harassé et perdu, dans un dernier effort, il tendait
les mains pour cueillir enfin sur ces branches qu'il avait
aperçues de loin, le fruit tant attendu, en disant
:
« Merci, mon Dieu, je suis au bout de ma peine et
de ma souffrance
»
mais sa main tendue, ses doigts crispés ne rencontraient
que le vide, car, à vouloir trop le remodeler, vos
mains l'avaient brûlé, et il ne pouvait même
plus, enfants, donner de mauvais fruits, car sec et stérile,
il ne pouvait plus donner de fruits.
Enlevez de vos âmes, enfants, ce désir profond
de remodeler les arbres de vie ; laissez-les croître,
laissez les fleurs s'épanouir, laissez les fruits
grossir et mûrir, et, lorsque les branches trop lourdes
d'une récolte trop merveilleuse s'inclineront vers
la terre pour laisser tomber au sol ces fruits merveilleux
gonflés de sève et de suc, ne vous précipitez
pas pour ramasser ces fruits, laissez-les, enfants, car
vous pourrez conduire au pied de cet arbre le voyageur harassé,
et partager avec lui cette manne.
Seuls, ceux qui ne veulent point accaparer les fruits de
vie pourront continuer leur chemin car ils seront légers
légers, et leurs pas ne seront pas alourdis par la
charge pesante de ces trésors que d'autres, comme
des avares, pourraient amasser en grattant la terre de leurs
doigts avides pour les emporter vers des greniers secrets,
les entasser, et peut-être, les laisser pourrir car
ils ne sauront jamais se charger de cette moisson d'amour
pour la distribuer au long d'un chemin de vie et d'espoir.
Réagissez,
enfants, quand des paroles qui se veulent amies essaient
de vous entraîner sur une route qui s'éloigne
de cette source d'amour.
Souvenez-vous,
enfants, que jamais, vous m'entendez, jamais vous ne pourrez
cueillir des raisins sur des chardons ou sur des épines.
Souvenez-vous, enfants, que vos mains fébriles ne
doivent tendre leurs efforts qu'à préparer
votre terrain intime et secret.
Souvenez-vous que l'analyse est toujours indispensable même
si elle se fait dans la souffrance.
Souvenez-vous que votre vie n'est qu'épreuves, et
que chaque geste fait pour sortir de vous-même est
une nouvelle épreuve qu'il vous faut affronter et
subir et seule l'humilité profonde et l'acceptation
pourront vous faire admettre de déchirer le voile
qui couvre vos yeux.
Gardez ceci en vous, gardez-le jalousement car là
sera votre unique jalousie : cette jalousie d'un trésor
reçu que l'on veut préserver afin d'y puiser
à tous les instants de ses jours et de ses nuits,
l'essence de son âme.
Souvenez-vous, enfants, que vos yeux peuvent s'ouvrir.
Souvenez-vous, enfants, des paroles de Jésus, car
n'a-t-Il point dit :
« Si vous étiez aveugles, vous ne pécheriez
point. »
Vos yeux sont là pour voir, mais les yeux de votre
âme sont plus puissants encore pour percer les ténèbres
où vos pas vous conduisent, ces ténèbres
opaques qui vous font avancer en aveugles, et que pourtant,
dans l'orgueil du geste, vous gardez serrées autour
de vous pour empêcher le regard puissant qui, filtrant
des hauteurs célestes, pénétrera le
tréfonds de vos êtres.
Comme
l'herbe refuse la protection de la ramure alors que les
jours d'orage elle se sait à l'abri, trop d'entre
vous, enfants, rejettent la protection spirituelle ; trop
d'entre vous, enfants, n'acceptent que la protection de
leurs mains tendues au-dessus de leurs têtes.
Lorsqu'amis, sur une plage de sable doré, vous contemplez
la mer grondante, vous vous laissez aller souvent à
l'angoisse, et devant la puissance de flots qui se déchaînent
et qui vous rappellent votre impuissance à lutter,
vos pensées sont de crainte et de terreur et, quelquefois
-souvent- il vous est doux, après le tumulte des
flots qui se fracassent sur les rochers noirs, de retrouver
le havre de paix d'une demeure accueillante et la chaleur
d'un feu dansant et crépitant qui vous réchauffe.
Vous fuyez la tempête pour retrouver le havre de paix
et de quiétude, et jamais l'idée ne sera en
vous, lorsque les éléments grondants déchirent
les nues, de quitter cette coquille douillette pour aller
vous offrir, bras dressés et corps offerts aux assauts
puissants et rageurs. Pourquoi alors, enfants, quand cette
Lumière et cette chaleur d'amour vous sont données,
les rejeter d'un geste pour aller vous plonger dans l'élément
déchaîné ?
Fermez la porte à ces tempêtes ; fermez la
porte à ces bourrasques, fermez la porte à
la boue noire, horrible et sale
Blottissez-vous près
du feu qui danse, crépite et réchauffe, et
s'il vous semble entendre, dans les ténèbres
épaisses et dans la brume opaque, une voix qui appelle
: « Au secours !
» ne partez pas dans
la tempête sans vous être munis d'un bâton
solide et d'une lampe sûre, car les sons sont trompeurs
à travers le coton épais d'un brouillard intense.
Ne vous laissez pas, amis, guider par des voix qui vous
attireront, loin du havre de paix, vers le gouffre horrible.
Repoussez de même les élans de ceux qui veulent
vous conduire sur le chemin de ronces, et au contraire,
quand une voix vous appellera pour vous conduire sur le
chemin discret qui mène à cet arbre de vie,
allez, enfants, et dans un geste de confiance né
des élans d'humilité d'une âme qui sait
enfin accepter et répondre, vous confierez votre
main à cet ami souvent modeste, mais si pur et si
tendre, et vous irez enfin cueillir le fruit d'amour et
désaltérer vos lèvres à l'eau
vive d'une offrande spirituelle, dé-fi-ni-ti-ve-ment
lumineuse, vivante et pure.
Acceptez
ces paroles qui vont encore vous sembler dures et difficiles,
comme l'offrande faite à chacun, individuellement,
car vous êtes tous concernés, et si l'humilité
objective est en vous, vous saurez enfin en baissant la
tête, accepter la pensée que cette communication
que vous voudriez laisser aux autres, n'est en fait que
le cadeau qui vous est directement offert.
Alors,
enfants, quand, d'humilité en effort, d'effort en
travail, de travail en amour, quand d'amour en vertu, de
vertu en devoir, vous aurez enfin compris ce que nous voulions
vous offrir, vous trouverez dans un bouillonnement cette
fois impatient, la force, la puissance de gratter de vos
mains, d'arracher de vos mains, les ombres qui encore traînent
en lambeaux sordides dans le fonds de vos âmes, et
vous pourrez enfin purifier cet écrin que nous voulons
remplir du joyau merveilleux de l'offrande divine, vivante
et sublime.
Et
le cur gonflé cette fois de reconnaissance,
les yeux brouillés de douces larmes de bonheur, car
vous aurez rejeté de vos paupières les perles
salées et amères de la souffrance d'un orgueil
blessé à vif, vous vous découvrirez
tout autres.
Alors, remodelés, transformés, purifiés,
magnifiés, embellis, transcendés, vous saurez
que vos curs se sont ouverts enfin, et vous pourrez
y recevoir et y garder ce joyau précieux qui ne pouvait
se souiller au contact de la boue : le joyau de l'offrande
de ce Dieu qui enfin pourra, en irradiant dans vos êtres
sa Lumière chaude et vibrante, rester, demeurer et
vivre.
Et
enfin heureux, vous pourrez vous envoler vers des hauteurs
sublimes et lumineuses où vous pourrez enfin tendre
les mains et dire :
«
Gloire à Dieu !
»
archange
Raphaël
Médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle
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