Le passage…

 

  La vie continue

   
   



Tout d'abord, les chairs secouées par les affres du cœur qui ne pouvait plus soutenir la vie physique ; une souffrance indicible envahit tout mon corps, depuis ma poitrine jusqu'à mon cerveau et depuis celui-ci jusqu'aux pieds, me faisant devenir folle. Tourmentée entre les idées de la "mort" affreuse que je craignais et l'anxiété causée par la "Vie" s'échappant sous le poids cruel du sang qui se refusait à irriguer les artères, les veines et les vaisseaux, je sentis que j'allais tomber…
J'ai réuni toutes mes forces qui s'en allaient rapidement en m'abandonnant de façon pitoyable et j'essayais de résister à la violence de la douleur qui me déchirait tout entière. Je n'ai pu que pousser des cris désespérés…
J'éprouvais la sensation qu'une puissante main de fer me déchirait le cœur ; en plus de l'agonie que je suis incapable de décrire, je sentais que la vie s'enfuyait rapidement, en me faisant m'évanouir sans, cependant, faire cesser la douleur épouvantable qui allait me tenir si longtemps dans un état d'angoisse sombre et inquiétant.
Je ne pourrais pas préciser le temps que dura mon évanouissement. Je garde encore l'impression que, tout autour de moi, un tourbillon m'entraînait me faisant éprouver la sensation de tomber dans un abîme
Tout d'un coup, comme si j'avais heurté le sol, je me réveillai en agonie, à tâtons dans les ténèbres, poussant des cris d'effroi…







Un froid de glace m'engourdissait lentement les membres inférieurs, menaçant de m'immobiliser.







Sans plus pouvoir raisonner, secouée par les vagues de cette mer de douleurs inconnues, j'aperçus une clarté incertaine, comme si l'aube touchait mes yeux. Je commençais alors à me rendre compte de l'endroit où je me trouvais…
Tout d'abord troubles et blêmes, les images devenaient peu à peu reconnaissables. Inquiète, je m'aperçus moi-même couchée sur mon propre lit, mais raide et pâle.
J'ai voulu me lever, marcher, courir, supplier qu'on m'aide ; mais j'étais paralysée, tenue par des liens puissants. La langue ne pouvait plus bouger. Le cerveau me semblait dévoré par des flammes crépitantes. Les yeux, fermés, se refusaient à regarder la lumière. Pourtant, je "voyais" tout et j'accompagnais les mouvements extérieurs. Les larmes coulaient sur mes joues en les brûlant…







De loin, il me semblait venir des sons assourdis. Malgré mes yeux "fermés", je "vis" que des gens pleuraient.
Attirée pas ces circonstances, j'ai voulu soulever mon corps ; je me sentis alors, sortir de la gaine de chair et je pus me voir. Je me trouvais couchée dans le cercueil et, en même temps, debout à côté de celui-ci. Je me palpais rapidement, désirant me sentir physiquement…
Je cherchais à me déployer et je m'aperçus que le froid terrible allait en disparaissant, en me détachant du poteau de la rigidité. Je fis quelques pas, vacillant un peu et, tout d'un coup, brilla dans ma pensée l'idée inattendue : n'étais-je pas morte, par hasard ? me demandai-je. Je me jetai rapidement sur mon corps, en essayant de le soulever pour échapper à cette pensée "ténébreuse" et me libérer de l'angoisse. Je n'ai pas réussi à le faire.
Les larmes recommencèrent à couler…
Non, ce n'était pas possible, me disai-je intérieurement, en essayant de me tranquilliser.
Je ne pouvais pas croire que j'étais morte… Je me sentais vivante : je gardais ma lucidité, je raisonnais, je souffrais… Je ne pouvais pas être morte. Au réveil, je prierai et je chercherai à effacer les souvenirs de ces moments de frayeur…
Je me sentis presque soulagée par ces raisonnements. Cependant, la réalité était tout autre…
Quand j'eus entouré mon corps de mes bras, je le sentis absolument froid et, bien que m'étant couchée sur lui, je ne pouvais plus m'y ajuster, m'y enfiler comme une main dans un gant… En m'efforçant de m'y introduire, je me rendis compte que ma volonté n'avait plus de prise sur lui…
Je compris, bien qu'en en refusant l'idée : j'étais "morte".
Ayant admis cette idée, je me trouvai en proie à une grande frayeur…







Je me suis surprise encore une fois, hors de mon corps, bien qu'attachée à lui par des forts liens qui m'empêchaient d'aller plus loin. J'éprouvai alors un soulagement nouveau et j'entendis qu'autour du cercueil, on priait doucement pour moi…



 

 

 

 
 
Le passage…