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Ce
n'est point une religion nouvelle, mais la consécration
de cette religion universelle dont le Christ a posé
les bases, et qu'il vient aujourd'hui amener au couronnement.
Envisageons donc le Spiritisme sous le point de vue moral
et philosophique.
Quel est le sens exact du mot philosophie ?
La philosophie n'est pas une négation des lois établies
de la Divinité, de la religion. Loin de là
; la philosophie est la recherche de ce qui est sage, de
ce qui est le plus exactement raisonnable ; et qu'est-ce
qui peut être plus sage, plus raisonnable que l'amour
et la reconnaissance que l'on doit au Créateur, et,
par conséquent, le culte, quel qu'il soit, qui peut
servir à Lui prouver cette reconnaissance et cet
amour ?
La religion, et tout ce qui peut vous y porter, est donc
une philosophie, car c'est une sagesse de l'homme qui s'y
soumet avec joie et docilité.
Ceci posé, voyons ce que vous pouvez tirer du Spiritisme
mis sérieusement en pratique. Quel est le but où
tendent tous les hommes, dans quelque position qu'ils se
trouvent ?
L'amélioration de leur position présente ;
or, pour atteindre ce but, ils courent de tous côtés,
se fourvoyant pour la plupart, parce qu'aveuglés
par leur orgueil, entraînés par leur ambition,
ils ne voient pas la route unique pour mener à cette
amélioration ; ils la cherchent à tort dans
la satisfaction de leur orgueil, de leurs instincts brutaux,
de leur ambition, alors qu'ils ne peuvent vraiment la trouver
que dans l'amour et la soumission dûs au Créateur.
Le Spiritisme vient donc dire aux hommes : Quittez ces sentiers
ténébreux remplis de précipices, entourés
d'épines et de ronces, et entrez dans le chemin qui
mène au bonheur que vous rêvez. Soyez sages
pour être heureux ; comprenez, mes amis, que les biens
de la Terre ne sont, pour les hommes, que des embûches
dont ils doivent se garantir ; ce sont les écueils
qu'ils doivent éviter ; c'est pourquoi le Seigneur
a permis qu'on vous laissât enfin voir la lumière
de ce phare qui doit vous conduire au port.
Les douleurs et les maux que vous endurez avec impatience
et révolte sont le fer rouge que le chirurgien applique
sur la plaie béante, afin d'empêcher la gangrène
de perdre tout le corps. Votre corps, mes amis, qu'est-ce
que cela pour un Spirite ?
Que doit-il sauver ?
Que doit-il préserver de la contagion ?
Que doit-il cicatriser par tous les moyens possibles, si
ce n'est la plaie qui ronge son esprit, l'infirmité
qui l'entrave et l'empêche de s'élancer radieux
vers son Créateur ?
Ramenez toujours vos yeux sur cette pensée philosophique,
c'est-à-dire pleine de sagesse : nous sommes une
essence créée pure mais déchue ; nous
appartenons à une patrie où tout est pureté
; coupables, nous avons été exilés
pour un temps, mais pour un temps seulement ; employons
donc toutes nos forces, toute notre énergie à
diminuer ce temps d'exil ; efforçons-nous, par tous
les moyens que le Seigneur a mis en notre pouvoir, de reconquérir
cette patrie perdue et d'abréger le temps de l'absence.
Comprenez
bien que votre sort futur est entre vos mains ; que la durée
de vos épreuves dépend entièrement
de vous ; que le martyr a toujours droit à une palme,
et qu'il ne s'agit pas pour être martyr d'aller, comme
les premiers chrétiens, servir de pâture aux
animaux féroces. Soyez martyrs de vous-mêmes ;
brisez, broyez en vous tous les instincts charnels qui se
révoltent contre l'Esprit ; étudiez avec soin
vos penchants, vos goûts, vos idées ;
méfiez-vous de tous ceux que votre conscience réprouve.
Si bas qu'elle vous parle, car elle a pu être repoussée
souvent, si bas qu'elle vous parle, cette voix de votre
protecteur vous dira d'éviter ce qui peut vous nuire.
De tout temps la voix de votre Ange gardien vous a parlé,
mais combien ont été sourds !
Aujourd'hui, mes amis, le Spiritisme vient vous expliquer
la cause de cette voix intime ;
il vient vous dire positivement, il vient vous montrer,
vous faire toucher du doigt ce que vous pouvez espérer
si vous l'écoutez docilement ; ce que vous devez
craindre si vous le rejetez.
Voilà, mes amis, pour l'homme en général,
le côté philosophique : c'est de vous apprendre
à vous sauver vous-mêmes. N'y cherchez pas,
mes enfants, comme le font les ignorants, des distractions
matérielles, des satisfactions de curiosité.
N'allez pas, sous le moindre prétexte, appeler à
vous des Esprits dont vous n'avez nul besoin ;
contentez-vous de vous remettre toujours aux soins et à
l'amour de vos Guides spirituels ; eux ne vous manqueront
jamais.
Quand réunis dans un but commun : l'amélioration
de votre Humanité, vous élevez vos curs
vers le Seigneur, que ce soit pour Lui demander ses bénédictions
et l'assistance des bons Esprits auxquels Il vous a confiés.
Examinez bien autour de vous s'il n'y a pas de faux frères,
de curieux, d'incrédules. S'il s'en trouve, priez-les,
avec douceur, avec charité, de se retirer. S'ils
résistent, contentez-vous de prier avec ferveur le
Seigneur de les éclairer, et une autre fois ne les
admettez pas à vos travaux. Ne recevez parmi vous
que les hommes simples qui veulent chercher la vérité
et le progrès.
Quand vous êtes sûrs des frères qui se
trouvent réunis en présence du Seigneur, appelez
à vous vos Guides et demandez-leur des instructions
; ils vous en donneront toujours de proportionnées
à vos besoins, à votre intelligence ; mais
ne cherchez pas à satisfaire la curiosité
de la plupart de ceux qui demandent des évocations.
Presque toujours ils s'en iront moins convaincus et plus
prêts à la raillerie
Que ceux qui veulent
évoquer leurs parents, leurs amis, ne le fassent
jamais que dans un but d'utilité et de charité
; c'est une action sérieuse, très sérieuse,
que d'appeler à soi les Esprits qui errent autour
de vous.
Si vous n'y apportez pas la foi et le recueillement nécessaires,
les Esprits méchants se présenteront à
la place de ceux que vous attendez, vous tromperont, vous
feront tomber dans de profondes erreurs et vous entraîneront
quelquefois dans des chutes terribles !
N'oubliez donc pas, mes amis, que le Spiritisme, sous le
point de vue religieux n'est que la confirmation du Christianisme,
parce que le Christianisme rentre tout entier dans ces mots
: aimer le Seigneur par-dessus toutes choses, et le prochain
comme soi-même. N'oubliez donc pas, mes amis, que
sous le point de vue philosophique, c'est la ligne droite
et sage qui doit vous mener au bonheur que tous vous ambitionnez,
et cette ligne vous est tracée en partant d'un point
sûr, démontré : l'immortalité
de l'âme, pour arriver à un autre point qu'aucun
ne peut nier : Dieu !
Bernardin
4 Avril 1862
Bordeaux
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