Ce n'est pas faire preuve de sagesse que de refuser d'examiner des phénomènes parce que nous croyons être sûrs de leur impossibilité.
Comme si notre connaissance de l'Univers était complète !

Comte de Rochas d'Aiglun

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Eglise, qui aurait dû être la fille de Dieu est en train de crever les yeux des masses qui la contemplent et qui attendent…

archange Raphaël
quand le Ciel parle…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Spirite
   

D'Amérique, la vague du Spiritisme déferla sur l'Europe où il se produisit un mouvement spiritualiste important, et alors réapparut une croyance reléguée depuis longtemps dans le domaine des superstitions : la croyance en l'existence d'êtres invisibles dont les textes anciens nous rapportent tant de preuves, et en l'idée de la perfectibilité de l'âme, de la permanence du moi. Car le Spiritisme n'est pas une doctrine nouvelle, loin de là. Il existe depuis que le monde -ou plutôt l'Univers- existe, mais comme toutes les doctrines philosophiques, il a eu ses moments d'arrêt car il semblait être en opposition avec les doctrines de sectes puissantes qui avaient intérêt à le voir disparaître.

L’église catholique estimant qu'il allait saper ses bases, ne l'avait-elle pas condamné par le concile de Chalcédoine, puis par le concile V de Constantinople dans la personne d'Origène qui enseignait la préexistence des âmes dans des régions supérieures d'où elles venaient animer des corps terrestres. Elle condamna en fait plus des détails de son enseignement que l'opinion générale de la croyance que professait Origène qui voulait que les hommes soient des anges déchus. Voici d'ailleurs une des propositions d'Origène réprouvée par le concile de Constantinople en 543 :
« Si quelqu'un dit, ou pense, que les âmes des hommes préexistent, en tant que ayant été auparavant des esprits et des vertus (puissances) saintes, et qu'elles ont pris satiété de la contemplation divine, qu'elles se sont perverties et qu'en conséquence l'amour de Dieu s'est refroidi en elles, à cause de quoi on les a appelées âmes (souffles), et qu'elles ont été envoyées dans des corps comme châtiment : qu'il soit anathème. »

En analysant la théorie d'Origène qui expliquait, certes, la préexistence des âmes, mais qui indiquait aussi clairement l'évolution humaine au cours de renaissances successives en disant :
« N'est-il pas raisonnable que les âmes soient introduites dans des corps en rapport avec leurs mérites et leurs actions antérieures et que celles qui ont employé leurs corps à faire le plus de bien possible, aient droit à un corps doué de qualités supérieures au corps des autres ? »

ou en disant encore :
« L'âme, étant immatérielle et invisible, ne peut exister en aucun lieu matériel sans revêtir un corps approprié à ce lieu ;
elle rejette, à un moment donné, un corps qui lui était nécessaire jusque-là mais dont elle n'a plus besoin maintenant, et elle le change pour un autre. »
on se rendra compte que le concile a plus été blessé par la forme que par la théorie elle-même qui se résumait comme suit :
« L'inégalité des créatures humaines n'est que l'effet de leur propre mérite, parce que toutes les âmes ont été créées simples, libres, naïves et innocentes par leur ignorance même, et toutes, par là aussi, absolument égales.
Le plus grand nombre tomba dans le péché, et, à proportion de leurs fautes, elles furent renfermées dans des corps plus ou moins grossiers, créés exprès pour leur servir de prison.
De là, les traitements divers de la famille humaine.
Mais, quelque grave que soit la chute, elle n'entraîne jamais le retour de l'esprit coupable à l'état de brute ; elle l’oblige seulement à recommencer de nouvelles existences, soit ici-bas, soit dans d'autres mondes, jusqu'à ce que, fatigué de souffrir, il se soumette à la loi du progrès et s'améliore.
Tous les Esprits sont sujets à passer du bien au mal et du mal au bien. Les peines décernées pas le Dieu Bon ne sont que médicinales, et les démons eux-mêmes cesseront un jour d'être les ennemis du bien et l'objet des rigueurs de l'Eternel. »

Le Spiritisme n'allègue pas que les âmes reviennent sur Terre par lassitude de la contemplation divine et des sphères astrales, ces sphères lumineuses qu'elles aspirent à atteindre un jour ; il n'allègue pas non plus que la loi de réincarnation doive être considérée exclusivement comme une mesure expiatoire envoyée par Dieu mais comme une possibilité d'évolution accomplie dans des vies successives où ces âmes pourront s'amender, se perfectionner, s'idéaliser pour atteindre à leur but.

Le Spiritisme enseigne en parallèle la reconnaissance et l'amour de Dieu, l'amour du prochain et de la création ; il prône l'égalité entre les hommes, la bonté, la charité, la tolérance, le respect d'autrui, le pardon des offenses, mêmes principes éthiques que ceux de toutes religions comme le rappelait Léon Denis disant :
« L'idéal que proclament les voix du monde invisible n'est pas différent de celui du fondateur du christianisme. »

Peut-être est-ce d'ailleurs pour cela que l'Eglise catholique qui prétendait détenir le monopole de la vérité et qui avait pourtant été obligée de reconnaître certains faits spirites comme indiscutables -les nier eût été aller à l'encontre de nombreux faits "spirites" cités dans les livres saints- avait eu une réaction particulièrement négative et antagoniste face à cette philosophie, en affirmant que les causes de ces manifestations qui dépassaient les capacités humaines ne pouvaient être que diaboliques.
Cet anathème jeté sur le Spiritisme n'a-t-il pas été le fait des siècles ?
L'enseignement purement spiritualiste de Jésus qui apportait la lumière dans une époque de troubles religieux et de superstition a été persécuté par les Scribes et les Pharisiens.

Souvenons-nous qu'après la mort du Christ, ceux qui ont essayé de faire connaître, de divulguer son enseignement ont été également persécutés, injuriés, poursuivis, lapidés, et ce jusqu'au début du quatrième siècle où l'empereur Constantin, s'intéressant à eux pour des raisons politiques, devint chrétien et partant, fondateur du Christianisme moderne. Mais cet empereur assassin de sa femme, de son fils, de son beau-père, de son beau-frère, de son neveu, ne devint chrétien que parce qu'il avait été absous par les prêtres chrétiens alors que l'absolution lui avait été refusée par les prêtres païens.

C'est ainsi que les premiers chrétiens commencèrent à jouir de l'appui de l'Etat comme le rappelle ce texte paru en 1894 :

« …Quand l'empire romain fut ébranlé, les chrétiens s'approprièrent le pouvoir suprême, ce qui ne leur réussit néanmoins que par le terrorisme, par la persécution de ceux qui pensaient autrement qu'eux, et par le fanatisme de leurs prêtres.
Il est vrai qu'à cette époque, les chefs de l'Eglise catholique romaine avait enseigné la résurrection des Esprits en y ajoutant seulement que cela ne pouvait se faire que par la foi dans le Christ, que les non-croyants iraient en enfer, mais les preuves leur manquaient pour faire comprendre cette assertion. En somme, le christianisme, pareil au mahométisme, s'est propagé plus par la terreur que par la conviction. Les cruelles persécutions des païens et des Juifs, les guerres saxonnes, les exécutions de sorcières par le feu, la Saint-Barthélemy, la guerre de Trente Ans et l'intolérance qui existe encore aujourd'hui entre les sectes chrétiennes, donnent un mauvais exemple de la "religion de l'amour" dont on se couvre si hypocritement.
Malgré tout cela, le pur fondement spiritualiste s'est constamment conservé chez quelques uns. De tous les temps, il y avait des médiums qui étaient en rapport avec le monde des Esprits, mais qui, le plus souvent, gardaient pour eux la vérité reconnue.
Le feu du spiritualisme et de ses rapports avec les Esprits a continué à couver secrètement, en attendant qu'un temps plus éclairé fût arrivé. Ce temps se fit jour au moment où le nord d'Amérique se débarrassa du joug britannique, en déclarant tout homme libre et en permettant à chacun d'exprimer librement son opinion.
Il n'est donc pas étonnant que le phénomène des Esprits frappeurs qui a existé de tout temps se soit manifesté de prime abord en Amérique, comme preuve de notre survie propre, et que de là, cette découverte se soit étendue sur le monde entier. Une pareille apparition qui contredit toute foi religieuse et tout dogme scientifique ne pouvait se frayer un chemin que parmi un peuple dégagé de toute superstition. La loi naturelle spirituelle du rapport avec le monde invisible ne pouvait pas renaître en Europe où la conscience est encore enchaînée par la dogmatique ecclésiastique, où les savants pédants ne peuvent sortir du cercle étroit du matérialisme qu'ils ont créé eux-mêmes ; la preuve se trouve dans l'opposition contre l'enseignement spiritualiste qui, aujourd'hui encore, domine dans les Universités.

A vrai dire, l'Eglise poussait des cris de joie au commencement, parce qu'elle y voyait une confirmation de l'immortalité qu'elle enseignait, mais lorsque les esprits des défunts, par leurs médiums, ne voulurent pas reconnaître les dogmes et le "Saint-Sacrement", "l'humanité rachetée par le Christ", "la damnation éternelle" et d'autres doctrines erronées créées par les hommes, ce fut alors tout à coup l'Antéchrist qui avait apporté le spiritualisme sur la Terre.
Et cependant, toute conception religieuse sur Terre est née du spiritualisme, mais la conception spiritualiste de la vie ne s'est jamais révélée aussi pure et aussi évidente que depuis que les preuves données par d'innombrables médiums ont surgi dans une masse toujours plus compacte. C'est pour cela que le spiritualisme ne peut plus être inquiété par le terrorisme, par la menace du bûcher et par des bulles pontificales, car son action dans toutes les circonstances de la vie a déjà commencé.

Les plus grands politiciens, presque tous les princes de l'Europe, des prêtres bien pensants et des savants honnêtes ont déjà compris qu'une telle philosophie qui est à même de prouver ce qu'elle enseigne, est d'une grande portée pour le progrès spirituel, social et moral de l'Humanité, car on sait aujourd'hui que chaque poète, chaque homme de lettres, chaque grand peintre, sculpteur, inventeur, orateur etc… a son génie par l'influence du dehors… »

En 1854, l'Archevêque de Québec condamnait le Spiritisme en affirmant que :
« les âmes des bienheureux ne se priveront jamais, même pour un seul moment, de l'immense jouissance de voir Dieu, uniquement pour satisfaire la curiosité des vivants. Quant aux âmes des condamnés, elles n'ont aucune possibilité d'accourir à des invocations, puisqu'elles sont reléguées, pour toute l'éternité, dans les feux de l'enfer.
Qui alors, si ce n'est le diable en personne et ses infernales légions, pouvait bien être la source de ces phénomènes ? »

L'Eglise ne devait pas se départir de ces prises de position dans le suivi du temps -les choses restant identiques de nos jours- et le 24 avril 1917, à Rome, elle rendait une condamnation publique et sans appel du Spiritisme en ces termes :
« En assemblée plénière, aux éminentissimes et révérendissimes cardinaux, inquisiteurs généraux de la foi et des coutumes, il a été demandé :
“Est-il permis, par l'intermédiaire des médiums, comme on les appelle, ou sans leur collaboration, en faisant ou non usage de l'hypnose, d'assister à des manifestations spirites de quelque genre que ce soit, même avec des intentions honnêtes de pitié, d'interroger les âmes ou Esprits, ou d'en écouter les réponses, en tant que simples observateurs, même en affirmant tacitement et expressément de ne vouloir rien avoir à faire avec les mauvais Esprits ?”

Les pères éminentissimes et révérendissimes ont répondu négativement à tous les points. »

Deux jours plus tard, le Saint Père approuva cette décision.

 

Rappelons que certains Esprits très évolués ne se réincarnent que pour nous aider dans notre évolution sur Terre, pour accomplir une mission, pour servir de guides, d'accompagnateurs, d'exemples aux masses dans les périodes difficiles ou troublées que, par suite de ce que l'on pourrait appeler un "karma de peuple", des nations auront à vivre.
Le plus illustre exemple n'est-il pas celui de Jésus ?
Il en est de même dans d'autres religions, et nous devons admettre que ces illustres instructeurs, qu'ils aient nom : Jésus, Bouddha, Moïse, Krishna, ont dispensé un enseignement émanant du monde divin et inspiré par Dieu.

Ces paroles de Krishna à Arjuna, son disciple bien-aimé, tirées de "Bhagavad Gità", ne résument-elles pas la doctrine spirite sur la réincarnation ?
« De même que ce corps mortel passe par les phases successives de l'enfance, de la jeunesse et de la vieillesse, de même, après la mort du corps, l'âme en revêt un nouveau…
…Comme l'on quitte des vêtements usés pour en prendre de nouveaux, l'âme abandonne les corps usés pour en prendre de nouveaux… J'ai eu bien des naissances, et toi aussi, Arjuna ; je les connais toutes, mais toi tu les ignores.
L'homme de bien, quand son corps meurt, se rend à la demeure des purs, il y reste de longues années, puis il renaît dans une famille de sages et de purs… alors il reprend les pieux exercices qu'il avait pratiqués dans sa vie antérieure et s'approche d'un pas de plus vers la perfection.
Quand il a dompté le mental par l'effort, le yogi purifié de ses fautes, perfectionné par des naissances successives, entre enfin dans la voie suprême… et après un certain nombre de naissances, il vient à moi… et celui qui m'atteint n'a plus à renaître. »

Plus modestement d'autres Esprits sont revenus, souvent volontairement et dans un esprit de sacrifice -tel Gandhi- jouer ce rôle sur Terre.

On retrouvait partout cette doctrine de la réincarnation : le Bouddhisme adoptait l'idée de la transmigration des âmes à travers des formes successives, expliquant que l'âme accumule sur elle-même les suites bonnes ou mauvaises de toutes ses migrations.

En Egypte, les prêtres enseignaient que mourir était seulement revêtir une forme nouvelle et que l'âme pouvait se purifier dans des vies futures par une série de transmigrations dans diverses formes animales.
Pythagore enseignait que les âmes passant par une série de migrations et d'épreuves, s'élevaient progressivement par la vertu, et s'abaissaient par le vice. Il prétendait se souvenir avoir existé autrefois et rappelait quelques-unes des existences qu'il avait successivement vécues sur la Terre. Il disait avoir été le guerrier Euphorbe qui assistait au siège de Troie. Il avait d'ailleurs reconnu dans le temple d'Apollon le bouclier que Ménélas, à son retour de Troie, avait consacré à ce Dieu, en reconnaissance de sa victoire sur Euphorbe.

Deux grands poètes et philosophes, parmi les plus illustres du siècle d'Auguste, affirmaient aussi la réincarnation.

Virgile disait :
« Après avoir ainsi tourné la roue de l'existence, ces âmes vont par flots nombreux au fleuve Léthé où Dieu les appelle pour qu'elles y perdent le souvenir du passé et qu'elles désirent retourner de nouveau dans un corps. »

Ovide l'exprimait aussi :
« La mort ne peut tuer ton âme ;
chaque fois que celle-ci retourne à la terre, elle cherche une nouvelle habitation, et avec une puissance que rien ne peut altérer, donne vie et lumière à la nouvelle forme. »

Lucain, neveu de Sénèque, n'affirmait-il pas que les ombres des morts se mêlent aux vivants ? Voici ce qu'il disait aux Gaulois dans le chant Ier de la Pharsale :
« Pour vous, les ombres ne s'ensevelissent pas dans les sombres royaumes de l'Erèbe, mais l'âme s'envole pour animer d'autres corps dans des mondes nouveaux.
La mort n'est que le milieu d'une longue vie…
Ils sont heureux ces peuples qui ne connaissent pas la crainte suprême du trépas ! De là leur héroïsme au milieu des sanglantes mêlées et leur mépris de la mort. »

Plutarque nous apprend que, fort souvent, d'excellents Esprits intervenaient dans les mystères quoique parfois des Esprits pervers cherchassent à s'y introduire.

César nous apprend à son tour que les Gaulois croyaient à la pluralité des existences, les âmes passant après la mort dans d'autres corps.

Chez les Romains, on évoquait les châtiments éternels qui attendaient les coupables dans "le Hadès" -lieu souterrain, séjour des morts- qui devenait enfer, mais on évoquait également les joies dont jouissent les âmes des justes qui, possédant alors comme les dieux, la connaissance de toutes choses, contemplent la merveilleuse harmonie de la nature et continuent à s'intéresser aux destinées de leur race qu'elles voient même dans l'avenir, d'où l'idée toute naturelle d'évoquer les âmes des morts, idée qu'on retrouvait déjà dans Homère et Cicéron qui disait qu'Appius en faisait sa pratique habituelle.
Cette pratique que l'on nomme, je le rappelle, nécromancie, était déjà connue des Hébreux mais interdite par la loi de Moïse, ce qui n'empêcha pas Saül, bien qu'il eût poursuivi les évocateurs de ses rigueurs, de consulter la Pythonisse d'Endor pour faire évoquer l'âme de Samuel.
Retrouvons cette émouvante évocation dans le Ier Livre de Samuel [chapitre 28 - versets 3 à 20] :
« Samuel était mort ; tout Israël avait fait son deuil, et on l'avait enseveli à Rama, dans sa ville.
Et Saül avait expulsé du pays les nécromants ceux qui évoquaient les morts- et les devins.
Tandis que les Philistins, s'étant groupés, venaient camper à Chounam, Saül rassembla tout Israël et ils campèrent à Guilboa. Lorsque Saül vit le camp philistin, il eut peur et son cœur trembla beaucoup.
Saül consulta Yahweh mais Yahweh ne lui répondit ni par les songes, ni par les sorts, ni par les prophètes.
Saül dit alors à ses serviteurs :
“Cherchez-moi une nécromancienne, que j'aille chez elle et que je la consulte.”
Ses serviteurs lui répondirent :
“Il y a une nécromancienne à Endor.”
Saül se déguisa et endossa d'autres vêtements, puis il partit avec deux hommes, et ils arrivèrent de nuit chez la femme et Saül lui dit :
“Je t'en prie, fais-moi dire l'avenir par un revenant et évoque pour moi celui que je te dirai.”
La femme lui répondit :
“Voyons, tu sais toi-même ce qu'a fait Saül, comment il a supprimé du pays ceux qui évoquent les Esprits et les devins ; pourquoi tends-tu un piège à ma vie pour me faire mourir ?”
Alors Saül lui fit ce serment par Yahweh :
“Aussi vrai que Yahweh est vivant, dit-il, tu n'encourras aucun blâme pour cette affaire.”
Et la femme demanda :
“Qui faut-il évoquer pour toi ?”
et il répondit : “Evoque-moi Samuel.”
Alors la femme vit Samuel,
et poussant un grand cri, elle dit à Saül :
“Pourquoi m'as-tu trompée ? Tu es Saül !”
Le roi lui dit :
“N'aie pas peur ! mais que vois-tu ?”
Et la femme répondit à Saül :
“Je vois un spectre qui monte de la terre.”
Saül lui demanda :
“Quelle apparence a-t-il ?”
Et la femme répondit :
“C'est un vieillard qui monte…
il est drapé dans un manteau.”
Alors Saül sut que c'était Samuel, et s'inclinant la face contre terre, il se prosterna.
Samuel dit à Saül :
“Pourquoi as-tu troublé mon repos en m'évoquant ?”
“C'est” répondit Saül “que je suis dans une grande angoisse : les Philistins me font la guerre et Dieu s'est détourné de moi ; il ne me répond plus, ni par les prophètes, ni en songe. Alors je t'ai appelé pour que tu m'indiques ce que je dois faire.”
Samuel dit :
“Pourquoi me consulter quand Yahweh s'est détourné de toi et est devenu ton adversaire ? Yahweh t'a fait comme il t'avait dit par mon entremise : il a arraché la royauté de ta main et il l'a donnée à ton compagnon, à David parce que tu n'as pas obéi à Yahweh, et que tu n'as pas satisfait l'ardeur de sa colère contre Amaleq. C'est pour cela que Yahweh t'a traité de la sorte aujourd'hui. De plus, Yahweh livrera, en même temps que toi, ton peuple Israël, aux mains des Philistins. Demain, toi et tes fils vous serez avec moi, le camp d'Israël aussi ; Yahweh le livrera aux mains des Philistins.”
Aussitôt Saül tomba par terre de tout son long.
Il était terrifié par les paroles de Samuel »

En Grèce, comme à Rome, il y eut partout des oracles des morts et cette pratique prit de telles proportions qu'il fallut en demander la répression, mais elle n'en devint pas moins une puissance avec laquelle le christianisme entra en lutte dans le commencement.
Mêmes convictions en Chine, en Égypte, dans l'Inde où l'on disait que les âmes des morts ne quittaient pas la Terre, mais y demeuraient invisibles avec la faculté de se manifester aux vivants si elles le jugeaient à propos.
Dans la mythologie, il existait une croyance : les morts non ensevelis errent sans fin sur les bords du Styx, et la plus grande vengeance que l'on pouvait exercer contre un ennemi était, bien sûr, de le priver de sépulture.
Ces âmes errantes reviennent et continuent à se plaindre tant qu'on ne les a pas apaisées en leur donnant un tombeau ou, si l'on ne peut retrouver les corps, en construisant un cénotaphe à leur intention.
En Grèce, les morts étaient sacrés, on leur rendit un culte, ils étaient "les bons" qu'on invoquaient comme protecteurs des foyers, des familles et des cités. On leur réservait les noms de "démons" ou de "héros" et ceux auxquels la légende prêtait un pouvoir surnaturel recevaient un hommage spécial rendu avec des rites particuliers par l'oracle de Delphes.
A Rome, on faisait des morts de véritables dieux, les dieux mânes, qui demandaient à être honorés et qui apparurent plusieurs fois pour demander des autels.

Dans les temples du centre de l'Amérique, on communique également avec les âmes.
Partout la vie questionne et la mort répond,
et si tant de peuples ont adhéré à ces croyances et les ont intégrées à leurs vies, n'est-ce pas là un plaidoyer en faveur de ces croyances populaires : la croyance en l'immortalité de l'âme et en une autre vie ?…
Partout la vie questionne et la mort répond,
mais alors que l'étude des rapports qui unissaient le monde des vivants au monde invisible était dans ce temps le privilège d'un petit nombre d'initiés, elle devint au dix-neuvième siècle le privilège de tous, et le Spiritisme et toutes les sciences ésotériques qui s'y rattachent, enseignèrent au grand jour toutes ces vérités jadis tenues rigoureusement secrètes et cachées aux vulgaires.

Les Egyptiens, les Chaldéens, les Perses, les Mèdes, les Indiens, les Hébreux, les Grecs et les Romains connaissaient en effet toutes ces sciences occultes que les nouvelles civilisations s'efforçaient de reconstituer, et les mystères égyptiens, les mystères de ces autres peuples anciens enseignaient que la totale connaissance de ces vérités ésotériques ne pouvait être révélée qu'aux seuls initiés qui avaient pu traverser les épreuves auxquelles ils avaient été soumis.
« Il faut » disaient-ils « mesurer la vérité selon les intelligences, la voiler aux faibles, auxquels elle ferait perdre la raison, la cacher aux méchants qui ne pourraient en saisir que des fragments et feraient de ces sublimes connaissances des armes de destruction et de malfaisance. »

Dès la plus haute antiquité, il y avait des mages et des hiérophantes qui étaient chargés du dépôt sacré d'une doctrine ésotérique qu'ils conservaient soigneusement cachée dans le fond des temples.
Cette doctrine contenait les principes immuables de la vérité éternelle qui allait former les bases de toutes les croyances spiritualistes et de la religion de tous les temps et de tous les peuples.

Notre croyance est donc aussi ancienne que le monde civilisé ; les variations et les éclipses qu'elle a subies ne sont que le résultat de la variabilité des civilisations.

 
Le pourquoi de la vie…