Le but essentiel du Spiritisme est l'amélioration de l'être…

Allan Kardec



 

 

 

Qu'est le Spiritisme ?

 

Spirite

Le pourquoi de la vie…

   

Ce n'est point une religion nouvelle, mais la consécration de cette religion universelle dont le Christ a posé les bases, et qu'il vient aujourd'hui amener au couronnement.

Envisageons donc le Spiritisme sous le point de vue moral et philosophique.
Quel est le sens exact du mot philosophie ?
La philosophie n'est pas une négation des lois établies de la Divinité, de la religion. Loin de là ; la philosophie est la recherche de ce qui est sage, de ce qui est le plus exactement raisonnable ; et qu'est-ce qui peut être plus sage, plus raisonnable que l'amour et la reconnaissance que l'on doit au Créateur, et, par conséquent, le culte, quel qu'il soit, qui peut servir à Lui prouver cette reconnaissance et cet amour ?
La religion, et tout ce qui peut vous y porter, est donc une philosophie, car c'est une sagesse de l'homme qui s'y soumet avec joie et docilité.

Ceci posé, voyons ce que vous pouvez tirer du Spiritisme mis sérieusement en pratique. Quel est le but où tendent tous les hommes, dans quelque position qu'ils se trouvent ?
L'amélioration de leur position présente ; or, pour atteindre ce but, ils courent de tous côtés, se fourvoyant pour la plupart, parce qu'aveuglés par leur orgueil, entraînés par leur ambition, ils ne voient pas la route unique pour mener à cette amélioration ; ils la cherchent à tort dans la satisfaction de leur orgueil, de leurs instincts brutaux, de leur ambition, alors qu'ils ne peuvent vraiment la trouver que dans l'amour et la soumission dûs au Créateur.
Le Spiritisme vient donc dire aux hommes : Quittez ces sentiers ténébreux remplis de précipices, entourés d'épines et de ronces, et entrez dans le chemin qui mène au bonheur que vous rêvez. Soyez sages pour être heureux ; comprenez, mes amis, que les biens de la Terre ne sont, pour les hommes, que des embûches dont ils doivent se garantir ; ce sont les écueils qu'ils doivent éviter ; c'est pourquoi le Seigneur a permis qu'on vous laissât enfin voir la lumière de ce phare qui doit vous conduire au port.
Les douleurs et les maux que vous endurez avec impatience et révolte sont le fer rouge que le chirurgien applique sur la plaie béante, afin d'empêcher la gangrène de perdre tout le corps. Votre corps, mes amis, qu'est-ce que cela pour un Spirite ?
Que doit-il sauver ?
Que doit-il préserver de la contagion ?
Que doit-il cicatriser par tous les moyens possibles, si ce n'est la plaie qui ronge son esprit, l'infirmité qui l'entrave et l'empêche de s'élancer radieux vers son Créateur ?
Ramenez toujours vos yeux sur cette pensée philosophique, c'est-à-dire pleine de sagesse : nous sommes une essence créée pure mais déchue ; nous appartenons à une patrie où tout est pureté ; coupables, nous avons été exilés pour un temps, mais pour un temps seulement ; employons donc toutes nos forces, toute notre énergie à diminuer ce temps d'exil ; efforçons-nous, par tous les moyens que le Seigneur a mis en notre pouvoir, de reconquérir cette patrie perdue et d'abréger le temps de l'absence.

Comprenez bien que votre sort futur est entre vos mains ; que la durée de vos épreuves dépend entièrement de vous ; que le martyr a toujours droit à une palme, et qu'il ne s'agit pas pour être martyr d'aller, comme les premiers chrétiens, servir de pâture aux animaux féroces. Soyez martyrs de vous-mêmes ; brisez, broyez en vous tous les instincts charnels qui se révoltent contre l'Esprit ; étudiez avec soin vos penchants, vos goûts, vos idées ; méfiez-vous de tous ceux que votre conscience réprouve. Si bas qu'elle vous parle, car elle a pu être repoussée souvent, si bas qu'elle vous parle, cette voix de votre protecteur vous dira d'éviter ce qui peut vous nuire. De tout temps la voix de votre Ange gardien vous a parlé, mais combien ont été sourds !
Aujourd'hui, mes amis, le Spiritisme vient vous expliquer la cause de cette voix intime ;
il vient vous dire positivement, il vient vous montrer, vous faire toucher du doigt ce que vous pouvez espérer si vous l'écoutez docilement ; ce que vous devez craindre si vous le rejetez.
Voilà, mes amis, pour l'homme en général, le côté philosophique : c'est de vous apprendre à vous sauver vous-mêmes. N'y cherchez pas, mes enfants, comme le font les ignorants, des distractions matérielles, des satisfactions de curiosité. N'allez pas, sous le moindre prétexte, appeler à vous des Esprits dont vous n'avez nul besoin ;
contentez-vous de vous remettre toujours aux soins et à l'amour de vos Guides spirituels ; eux ne vous manqueront jamais.
Quand réunis dans un but commun : l'amélioration de votre Humanité, vous élevez vos cœurs vers le Seigneur, que ce soit pour Lui demander ses bénédictions et l'assistance des bons Esprits auxquels Il vous a confiés. Examinez bien autour de vous s'il n'y a pas de faux frères, de curieux, d'incrédules. S'il s'en trouve, priez-les, avec douceur, avec charité, de se retirer. S'ils résistent, contentez-vous de prier avec ferveur le Seigneur de les éclairer, et une autre fois ne les admettez pas à vos travaux. Ne recevez parmi vous que les hommes simples qui veulent chercher la vérité et le progrès.

Quand vous êtes sûrs des frères qui se trouvent réunis en présence du Seigneur, appelez à vous vos Guides et demandez-leur des instructions ; ils vous en donneront toujours de proportionnées à vos besoins, à votre intelligence ; mais ne cherchez pas à satisfaire la curiosité de la plupart de ceux qui demandent des évocations. Presque toujours ils s'en iront moins convaincus et plus prêts à la raillerie… Que ceux qui veulent évoquer leurs parents, leurs amis, ne le fassent jamais que dans un but d'utilité et de charité ; c'est une action sérieuse, très sérieuse, que d'appeler à soi les Esprits qui errent autour de vous.
Si vous n'y apportez pas la foi et le recueillement nécessaires, les Esprits méchants se présenteront à la place de ceux que vous attendez, vous tromperont, vous feront tomber dans de profondes erreurs et vous entraîneront quelquefois dans des chutes terribles !
N'oubliez donc pas, mes amis, que le Spiritisme, sous le point de vue religieux n'est que la confirmation du Christianisme, parce que le Christianisme rentre tout entier dans ces mots : aimer le Seigneur par-dessus toutes choses, et le prochain comme soi-même. N'oubliez donc pas, mes amis, que sous le point de vue philosophique, c'est la ligne droite et sage qui doit vous mener au bonheur que tous vous ambitionnez, et cette ligne vous est tracée en partant d'un point sûr, démontré : l'immortalité de l'âme, pour arriver à un autre point qu'aucun ne peut nier : Dieu !

Bernardin
4 Avril 1862
Bordeaux