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Regarde
!
Comme les combattants antiques s'affrontaient dans le choc
de glaives qui, brillant au soleil, faisaient couler le
sang en arrêtant l'espoir, vos forces s'affrontent
Quelle guerre, enfant, peut s'accomplir sans que les corps
ne jonchent le sol, sans que le sang ne coule et sans que
la souffrance inhumaine ne broie les corps et les âmes,
sans que l'espoir ne s'effrite au choc des assauts et des
gestes meurtriers ?
Regarde !
Le ciel s'est obscurci
le vent souffle la tempête
horrible qui emporte et détruit ; tout tremble, et
la terre immobile attend terrifiée le choc de ces
deux géants qui s'affrontent sans merci.
Remonte le temps, enfant que nous aimons.
Regarde !
D'autres cieux se sont assombris, d'autres tempêtes
ont soufflé, et tandis que la terre grondait en creusant
ses précipices et en bouleversant les couches, près
d'une femme déchirée -mais humblement tendue
vers l'acceptation de son drame- tu pleurais la vie qui
s'enfuyait dans l'horreur des chairs écartelées
par le fer des clous, dans l'horreur des muscles déchirés
par le poids d'un corps rendu plus lourd encore par toute
la force lumineuse de sa vie
Tu as tant pleuré, enfant, et tes larmes à
travers le temps coulent encore et toujours pour toutes
les souffrances, pour toutes les détresses et encore
et toujours, tu vas, essayant d'arracher au gouffre ceux
qui virevoltent et papillonnent, inconscients et vides,
vides et vains, tendus vers le seul but égoïste
de vies à remplir au gré de leurs désirs,
de leurs attentes, de leurs fantasmes
Temps il est temps en vérité je te le dis,
que tout ceci s'arrête.
Nous jetons sur cette Terre les cendres du deuil
Les pleureuses se voilent la face et au-dessus de vous,
dans l'espace, les Esprits assemblés regardent et
pleurent
Nous t'entourons de lumière pour accompagner tes
pas. Ne souffre pas de cette fange où tu avances,
car nous t'avons donné la chance d'être près
de toi pour apaiser tous tes tourments. Ton temps est court
et il viendra enfin le jour où, débarrassée,
enfin purifiée du contact de ces souillures, tu pourras
aller vers les Purs qui tendent les mains et t'attendent.
Sèche tes larmes car nous veillons sur ton âme
que nous gonflons de réconfort et dont nous bénissons
les efforts.
Recompose, enfant ! Isole-toi de ce monde que tu ne peux
fuir et qui t'enserre comme le filet du gladiateur enserre
l'adversaire pour mieux le terrasser ; fuis ces réalités
pour te replonger au creux douillet de notre amour, de notre
lumière, de notre espoir.
Dans la solitude d'un jardin endormi, Jésus priait
près d'amis qui, insouciants et inconscients, ont
oublié en s'endormant. Comme Lui, veillant au jardin
des oliviers, cur déchiré et saignant,
tu es perdue au milieu de ce fumier
comme Lui, tu
es seule et tu pries et attends et espères
Tu espères que peut-être l'amour du Père
pourra t'épargner l'ennui et pourra sauver ta vie.
Non, être sacrifié, n'espère plus
cette pitié car ton destin est tracé et tu
seras crucifiée !
Regarde devant toi la colline abrupte aux pentes empierrées
rougies du sang qui a trop souvent coulé, qui a trop
longtemps coulé
Regarde ! Comme tu l'as vu déjà une fois au
détour d'un sentier dans un champ de repos, sa silhouette
blanche et lumineuse t'attend.
Regarde ses yeux de douceur
Regarde, enfant chérie, devant tes yeux éblouis,
le Maître, visage pur sous l'auréole lumineuse
de vibrations d'amour qui explosent comme le jour explose
pour chasser les ombres de la nuit
Visage pur
yeux d'azur pur
joyaux étincelants
qui te fixent avec la douceur extrême de l'amour offert,
offrande de son amour à celle qu'Il a chérie
et chérit encore et toujours
Sa main est douce sur la tienne, et son regard de tendresse
t'invite à continuer cette route difficile.
Allons enfant chérie, avance !
La route douloureuse de ton destin te conduit au Maître,
à sa présence, à son amour.
Lorsque tu pleures, Il pleure aussi ;
lorsque tu souffres, Il souffre aussi
Oublie les pierres, oublie la poussière, oublie les
tourmentes, avance !
Ses bras se sont tendus tant de fois pour te serrer sur
son cur plein de toi !
Alors, enfant chérie, sèche tes larmes.
Comme l'oiseau qui s'envole dans un effort puissant, ouvre
toutes grandes les ailes de l'amour pour aller plus loin
et plus haut sur ce chemin du calvaire qui est aujourd'hui
le tien.
Croix dressée au sommet d'une colline dans l'obscurité
grondante et dans la nuit épaisse des temps
Regarde, Marie-Madeleine, l'ombre de la croix est devenue
Lumière et Amour ; toi, inclinée à
Ses pieds
Sa main se tend, te relève et t'entraîne.
Va, enfant chérie, continue !
Sème encore et toujours dans ces terrains arides
que sont les âmes de ceux que nous avons conduits
jusqu'à toi.
Dans les profondeurs lointaines de ce Plan d'Au-delà
que peu encore peuvent pénétrer, des Esprits
se penchent et t'entourent et lorsque, désemparée,
tu souhaites accélérer ton pas pour arriver
plus vite au terme de ton dur chemin, à travers ce
calvaire difficile, eux comme Lui lèvent la main
pour arrêter ton pas, et Il tend la main pour réconforter
ton corps douloureux et ton cur déchiré
; Il ouvre les bras pour que, enfant toujours, tu puisses
te blottir sur sa poitrine pour te laisser bercer par le
bruit doux de son cur qui bat à l'unisson de
ta peine en chantant son amour.
Dans la longue robe de bure rêche qui le vêtait,
Il est là devant toi, mains tendues, et t'entraîne
sur le chemin rocailleux du paysage rouge et poudreux de
ces contrées lointaines dans l'espace et le temps
où vous avez fait ensemble ces découvertes
de paix, de lumière et d'amour. Il t'entraîne
pour grimper encore plus haut vers la Lumière qu'Il
te montre.
Regarde au loin !
tu as laissé la plaine couverte
de brume et les silhouettes des combattants s'estompent
dans le brouillard dense qui recouvre toutes choses, et
seul le bruit des glaives qui s'entrechoquent et les hurlements
de souffrance te renvoient l'écho d'une bataille
sans merci qui doit déboucher sur une issue de défaite
ou
de vie.
Nous sommes près de toi sans cesse, avance car Il
a pris ta main et même si ta tunique blanche se macule
aux flaques sanglantes du chemin, continue, grimpe et escalade
ce difficile versant de ta vie, car Il accompagne tes pas.
Non ! ne te retourne pas car tu souffrirais encore à
contempler tant de morts inutiles et stériles.
Au fond des gouffres, l'horreur s'amoncelle.
Toi, accroche-toi à l'aile lumineuse de l'espoir
et tu pourras enfin voir resplendir d'autres beautés,
mais est-il une autre beauté que son immense charité,
que ses yeux purs et lumineux, que la lumière de
son chemin, que la douceur de ses deux mains qui sans cesse
te portent et t'emportent ?
Regarde !
Il vient de fermer la porte sur le malheur et sur l'horreur
et vient d'ouvrir pour ton bonheur une baie large et blanche.
Au loin, sur la mer calmée, une voile se penche et
le bateau de ton destin va continuer son chemin, à
travers tourmentes et tempêtes, vers le havre où
tout s'arrête, où tout baigne dans l'Amour,
dans la joie et dans la Gloire de Dieu.
Et enfin, heureux, Il serrera ta main pour accompagner ton
destin vers des cieux pleins de pureté pour une vie
d'éternité
Courage, enfant très chère, courage !
Elles vont se tourner les pages, et de souffrance en chagrin,
tu arriveras à ce demain où ne vibrera plus
que sa Gloire
Le silence est pesant sur la Terre entière, et ce
soir, dans la prière que tu formuleras encore, alors
que près de toi tout dort, il y aura des mots d'amour
lancés pour tous, afin d'apaiser le courroux de Dieu
qui se penche, malheureux, et pleure en contemplant la destruction
des vies de cette Terre, Terre immobile, écrasée
par la nuit pendant que les espoirs s'enfuient,
et que, lentement, s'arrêtent les vies
Archange
Raphaël
médium : marcelle olivério
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«
Se repulen » : Ils se font beaux
de Goya.
Bibliothèque
nationale, Paris -1797-1798.
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