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Tout
d'abord enthousiasmée par l'étude de cette
religion juive qui me semblait si différente, j'ai
dû me rendre à l'évidence : il me faudrait
chercher encore réponse à mon attente et à
mon espoir car je perçus très vite les limites
de cette religion qui me semblait ne contenir qu'une partie
des aspects réels d'une spiritualité que j'aspirais
à découvrir et que je ne pouvais, je le pressentais
sans pouvoir donner d'explications, dans l'immédiat,
atteindre.
C'est alors que je commençais à puiser dans
les richesses de la bibliothèque de la Faculté
des éléments de découvertes théoriques
troublantes et ignorées de moi : communications avec
les défunts, télépathie au moment de
la mort, survie de l'âme, etc... et je ressentais
un besoin d'aller plus loin, besoin tellement puissant qu'il
m'obligea très vite à arrêter ces quêtes
car je sentais que j'allais être entraînée
bien plus loin que je ne le souhaitais. Les choses en sont
restées là avec, bien entendu au fond de moi,
des pensées qui s'envolaient souvent avec insistance
vers ces vérités, pensées obsédantes
que, troublée mais déterminée, je réfrénais
immédiatement.
Le temps passa au rythme rapide de la vie qui se charge
daccaparer attention et efforts.
Intuitions, prémonitions, préconitions, clichés,
manifestations incompréhensibles se faisaient toujours,
mais comme en background, filigrane de jours qui semblaient
remplis dautres valeurs, jusquau jour où
je fus obligée, à mon corps défendant,
dassister à une "séance de spiritisme"
que le maître de maison voulait faire pour apporter
la preuve de la médiumnité de sa femme. A
sa grande colère, tous les contacts furent dirigés
uniquement et exclusivement vers moi, et à ses demandes
réitérées dun peu plus de sérieux
dans la communication, les Invisibles qui intervenaient
persistèrent dans leurs affirmations : jétais
apparemment la seule réelle médium à
les intéresser parmi les personnes présentes.
Insistance du maître de séance pour obtenir
une autre réponse plus satisfaisante pour son orgueil,
mais insistance également de ces Invisibles qui entendaient
remettre les choses à leur place en restant sur leur
position, en affirmant que leur manifestation nétait
motivée que par ma seule présence. La séance,
qui prenait un tour difficile, fut très vite interrompue
mais jétais dans un trouble immense et, dois-je
le dire, paniquée, car je sentais que lirréversible
était en train de se produire : depuis des années
javais conscience de lInvisible ; depuis des
années javais lutté de toute la force
de ma pensée positive pour repousser les évidences
de dons médiumniques puissants que je ne voulais
pas voir dominer ma vie ; depuis des années je refusais
farouchement de céder à cette sollicitation
de mon être profond, à ce besoin de découverte
de vérités que jespérais tout
en les redoutant, et il avait fallu que ce jour arrivât !
Cétait pourtant un soir de septembre chaud
et doux, et je ressentais encore en moi les vibrations intenses
de la nature et de lInfini qui prolongeaient en moi
la douceur dinstants ineffables où, attentif
à la moindre palpitation, on se sent apaisé
!
Et tout sest joué à cette heure imprécise
où lâme qui se cherche semble enfin sêtre
détachée de lattente douloureuse et
des questions qui torturent en croyant atteindre à
la vérité dans ces instants où lon
pense que Dieu a enfin entendu une prière et ouvre,
avec un sourire, les portes de la Paix
Après cette séance, les choses allèrent
très vite ; des manifestations se succédèrent
dans la grande maison que j'habitais : bruits, craquements,
grincements de porte, courants d'air dans des pièces
pourtant closes, bruits de pas dans les escaliers, subtils
parfums de fleurs, comme si les pièces étaient
remplies de bouquets
Puis commencèrent des manifestations différentes.
J'étais, un jour, en train de rédiger une
lettre pour le Centre des Impôts, et à ma grande
surprise, je me rendis compte, en la relisant, qu'une écriture
totalement différente de la mienne s'était
interposée, me donnant un message.
Ce message, que je jugeais fort beau, était intitulé :
Patience et Courage.
Je le soumets à votre appréciation :
« Tel suit son chemin qui sent ses pieds déchirés
par les ronces et les pierres,
Tel affronte la maladie qui sent son corps torturé
et blessé par les spasmes et la fièvre,
Tel affronte les dangers des tentations qui sent son âme
chavirer sous la vilenie,
Tel subit la calomnie qui déchiquette et dévore
et qui se sent perdu et désemparé,
Tel a à faire face à l'incompréhension
qui bloque et révolte et qui sent son cur saigner
dans l'impossibilité de se disculper,
Tel à affronter les terribles assauts de la jalousie
qui sent la lame pénétrer son être,
Tel a à vivre et qui se sent faible et désorienté.
A celui-là, en vérité je le dis :
patience et courage !
Car les pierres ne jonchent pas tous les chemins, et les
ronces ne déchireront pas toujours : les maladies
cèdent, la calomnie tombe et est foulée aux
pieds, l'incompréhension est chassée par la
lumière, les jalousies sont vaincues et la confiance
les expulse, la vie passera et le temps viendra où
la paix lumineuse, avec l'acceptation, fera briller les
ombres.
Le fardeau que tu portes est double : il est fait de ton
lot d'épreuves
cinglantes, lourdes, désespérantes,
mais il est fait aussi de promesses du bien et du meilleur,
de la clarté et de la lumière, de la bonté
et de l'amour. Alors puise en toi, et offre à ceux
que tu veux aider, la force mais aussi la patience et le
courage qui te porteront bien plus loin que tu ne crois,
plus loin et plus haut. »
Incompréhensible pour moi !
d'autant plus incompréhensible
que je ne me souvenais pas avoir écrit ces lignes
que je découvrais avec une stupeur mêlée
d'appréhension
Que signifiait tout ceci ?
Bien sûr, les mots
et les images parlaient à ma sensibilité,
mais ces mots et ces images étaient-ils le symbole
de mes jours à venir, tiraillés entre souffrance
et drames, joie et exaltation ?
Troublée, et dois-je le dire, effrayée, je
souhaitais que les choses en restassent là, mais
elles ne tardèrent pas à recommencer : messages,
poèmes, communications de la plus grande beauté,
de la plus belle veine, que j'étais impuissante à
juguler, car ma main ne m'appartenait plus, et aucune résistance
ne venait à bout de cette immixtion dans ma vie.
Je réagissais presque violemment à ces manifestations
pourtant pleines de douceur et de poésie qui m'inquiétaient
cependant terriblement, et je commençais à
ruer dans les brancards pour refuser cet inexplicable que
je n'acceptais pas.
Mais les messages se succédaient, m'expliquant que
j'étais médium, que j'aurai un jour un rôle
à jouer, rôle dont j'avais décidé
l'ampleur avant même de revenir sur Terre, qu'il ne
m'était pas possible de revenir sur l'engagement
spirituel que j'avais pris et qui devrait se réaliser
car le temps était venu d'accomplir cette uvre.
Il m'était dit que des gens -fort nombreux- viendraient
à moi pour être aidés, réconfortés
sauvés. Il m'était dit que j'aiderai ces êtres
en faisant renaître l'espoir, que je sauverai ces
vies !
Tableau exaltant d'une mission de valeur que je refusais
néanmoins car, jour après jour, je voyais
ma vie bouleversée et j'étais dans la terreur
de la découverte de ces puissances invisibles qui
dominaient mes jours.
Plus les choses se
précisaient, plus je réagissais, et je reçus
un jour un message m'expliquant qu'il était inutile
de résister car la puissance de mon action serait
proportionnelle à la puissance de mon refus.
Je compris alors d'autant plus vite qu'il me fallait changer
d'attitude, qu'au plus profond de mon désespoir et
de mon obstruction je reçus plusieurs messages dont
ces lignes signées par Victor Hugo, lignes offertes
pour balayer mes doutes, mes refus, mes reniements, car,
je l'avoue, j'en arrivais à me révolter contre
tout et
contre Dieu, me fermant à toute réflexion,
à toutes vérités
Voici ce message :
« La nuit a étendu sur la terre obscure
son voile léger et diaphane.
Les étoiles, sur le sol humide, brillent comme autant
de lumières, vibrent comme autant de souffles, et
semblent donner à la nuit plus de profondeur encore.
C'est l'heure intense et douce où l'âme éperdue,
tendue vers le sombre mystère qu'elle voudrait atteindre,
cherche Dieu et L'appelle.
Calme et sereine est la nuit
Les mille bruissements qui se font entendre semblent l'écho
d'une vie invisible et insoupçonnée qui pénètre
chacun jusqu'au cur d'une nostalgie terrible et délicieuse
à la fois.
Les yeux levés vers le ciel, l'Homme contemple l'obscur
Infini au-delà duquel il sait qu'il atteindra la
vérité et qu'il pourra contempler Dieu en
face
Regarde et espère.
Ton âme se trouble et dans ton cur la crainte
et l'espoir cohabitent.
Lumières de la nuit infinie, vous qui brillez là-haut,
faites que le ciel tout à coup s'illumine et s'éclaire.
Faites que nos yeux puissent deviner au-delà des
ténèbres, la lumière divine qui doit
réchauffer nos curs.
La nuit est sombre, la nuit est douce, et il semble que
l'on baigne dans une infinie tendresse, dans une douceur
tiède et légère qui nous enveloppe
subrepticement comme d'un voile diaphane.
Les yeux mi-clos, j'écoute
Que de bruits !
Je croyais la nuit silencieuse, mais je me rends compte
tout à coup, que la nuit vit, vibre, crépite,
chante, résonne de mille soupirs, de mille baisers,
de mille sanglots
J'écoute, et je ne sais si la peur ou la joie, si
la terreur ou le bonheur m'habitent.
J'ai l'impression qu'en tendant la main, je vais pouvoir
ouvrir les portes de l'Infini, mais je reste là,
immobile, et tout à coup, la tiédeur de la
nuit me glace : je me sens si petit, si faible ! Je suis
là sans force, comme aspiré dans l'immense
mouvement qui se fait et s'élance comme un appel
angoissé, et monte vers Dieu.
Dieu !
Je ne peux plus douter, je ne peux plus qu'ouvrir mon cur,
car tu es là, présent, immense, puissant,
terrible, et pourtant si bon, si doux, si tendre
Je m'incline ! Je baisse la tête ! Comment ai-je pu
un jour penser que je défierais Dieu ?
Je ne peux que m'incliner et dire : Pardon, Seigneur,
d'avoir douté ! La nuit est douce et tiède,
et les mille bruits que j'entends sont les voix de tes anges
Lève les yeux, toi qui as douté, et regarde,
au-delà du rideau sombre de la nuit, briller la lumière
de Dieu qui jette pour toi les milliers de perles de ses
étoiles, douces comme un message d'amour et d'espoir.
La nuit est douce et tiède, et mon cur calme
et apaisé rejoint par-delà la Terre, par-delà
l'obscurité, l'infinie tranquillité de l'amour
et de la vie.
Dieu veille, et je crois
»
A la lecture de ces lignes qui plongeaient au cur
de ma révolte, je compris très vite, bien
que bloquée dans ma compréhension et ma volonté,
que quelque chose de plus important que je l'estimais était
en train de se produire. Je compris qu'il était temps
de cesser de me rebeller et, tout de même dépassée
par les événements, j'essayais de m'adresser
à un prêtre avec l'espoir qu'il pourrait m'aider
à comprendre.
Loin de railler, il m'adressa à un groupe spirite
parisien qui, il le pensait, pourrait m'aider à affronter
tout cela.
Je pris donc immédiatement contact avec ce groupe.
Les médiums qui me reçurent m'écoutèrent
attentivement mais se déclarèrent impuissants
à m'aider car reconnaissant une médiumnité
qui les dépassait un peu ; ils m'adressèrent
à un autre groupe de Tours qui ne m'apporta pas d'autre
réponse que celle déjà reçue
: médiumnité importante qu'il me faudrait
accepter d'utiliser et de vivre
Mais comment le faire
?
« En travaillant ! » me répondait-on
Travailler, mais comment
et avec qui ?
Le temps passait et j'avais l'impression d'être totalement
abandonnée dans une solitude humaine désespérante.
Mais je fus heureusement aidée dans ma quête
par une parente résidant à Rio de Janeiro,
qui me mit en relation avec un Centre spirite de cette ville
dont les conseils et le travail à distance me firent
accepter de comprendre, puis de développer une médiumnité
qui m'a permis depuis, comme cela m'avait d'ailleurs été
prédit -ce que je niais à cette époque-
d'assister et d'aider bénévolement, des milliers
d'êtres désemparés, de sauver des milliers
de vies, d'éclairer des chemins trop difficiles.
Je continuerai d'ailleurs à le faire jusqu'à
mon dernier souffle car en ces périodes de crise
douloureuse, il nous faut plus que jamais être présents
dans l'abnégation la plus totale pour que des vies
puissent renaître.
Les groupes spirites brésiliens me firent découvrir
-c'est un comble ! - Allan Kardec dont j'entendais parler
pour la première fois.
Le Livre des Esprits fut ma première lecture et je
compris alors que mon attente n'avait pas été
vaine, que tous mes espoirs d'approfondissement des questions
spirituelles allaient commencer à s'accomplir, car
à la lecture de ces pages, je découvris ce
que j'attendais depuis si longtemps.
La puissante logique de ces lignes ouvrait pour moi une
porte sur un horizon lumineux, celui des vérités
enfin trouvées, celui de la découverte exaltante
des valeurs réelles, de la présence divine
dont j'avais fini par tant douter, la conscience d'une relation
qui pouvait s'établir réellement entre l'Humain
et le Divin ; je reçus les réponses que
j'attendais depuis si longtemps et qui élargissaient
jusqu'à l'infini lointain d'un Plan majeur jusque-là
inconnu de moi, le champ d'une découverte et d'un
constat qui transportaient dans un plan de valeur insoupçonnée
mon esprit ébloui.
Je découvrais le Spiritisme dans sa vérité,
non ce Spiritisme de bas niveau qui n'est qu'une image que
l'on se plaît à garder sans vouloir admettre
que ces premiers contacts à travers les tables tournantes
avaient, en fait, abouti à la découverte d'une
philosophie de valeur, mais je fis la découverte
de cette philosophie qui allait pouvoir, « présenter
de façon non religieuse le message chrétien
aux hommes désormais non religieux car le monde est
devenu "majeur" et il a besoin d'un christianisme
sans religion où Dieu ne paraît pas comme une
réponse à la faiblesse de l'homme. Le christianisme
conventionnel est fini, ainsi que la théologie qui
lui était étroitement liée. »
Alain Woodrow
Mais,
je crois qu'il convient de faire une digression pour découvrir
ce Spiritisme décrié et honni parce qu'inconnu,
car on a trop souvent tendance à négliger
le côté élevé du Spiritisme,
pour se cantonner dans la recherche exclusive du phénomène
physique.
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sa vie, son uvre
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