Quand le Ciel parle…

…le Ciel pleure

 

6 juin 1986

   
   

Ciel rougeoyant qui s'étend sur l'infini d'une vie qui flotte dans un tourbillon de sable et de terre tandis que le silence, lentement, descend, écrase et enveloppe…

Les pas hasardeux de l'être indécis qui avance et qui va, le conduisent vers ces contrées lointaines où le ciel et la terre se fondent dans un nuage de sang et d'encre, impalpable mais puissant… Pas qui s'éloignent, tandis que le cœur de la terre vibre au rythme lancinant des échos de souffrance et de drame…
N'allez plus, enfants, sur ces chemins trop secs où vos vies immanquablement s'arrêteront, car la terre sèche et dure ne pourra plus vous offrir le coin doux et chaud où vous pourrez reposer vos corps las des gestes trop souvent refaits dans l'insouciance et dans la légèreté de vos élans…
Le sable fin et sec, brûlant, semble toujours solide sous les pieds qui se hasardent, et le voyageur émerveillé se plaît à contempler sans se lasser le vol tourbillonnant des oiseaux de proie qui tournoient, ballet sombre ou gris sur l'ocre de la terre, vol silencieux et puissant…
Les ailes s'étendent, et puissamment, fendent l'air lourd qui vibre comme un mirage…
Ballet d'encre et d'horreur !…
Mais l'être inattentif ne peut plus faire la différence entre la beauté et l'horreur…

Que ne regardez-vous, enfants perdus, la douceur de l'infini où pourtant les flèches noires sont comme autant de taches et comme autant de menaces ! Ne regardez plus le lointain sanglant de l'horizon vide de vie.
Le sable du désert recouvre lentement les traces de vos pas, et le vent qui se lève effacera bientôt jusqu'au souvenir du chemin.
Seuls et perdus, vous devrez avancer, yeux fixés sur le point que vous croyiez de vie, oasis au milieu des dunes, mais pourrez-vous l'atteindre ?

Le sable a coulé sous vos pas…
Non ! n'avancez plus !… Arrêtez !…
Hurlez de toute la force de vos poumons, de tout l'élan de vos cœurs, les noms de ceux qui sans cesse présents, ont tant de fois tendu les mains pour empêcher vos pas de vous conduire vers ces régions de drame et de mort…
Le sable doucement a roulé sous vos pas…
Vous vous enfoncez lentement, inconscients encore du sol qui se dérobe, et si le cri de vos cœurs ne monte pas dans le silence de mort de l'éternité des dunes d'or, vous pourrez bientôt atteindre le fond de l'horreur, car ce sol si chaud cédera sous vos pieds… Sables mouvants qui, comme la vague, enveloppent mais ne portent point.
Lentement, vous vous enfoncerez dans ce linceul trop chaud et le sable horrifiant envahira très vite vos poumons et vos yeux qui se fermeront sur le déclin de vies qui auraient pu être des vies de bonheur.

Ressaisissez-vous, il est temps ; la main de ceux qui vous aiment se tend encore et toujours vers vous, et le charognard qui plane au-dessus de l'immense champ de mort ne pourra pas venir déchiqueter vos corps abandonnés à l'or des sables car des mains puissantes vous auront arrachés, emportés vers les contrées bénies où, dans la tiédeur chantante des soirs, la vie renaît.
Pouvez-vous comprendre ? Pouvez-vous admettre ?
Vivre ou s'étioler, vivre ou s'éteindre… quel chemin allez-vous choisir ?…
Il y avait bien sûr le chemin qui traversait les dunes dorées… Par quel or avez-vous été attirés ?
L'or du sable qui glissait sous vos doigts crispés qui ne pouvaient s'accrocher à lui, ou l'or des soleils éblouissants qui se lèvent après la tourmente des nuits ?…
Où est votre choix ?
Nous avons longuement préparé pour vous un écrin de velours et y avons déposé la perle de nos espoirs. Saurez-vous tendre la main ?…

Le nid est chaud et douillet pour l'oiseau effaré qui constate tout à coup que la nuit a développé l'horreur en étendant le manteau de son ombre.
Saurez-vous, comme l'oisillon tremblant, retrouver le chemin de ce havre de paix ?
Nous tendons encore une fois la main sur vos fronts baissés pour y tracer, dans un geste triste, la croix de Celui qui pleure sans cesse sur l'Humain perdu qui pirouette et danse sur le cadavre de sa vie.
Que cette croix vous régénère, vous réconforte, vous purifie, afin que jamais plus nous n'ayons à vous dire et vous redire encore :
« Il suffit !… »

Puisse le jour se lever sur vos vies en vous apportant l'espoir et le bonheur de chanter dignement sa Gloire !…


archange Raphaël
médium : marcelle olivério
quand le Ciel parle…