Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

25 juin 1984

   
   

Si nous contemplons le chemin par vous parcouru, que pouvons-nous apercevoir ?…
Un horizon de solitude et de désespoir que nos regards contemplent tristement, tristement, douloureusement ; un horizon où pourtant, de place en place, une pointe verte et fragile essaie de percer la masse caillouteuse et dure, la masse solide et craquelée de cette terre désolée et sinistre…

Des graines ont été semées… des graines ont pourri… quelques grains ont germé et ces grains qui ont germé poussent fragiles et délicats. Nous avons essayé de les entourer de toute la puissance de notre amour pour que la simple pousse devienne tige puis fleur merveilleuse, non seulement pour enchanter vos jours, mais encore pour embaumer les jours de ceux qui auraient pu s'approcher de vous, plus près, plus près encore, pour tendre la main pour recevoir leur part de cette manne céleste que nous avons largement dispensée sur vous et sur le fond de vos âmes…

 

Elles sont là ces forces, grondantes et terrifiantes, tapies, cachées…
Eussiez-vous tourné vos regards pendant que vous avanciez sur cette terre difficile, la peur eût été en vous et votre pas se serait fait plus pressé pour essayer d'échapper à cet horizon de drame et pour courir, courir et fuir vers ces coins bénis de Dieu où notre main se tendait dans un geste d'appel pour vous arracher à votre solitude et à votre horreur.

Combien de fois nos mains se sont tendues pour rattraper l'imprudent au bord de ce gouffre vertigineux où son pied mal assuré sur un rocher glissant, allait le faire chuter pour le détruire !…
Des mains se tendent… des gestes d'amour se font…
Nos gestes d'amour, attentifs, ont essuyé des larmes, apaisé des chagrins, mais aussi ont subjugué des révoltes, chassé des rancœurs, balayé des haines…
Nos mains tendues vous ont offert l'amour immense de nos sphères lumineuses et pures, les vibrations de force, de puissance, la Lumière radieuse qui, envahissant vos êtres, aurait pu nettoyer ces lambeaux obscurs et sinistres…
Nos mains se sont tendues pour se poser sur certaines lèvres pour arrêter des mots difficiles, pour ouvrir des yeux, pour arracher les boules qui fermaient des oreilles, pour faire cesser les battements de colère et de haine de certains cœurs que nous n'aurions voulu voir se gonfler que d'amour et de paix.
Nos mains se sont tendues pour dégager vos esprits, les dégager de leurs phantasmes, de leurs erreurs, de tous ces rêves fous qui n'étaient que rêves destructeurs et impossibles.
Nos mains se sont tendues armées d'un pinceau, d'une palette, pour brosser pour vous les teintes lumineuses et pures d'horizons merveilleux que nous aurions souhaité vous voir découvrir mais hélas, enfants, vous avez simplement daigné regarder puis, poussés toujours par cet orgueil et cette haine, vous avez détourné vos regards comme d'un objet trop dérangeant parce que trop pur, comme d'une lumière trop vive qui allait encore et encore brûler vos yeux qui, de nouveau, recommençaient à s'habituer à des ombres et à une obscurité qui petit à petit, peu à peu, lentement, vous enserraient, vous enfermaient comme dans une cellule obscure aux murs épais et glacés, suintant d'humidité et de crasse…

Jour après jour, nous avons suivi vos états d'âme bousculés, révoltés, haineux, inquiets, angoissés, curieux, attentifs ou… ironiques et jaloux.
Jour après jour, nous avons encouragé vos pas et applaudi au travail effectué, à vos élans, à vos gestes, ces gestes qui vous hissaient, vous hissaient vers des sommets de pureté et de joie mais, très vite, nos mains tremblantes devaient de nouveau se tendre, notre voix devait se faire entendre :
« Arrêtez !… Arrêtez, enfants très chers, arrêtez votre pas car la route est coupée, le précipice est là…
Nous avions planté sur votre chemin tant de pancartes annonçant le gouffre !…
Nous vous en supplions, arrêtez votre pas !… »

Souvenez-vous que le plus grand geste d'amour donné à l'autre est de savoir ralentir son pas pour rester au niveau de l'être faible, que le plus grand geste d'amour est de savoir adoucir le geste fait pour relever celui qui chancelle, que le plus pur geste d'amour est de savoir puiser dans sa sincérité affectueuse pour donner à l'ami qui, près de vous se perd, le conseil qui lui permettra d'élaguer les rameaux morts de son tronc encore vibrant de sève…

Souvenez-vous que le plus beau geste d'offrande est le geste qui viendra d'un cœur enfin purifié et débarrassé de ses voiles, de ses ombres ; le geste qui, définitivement, pourra puiser dans le seul trésor que l'on possède pour dispenser, dispenser encore, dispenser largement, à chaque pas de sa route, sans souci de savoir ce qui pourra rester pour enrichir encore sa propre vie.
Le geste désintéressé d'amour sera de donner et donner encore ces merveilleux éléments de vos vies…

Au fil du temps, nos cœurs ont battu au rythme de vos espoirs et de vos joies, se sont attristés au rythme de vos tristesses, ont souffert au rythme de vos souffrances.
Jour après jour pourtant, nos cœurs ont battu pour les vôtres sur un autre rythme qui, celui-là, scandait des hymnes d'amour et de joie, des hymnes de paix.
Jour après jour, nos voix ont prononcé des paroles d'encouragement, des paroles de tendresse, pour remplacer les paroles souvent méchantes et haineuses qui franchissaient vos lèvres.
Jour après jour nous avons dispensé la tendresse et l'amour alors que vous, sans comprendre, sans vouloir analyser, dispensiez agressivité et haine dans une presque jalousie qui nous désespérait.
Jour après jour, il nous a fallu de ces mêmes mains d'Amour, bénir, relever, puis reposer… et laisser partir…
Jour après jour, à travers les gestes négatifs de ces esprits que nous entourions pourtant d'amour et de force, des forces grondantes rampant sur le sol rougi et désert, se sont précipitées, appelées par des pensées trop noires, pour fondre et s'abattre sur des vies innocentes qui ont cessé d'être, et qui sont, ventail fermé sur un destin humain, devenues les portes ouvertes sur un autre destin pour des réincarnations à venir…

Des chiens hurlent à la mort parce que l'ombre de la mort plane, l'ombre d'une mort, assouvissement d'une haine qui, implacable, s'est exprimée dans une rancœur et une révolte qui nous désespèrent et qui nous navrent.
Les Humains sont ainsi faits que la haine qu'ils projettent sera toujours le pain de leurs jours tant que l'analyse en profondeur des faits ne pourra leur permettre d'ouvrir tout grands leurs yeux sur des réalités de pureté et d'amour, de sincérité et de loyauté…

Connaissez-vous, amis, la force puissante d'une pensée négative ?…

Des chiens hurlent à la mort… des bêtes aussi meurent…
Pauvres bêtes, pauvres éléments d'amour et de tendresse sacrifiés à la haine dans des souffrances que nous essayons d'endormir.
Pourquoi, allez-vous dire, la cruauté d'un Dieu qui laisse une main sinistre et noire s'abattre pour détruire une vie innocente ?…
Hélas, mille fois hélas ! Comme Dieu doit quelquefois laisser la violence des peuples s'exprimer dans des guerres qui ne voient que carnages et que meurtres, et qui ne voient que ruisseaux et rivières de sang, nous devons quelquefois, enfants, conseillés en cela par cette Volonté définitive et puissante qui est la ligne de conduite de nos jours et de nos actes, nous devons laisser s'abattre le couperet de la haine et de la destruction comme dans un symbole offert à l'être perdu dans ses ombres pour qu'il comprenne l'iniquité de ses gestes, et qu'il mesure l'horreur de la profondeur du gouffre où ses pas l'ont conduit.
Si des hurlements de douleur et d'horreur retentissent tragiquement sur votre Terre, si vos esprits s'apeurent, sachez, enfants, que pour nous, Esprits, qui souhai-terions tant ne pouvoir donner que des messages de joie et de paix, ces hurlements à la mort retentissent comme les échos de la détresse non seulement de l'être qui part, mais de la détresse de celui dont les gestes noirs, ces gestes qu'il aurait pu réprimer et réfréner, arrêter, ont conduit au drame…

Si le Ciel pleure sans cesse, c'est qu'il pleure sur le délabrement de vos vies et sur le peu de foi de vos âmes, sur la tristesse des gestes accomplis, sur le doute qui paralyse et empêche, sur les espoirs que l'on foule aux pieds, sur les attentes que l'on repousse, sur les nonchalances qui endorment, sur les mauvaises compréhensions des faits, sur les refus d'admettre, sur le manque d'amour dont vous faites preuve dans vos contacts journaliers.

Si le Ciel pleure, enfants, il pleure à travers l'amour donné, largement donné, car si le Ciel pleure, enfants, il ne pleure que sur vous…

Nous attendions tant de vous, enfants !
Nous ne demandons jamais le sacrifice définitif de vos vies pour un Plan que vous ne faites que soupçonner sans pouvoir l'atteindre ou le voir, nous ne faisons que vous demander le sacrifice des éléments futiles et stériles de vos vies, le sacrifice de vos phantasmes, de vos quêtes et de vos rêves troubles, de votre égoïsme, de votre paresse, de votre nonchalance, de votre jalousie exprimée… ou inexprimée, de votre violence affirmée… ou cachée, de votre rancœur, de votre révolte, de votre haine.
Si nous pleurons longuement comme pleuraient ces pleureuses antiques, c'est sans doute parce que quelquefois -trop souvent peut-être- nous assistons à l'enterrement d'un espoir ou d'une "lumière", et nous assistons à vos gestes fébriles pour faire remonter à la surface, des éléments que, pour notre part, nous avions essayé d'arracher de vous.
Et une lutte s'engage entre vos mains humaines, vos élans humains, et nos mains spirituelles et nos élans divins : nous, arrachant la crasse, et vous, resserrant contre vous ces éléments que vous jugez vous appartenir définitivement ; et dans ces moments, enfants, nous avons l'impression d'être les spectateurs assis dans un stade bondé, surpeuplé, des spectateurs qui assistent à la lutte acharnée de deux équipes, mains crispées sur une corde et qui tantôt arrachent quelques mètres, et qui tantôt perdent pied, pour se retrouver, pantelantes et brisées à la fin d'un combat où une équipe victorieuse, tellement épuisée, ne peut même plus réaliser le pas fait et le travail accompli.

Mais quel est l'enjeu, enfants ? Simplement la gloire et les honneurs ;
mais si, dans une autre lice, sur un autre ring, dans un autre stade, nos forces s'affrontent, l'enjeu ne sera pas un enjeu d'orgueil et d'honneur, mais il sera un enjeu de vie, un enjeu d'évolution, un enjeu de perfection, un enjeu de paix.
Nous avons accompli un travail de titan pour faire ouvrir les portes, pour repousser les barrières d'horizons trop obscurs et trop tristes, trop douloureux et trop dramatiques…
Nous avons partagé vos peines, vos souffrances, et pourtant, quels gestes sont les vôtres ?…
Allez-vous pouvoir comprendre et analyser sainement, analyser et comprendre définitivement, sans faute et sans erreurs ?…
Ne regardez pas au ras de la terre, enfants, au ras de la terre où tout stagne et tout croupit pour trouver la Lumière ; ne regardez au ras de la terre, au ras de cette terre où tout croupit et stagne que pour voir et voir encore le drame qui se joue et l'attente d'espoir qui se fait dans le silence de vies qui pourraient un jour s'arrêter et cesser.

Levez la tête et levez les yeux, enfants, et si ces yeux, un jour, acceptent de s'ouvrir tout grands pour contempler l'horizon que nous voulons vous montrer, vous découvrirez, amis très chers, une joie immense, une joie qui gonflera démesurément des cœurs qui, toute haine chassée, toute rancœur vomie, pourront devenir enfin l'écrin où sera déposé le joyau étincelant et lumineux de cette présence d'un Dieu qui n'en finira pas de vous bénir. Si ces cœurs s'ouvrent, enfants, ils recevront une offrande merveilleuse, et si vos esprits acceptent de comprendre, s'ils acceptent de se souvenir, ils pourront retrouver, pour les offrir, ces mots d'encouragement, ces mots de tendresse, ces mots d'amour qui, largement distribués et dispensés, pourront régénérer des êtres perdus et leur donner la force de balbutier, puis de dire, puis de crier :

« Gloire à Dieu !… »


Archange Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle…