Évangile de Thomas l'Israèlite

Extraits…

 
Écrits Apocryphes
   

« Lorsque Zacchée entendit l’enfant exposer tant de choses, il resta confondu de sa science, et il dit aux assistants : “Hélas ! malheureux que je suis, je me suis donné un sujet de regret, et j’ai attiré sur moi du déshonneur en attirant chez moi cet enfant ; reprends-le, je t’en conjure, mon frère Joseph ; je ne peux soutenir la force de ses raisonnements, et je ne saurais m’élever jusqu’à ses discours. Cet enfant n’est pas né sur la Terre ; il peut avoir de l’empire sur le feu ; il a peut-être été engendré avant la création du monde ; j’ignore quel est le ventre qui l’a porté et quel est le sein qui l’a allaité ; je suis tombé dans une grande erreur, j’ai voulu avoir un disciple et j’ai trouvé un maître ; je vois, mes amis, quelle est mon humiliation, car moi qui suis un vieillard, j’ai été vaincu par un enfant, et mon âme sera dans l’abattement, et je mourrai à cause de lui, et dès ce moment, je ne puis plus le regarder en face. Et quand la voix publique dira que j’ai été battu par cet enfant, qu’aurai-je à répondre et comment parlerai-je des règles et des éléments du premier caractère après tout ce qu’il en a dit ? Je ne connais ni le commencement, ni la fin de cet enfant. Je t’en conjure donc, mon frère Joseph, ramène-le chez toi : il est quelque chose de grand, c’est un Dieu ou un ange, je ne sais.” »

8.
« Et comme les Juifs donnaient des conseils à Zacchée, l’enfant se prit à rire et il dit : “Maintenant que les choses portent leurs fruits et que les aveugles de cœur voient, je suis venu d’en haut pour les maudire et pour les appeler à des objets plus élevés, tel est l’ordre que m’a donné celui qui m’a envoyé à cause de vous.” Et lorsqu’il eut fini de parler, tous ceux qui avaient été frappés de sa malédiction furent aussitôt guéris. Et depuis ce temps, personne n’osait provoquer sa colère de peur d’être maudit de lui et frappé de quelque mal. »

9.
« Peu de jours après, Jésus jouait sur une terrasse, au haut d’une maison, et l’un des enfants qui jouaient avec lui, tomba du haut du toit et mourut ; les autres enfants voyant cela prirent la fuite, et Jésus descendit seul. Et lorsque les parents de l’enfant qui était mort furent venus, ils accusaient Jésus de l’avoir poussé du haut du toit, et ils le chargeaient d’outrages. Et Jésus descendit du toit, et il s’approcha du cadavre de l’enfant, et il éleva la voix, il dit : “Zénon (c’était le nom de l’enfant), lève-toi et dis-moi si c’est moi qui t’ai fait tomber.” Et l’enfant se levant aussitôt, répondit : “Non, Seigneur, tu n’as pas causé ma chute, et tout au contraire, tu m’as ressuscité.” Et ceux qui étaient présents furent stupéfaits. Les parents de l’enfant glorifièrent Dieu à cause du miracle qui s’était opéré, et ils adorèrent Jésus. »

14.
« Le maître connaissait toute l’habileté de l’enfant et il le redoutait ; il écrivit cependant l’alphabet, et quand il voulut interroger Jésus, Jésus lui dit : “Si tu es vraiment un maître, si tu as la connaissance exacte des lettres, dis-moi quelle est la signification de la lettre Alpha, et je te dirai quelle est celle de la lettre Bêta.” Le Maître irrité, le poussa et le frappa à la tête. L’enfant, courroucé de ce traitement, le maudit, et aussitôt le maître tomba sans vie sur son visage. Et l’enfant revint au logis de Joseph qui en fut très affligé, et il dit à la mère de Jésus : “Ne le laisse pas franchir la porte de la maison, car tous ceux qui provoquent sa colère sont frappés de mort.” »

15.
« Et quelque temps après, un autre maître, qui était parent et ami de Joseph, lui dit : “Conduis cet enfant à mon école ; peut-être je réussirai mieux à lui enseigner les lettres en n’usant à son égard que de bons traitements.” Et il le prit avec lui avec crainte et regret ; l’enfant allait avec allégresse. Et entrant avec assurance dans l’école, il trouva un livre qui était par terre, et le prenant, il ne lisait pas ce qui était écrit ; lais ouvrant la bouche, il parlait d’après l’inspiration de l’Esprit-Saint, et il expliquait la loi aux assistants. Et une grande foule l’entourait, et tous étaient dans l’admiration de sa science et de ce qu’un enfant s’exprimait de cette façon. Joseph, apprenant cela, fut effrayé et il courut à l’école, craignant que le maître ne fût sans instruction. Et le maître dit à Joseph : “Tu vois, mon frère, que j’avais cet enfant pour disciple, mais il est plein de grâce et d’une extrême sagesse ; je t’en prie, mon frère, ramène-le dans ta maison.” Quand l’enfant entendit, il sourit et dit : “Parce que tu as bien parlé, et que tu as rendu bon témoignage, celui qui a été frappé sera guéri à cause de toi.” Et aussitôt l’autre maître fut guéri. Et Joseph prit l’enfant et il alla dans sa maison.